32. Les séduisantes Normandes

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Einar

Quelle divine sensation de la sentir ainsi pressée contre moi, ses bras enroulés autour de ma nuque, ses lèvres collées aux miennes et cette langue qui s'amuse à fuir la mienne. Je la presse contre le mur de la cuisine et me délecte de la sensation de sa poitrine contre mon torse tandis que mes mains parcourent son dos et ses fesses. Elle a les yeux fermés et semble être sur un nuage alors que je garde les miens ouverts pour inscrire au fond de moi cette vision qui me ravit à chaque fois que nous renouvelons cette expérience à laquelle nous nous adonnons depuis une semaine.

Le jeu est excitant et très frustrant pour moi. Depuis qu'elle est venue me retrouver dans mon lit et me réveiller par un baiser ce premier soir, elle fait monter la température par des étreintes sensuelles où nos bouches se découvrent et se retrouvent, où mes mains commencent à dévoiler ses superbes courbes… mais la jolie brune s'écarte et s'enfuit dès que je me montre plus entreprenant. C'est surtout vrai lorsqu'elle se glisse dans mon lit et que ma nudité ne fait rien pour cacher l'excitation qu'elle crée chez moi. Quand elle se mordille la lèvre en jetant un œil à mon membre dressé, quand elle l'effleure du bout de ses doigts, je lutte contre mes instincts primitifs qui me donnent envie de m'empaler en elle, de gré ou de force. Je crois qu'elle ne me repousserait pas, je suis convaincu que je pourrais lui procurer beaucoup de plaisir mais je sais aussi, connaissant son caractère, qu'elle m'en voudrait de ne pas respecter son rythme.

Je me contente donc, comme à ce moment précis, d'essayer de lui donner envie de franchir le pas en pressant mon érection contre elle tout en dévorant ses lèvres. Lorsqu'elle finit par me repousser, elle a le souffle court, ses seins pointent visiblement sous le tissu et elle reprend ce petit mordillement de sa lèvre que j'ai appris à interpréter comme un signe visible de sa grande excitation. Je me dis qu'elle va enfin m'inviter à aller plus loin et concrétiser tout ce désir qui nous enflamme, j'admire le renflement de sa poitrine se soulever quand elle prend une grande respiration et je m'apprête à lui ôter sa robe quand sa main se pose fermement sur mon torse pour me repousser.

— Il faut que je retourne… Enfin, je dois aller travailler…

— Tu es si belle, essayé-je de dire en lui volant un nouveau baiser avant qu'elle ne fasse un autre pas de côté pour s'éloigner. Ça te dit d'aller chercher le lait à la ferme avec moi tout à l'heure ? ajouté-je en comprenant qu'une nouvelle fois, nous n'irons pas plus loin que ces baisers relativement chastes si on oublie l'état d'excitation dans lequel ils nous ont mis.

— D’accord. Je ne dis jamais non à une petite sortie, sourit-elle, les joues rosies.

La belle jeune femme se met sur la pointe des pieds et dépose un dernier baiser sur mes lèvres puis se recule non sans avoir laissé traîner sa main de ma joue barbue à mon torse, ne s'arrêtant qu'à quelques centimètres de la bosse dans mes braies. Je grogne et m'apprête à la plaquer à nouveau contre le mur mais elle s'échappe en courant, un sourire enchanteur aux lèvres. Une vraie sorcière qui m'a totalement envoûté.

Je réajuste mes braies et me dirige vers la chambre où est installé mon frère qui m'accueille toujours alité mais avec une bonne mine qui me rassure chaque jour davantage sur son état de santé. Je m’approche de lui et m’assois à ses côtés, ravi de voir qu’il sourit légèrement.

— Eh bien, ce sourire est inattendu. Tu vas mieux ?

— Hum… Je vais, dirons-nous. Je n’en peux plus d’être enfermé. Je vois que toi, ça va vraiment mieux…

— Tu crois que tu pourrais te lever ou tu es encore trop faible ? Les camarades t’attendent pour leur prochaine expédition mais je leur ai dit soit de patienter, soit d’y aller sans toi. Même remis, tu n’es pas prêt à guerroyer.

— Je suis incapable de me lever, grommelle-t-il. Ça me tue, j’ai l’impression d’être un infirme.

— Tu te remets vite et déjà, tu es en vie, c’est pas mal, non ? Si ça continue comme ça, tu seras pleinement remis avant la prochaine lune. Je trouve ça miraculeux, moi, vu l’odeur des remèdes de la guérisseuse.

— M’en parle pas, j’ai l’impression d’avoir l’odeur incrustée dans le nez à vie. Il n’empêche que j’ai besoin de bouger, je vais devenir fou, couché et incapable de faire quoi que ce soit.

— Je vais demander à Cnut de nous préparer une petite expédition pour te faire faire un tour dans la campagne environnante. Avec un brancard pour toi, ça devrait aller. Tu as raison, ça fera du bien de t’aérer un peu ! m’esclaffé-je en ouvrant la fenêtre. Tu as besoin de quelque chose ou je peux aller travailler ? Ce n’est pas en restant ici que la ferme sera gérée ! Si on ne veut pas rentrer les mains vides, il faut bien qu’il y en ait un de nous deux qui se démène.

