Chapitre 1

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Je suis assis sur le banc. C'est le printemps. Il fait beau, l'air est doux, le soleil est haut dans le ciel : il est midi.

Je ne suis pas allé au boulot ce matin. Je n'avais pas la tête à ça.

En fait, ma petite amie est décédée il y a tout juste 5 mois et...avant de mourir elle m'a trompée. Elle a couchée avec mon voisin pendant que j'étais au travail. Et dire que la maison du voisin est juste en face de la notre. A quelques mètres seulement.

Depuis ma vie se résume à faire des allés-retours de chez moi à ce banc. La tête à la fois vide et pleine. Les souvenirs me harcèlent. Son sourire, qui semblait si sincère, est ancré dans ma tête. Et je ne sais toujours pas si je dois être triste ou heureux qu'elle ne sois plus là. Je sais juste qu'elle me manque...

Je sors mes écouteurs et mon portable de ma poche. Faut que je remplisse vite ma tête d'autre chose qu'elle. Je m'apprête à les placer dans mes oreilles quand une musique lointaine se fait entendre. Je me tourne vers ce son qui semble être celui d'une guitare. C'est un jeune homme qui joue sur la pelouse un peu plus loin. Il est plutôt grand, chatain, yeux noir, l'air viril, un sweat gris et jeans noir pour finir le tableau. Un beau garçon quoi. Mais il chante? Et très bien d'ailleurs. Lui ,il doit avoir du succès avec les filles...

Attiré, je m'approche doucement pour ne pas le déranger. Mais il me repère et stop son chant. Je m'excuse :

"-Pardon je ne voulais pas te couper. Je peux m'asseoir ici?

-C'est un lieu public.

-Merci."

Il reprend. Moi je m'assois en tailleur et ferme les yeux. C'est si doux. Si mélancolique, ça me fait me souvenir des bons moments... Moi je l'aimais de tout mon coeur. J'aurais tué pour elle. Mais j'étais tellement naïf en fait. Elle m'a trompée sans penser une seconde à la souffrance que j'allais endurer. Mais quand même...elle ne méritait pas de mourir pour ça.

Une larme m'échappe. Je l'essuie vite avec ma manche. Surpris, le jeune homme s'arrête et me demande:

"-Tout va bien?

-O-oui.

-T'es sûr?"

Je n'ose plus répondre. De peur d'éclater en sanglot je serre mes lèvres. Il se rapproche et il se remet à chanter. Mais cette fois c'est une berceuse. Une comptine qui raconte l'histoire d'un petit oisillon perdu. Il n'a plus de famille, ni d'ami et il fini noyé dans un ruisseau. Sans avoir vécu pleinement sa vie. Sans avoir reçu d'amour. C'est si triste pour une chanson destinée aux enfants... Il se stop finalement et me dit tout bas :

"-Tu sais, quand j'imagine ce petit oiseau il a les même yeux que toi.

-Vraiment...?

-Oui. Tu as l'air si triste..."

Je lui répond sèchement :

"-Ma copine m'a trompée, puis elle c'est faite renverser par une voiture.

-Oh mon dieu... Elle a survécu?

-Non.

-Je sui désolé, vraiment.

-Et moi je ne sais pas si je dois l'être.

-Je vois... Je comprends alors pourquoi tu as l'air de tant souffrir."

Il pose sa main sur mon épaule et rajoute :

"-La mienne aussi m'a trompée, avec un ami, celui qui nous a présenté.

-Désolé.

-Je les ai frappé. Lui...et elle.

-Tu n'aurais pas dû...

-Je suis trop impulsif. C'est aussi pour ça qu'elle est partie. Mais bon, finalement elle a trouvé un héros. Son héros. Et moi j'ai l'impression d'être un monstre.

-Tu n'as pas l'air d'un monstre.

-...les monstres prennent des formes différentes."

Mon cœur se serre. Lui aussi à l'air très seul et plein de regrets... Et je pense que partager notre solitude pourra nous faire du bien. Alors, pris d'un courage que je ne me connaissait pas, je lui demande :

"-Heu c'est peut être un peu bizarre comme demande, mais ça te dis d'aller manger un morceau?

-Pourquoi pas. J'avais rien prévu aujourd'hui de toute façon.

-Moi non plus..."

Un léger sourire apparu au coin de ses lèvres. Il disparu aussi vite qu'il était arrivé. Nous marchons lentement vers le premier snack venu. Les yeux baissés. Silencieux. L'air est pesant. J'espère que ça s'arrangera une fois là bas.

Nous voilà à la caisse. Une jeune femme nous salue avec un grand sourire :

"Bonjour!"

Je répond à son salut et commande :

"Bonjour, je voudrais un menu médium hamburger-frites s'il vous plaît."

Le jeune guitariste enchaîne juste après moi :

"-Pareil pour moi.

-Ce sera tout messieurs?

-Oui merci.

-D'accord!"

Elle s'éloigne un moment, alors mon nouvel "ami" me dit :

"-Elle a de beau cheveux.

-Bof. J'ai jamais aimé les blondes.

-Ah.

-Quoi?

-Non rien."

Il a l'air bizarre d'un coup. On s'installe et on entame nos burgers. Après quelques secondes de silence, il me dit en riant nerveusement :

"-Au fait, je sais même pas comment tu t'appelles!

-Erwan et toi?

-Bruce."

Son visage s'illumine d'un sourire magnifique. J'avoue qu'il est très beau...

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