La folle folie du temps perdu à se croire ailleurs. L’expression est ailleurs, les larmes sont ailleurs, et tes mots ricochent, mais ta main est là ; bizarre. C’est comme la douleur mais à l’envers. Je crois que je ne le perçois que quand je meurs mais tu es là. À un certain point, ensemble, irréconciliable fusion.

Je suis démente, et le monde à feu et à sang se refuse à moi. Il faut les mots sur une paroi qui n'est accessible, qui brûle, qui brûle. Il faut, dans tes yeux, que tu sentes. Il me faut ta parole, il me faut ta foi. Il faut que j’écoute, que je sente cette pulsation du sang tourment. Parfait ; parfaite expression de toi, qu’elle soit fausse, qu’elle soit maudite et dissonante, il faut que tu sois irréelle, il faut que ce soit commun comme con. Quelle stupide feuille de route, je n’ai jamais voulu ça.

Et pourtant nous voilà sur cette pente aux couleurs mélangées d’un arc en ciel déchiré. Elles n’ont jamais été tes teintes ; t’es tue ? Parle, je t’en prie, obstinée, il le faut, s’il-te-plaît. Dis-moi ces choses au goût fin du monde, raconte-moi ces sommets qui t’entêtent. Car si l’on ne peut se retrouver en chemin, que nos regards s'enlacent au moins sur ces cimes.

Mais ta main est là. Capricieuse cacophonie des cœurs,

qui court dans la brèche ? Comment, comment toucher ta paume qui prend la mienne ? Sur quel plan es-tu, et de quel monde es-tu l’émissaire ? Je m’enfonce en cercles aux confins de ta peau. En creux je t’y trouve. Car c’est fou, puis c’est ici.

Ces gestes sont précieusement tiens. Et si je n’en perçois rien, si je suis étouffée du bruit des choses, si l’obscurité se fait tombeau, alors j’aurais frôlé le divin dans l’espace où tu as écouté mes remous.