Ce que je vois dans la rue
La poésie a changé
Elle n'est plus que sonorité
Plus de rimes, plus de vers
Je ne vois que la misère
So-no-ri-té
Quel mot étrange
Il n'a aucun sens
Il n'est que son
Comment faire parler le lyrisme ?
Serait-ce par des phrases proustiennes, où les mots s'engouffrent, forment des torrents, font des cascades, noient le lecteur qui, innocemment s'y était attaqué, s'y était immergé et qui maintenant pleure, ses larmes rejoignant le flot ininterrompu de mots ; ou serait-ce ce massif montagneux, lexique sans fin de la langue française qui, telle la montagne, reste en place, un bloc de granit, et qui bouge que très peu, qui dissipe les nuages et la brume – voilà pourquoi les jeunes font des fautes d'orthographe, ils n'appartiennent plus à la temporalité de cette montagne - ; ou manque-t-il quelque chose à la langue française qui a perdu sa sonorité, sonorité qui tente d'être récupérée par les poètes, peut-elle encore être chantée ?
Est-ce ça la lyrique ?
Je lis de nouvelles formes de poésie
Mettant à mal les alexandrins
Ces vils ennemis, qui sont déclamés en vain
Quelle hérésie !
So-no-ri-té
La poésie a vieilli
Mise à nue
L'ingénue
Devant nos yeux pervers
Elle perd ses vers
Elle n'est plus mots
Elle devient sons
Ses sons sont sans signification
Ô douleur, quels sont ces serpents qui sifflent sur ma tête ?
Douleur de l'esthète, douleur du poète.
Elle s'en va nue dans la rue
Vidée des mots, l'ingénue
Et nos yeux pervers
Violent ce qui reste de ses pauvres vers
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