— Je n’ai pas envie que tout le monde me voie sur un brancard, Einar. Qu’ils me sachent blessé est une chose, qu’il me voient, c’est pire. Va bosser, oui, mais tu devrais envisager de mener la prochaine sortie pour aller piller.

— Oui, oui, dis-je rapidement avant de sortir. A plus tard, mon frère, je repasse te voir dès que j’ai un instant de libre.

Je referme la porte et me dis que s’il y a bien une chose que je n’ai pas envie de faire, c’est d’aller piller. Moi, tout ce dont j’ai envie, là, c’est de passer du temps avec Clothilde que je rejoins en cuisine pour lui signifier qu’il est l’heure d’aller à la ferme. Elle enfile un châle vert en laine sur ses épaules avec une grâce presque surnaturelle et nous prenons le sentier qui part dans la forêt. A peine sommes-nous hors de vue du château que je la saisis par les hanches et la serre contre moi pour un nouveau baiser qui nous fait un bien fou. Je suis en train de devenir gaga, on dirait, mais nous passons tout le chemin à nous bécoter et à nous caresser.

Quand nous arrivons à la ferme, je l'observe remettre de l'ordre dans ses vêtements et nous terminons notre promenade en gardant une saine distance. Je suis content de retrouver Runolf qui nous accueille avec un grand sourire. On peut dire que l'amour lui réussit.

— Eh bien, on dirait que tout va pour le mieux ici ! le chambré-je en lui donnant une accolade.

— La vie est belle, mon ami, que veux-tu ! Je suis content de te voir en forme. Comment vas-tu ?

— Comme toi, je crois que j'ai trouvé une raison de sourire à la vie, soupiré-je en jetant un œil à Clothilde qui s'éloigne avec Marguerite. Tout va bien, ici ? Tu n’as toujours pas besoin de plus d'aide ?

— Eh bien, on ne dirait jamais non à plus de bras, mais on tient le coup, ici. Alors, la petite Clothilde ? sourit-il.

Mince, il m'a grillé ? Je suis donc si peu discret que ça ? J'essaie de rester impassible mais j'ai le sentiment que je suis transparent dans mes émotions envers la jolie brune qui m'a accompagné.

— Rien de particulier. Disons qu'on apprend à se connaître. Elle reste un peu… farouche, on va dire.

— Elle est jeune et chrétienne, que veux-tu ! Heureusement que ma petite Marguerite a un peu tourné le dos à son Dieu, rit-il. Il faut que je te parle de quelque chose, Einar… Je crois que je vais rester ici.

Je hausse les sourcils et le détaille avant de répondre pour savoir s'il se moque de moi.

— Pourquoi tu ne veux plus revenir au château ? Il y a quelqu'un qui te menace ? Tu sais que je te protégerais si c'était le cas.

— Non, tu ne comprends pas Einar. Je pense rester en Francie. Marguerite… Marguerite porte mon enfant, tu comprends ?

— Ton enfant ? Ne me dis pas que tu l'as engrossée ? C'est quoi, cette histoire ?

— C’est le risque de prendre son pied tous les jours, que veux-tu ! Mais… ça me va, je suis fou d’elle, tu sais ? Je vais devenir père, c’est fabuleux !

Je l'observe, un peu hébété, et il s'amuse de me voir aussi stupéfait de sa nouvelle.

— Félicitations alors… Enfin, je crois. Mais pourquoi rester ici ? Tu ne veux pas rentrer avec elle ? Tu vas faire comment une fois qu'on sera partis ?

— Je ne suis pas sûr de vouloir embarquer Marguerite, enceinte, sur un drakkar… Et puis, c’est plutôt pas mal ici, non ?

— Tant qu’on est là, oui, mais tu vas faire comment pour te défendre une fois qu’on sera tous repartis ? Je sais bien que tu n’as pas vraiment de famille chez nous, mais… tu vas me manquer, tu sais ?

— Eh bien, je ne te savais pas aussi sentimental, l’ami ! rit-il. Je survivrai, on se débrouillera.

— Tu m’inquiètes, Runolf. Tu ne parles même pas la langue d’ici ! Enfin, presque pas !

— J’apprends ! Et puis, tu sais bien que se battre, voler les autres, ce n’est pas vraiment ce que j’aime. Honnêtement, m’installer ici, cultiver la terre, faire plein d’enfants à Marguerite, ça me plaît bien comme projet.

— Plein d’enfants ? pouffé-je. Tu sais qu’il y a autre chose que le sexe dans la vie ? Moi, ce que j’en dis, c’est qu’il faut que tu réfléchisses. Je n’ai pas envie de te laisser ici pour que tu te fasses tuer par un de ces Normands en quête de revanche.

— Je ne te parle pas de sexe, Einar, même si pour faire des enfants, il faut bien y passer et j’adore ça. Je te parle de descendance, d’amour… et je crois que Marguerite est vraiment la femme qu’il me faut.

— Ravi que tu aies trouvé ton bonheur, j’espère que ça m’arrivera à moi aussi, un jour.

Au moment où je prononce ces mots, Clothilde apparaît. Un signe du destin ? Peut-être. En tout cas, même si je ne sais pas si c’est la femme qu’il me faut, c’est vraiment la femme que je désire. Et même si je suis un peu jaloux de Runolf pour son bonheur si clairement affiché, je reste convaincu que peut-être que moi aussi, je vais me laisser tenter par une jolie Normande.

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