38. De la colère au plaisir
Einar
Elle est désolée ? C’est tout ce qu’elle trouve à me dire ? Elle est folle d’être venue ici ! Je lui ai dit de se cacher, de faire attention à mon frère et tout ce qu’elle trouve à faire, c’est venir ici pour lui parler ? Elle se moque de moi, ce n’est pas possible autrement ! Pas étonnant qu’il ait tenté de lui sauter dessus ! Franchement, quand je l’ai vue dans ses bras, mon sang n’a fait qu’un tour. J’ai d’abord cru qu’elle se donnait volontairement à lui mais j’ai vite compris qu’elle était prise au piège, plutôt. Et je suis intervenu sans réfléchir. Non seulement je l’ai engueulé pour son manque de respect mais je lui ai rappelé qu’il était le chef ici et qu’il avait autre chose à faire que de trousser une paysanne, surtout qu’il aura tout le temps de le faire en rentrant à la maison. J’ai bien cru que tout ça allait être en vain, mais à mon grand plaisir, il a fini par céder et à partir. Cet épisode ne fera en tout cas rien pour lui faire oublier Clothilde qui me regarde toujours avec ce petit air désolé.
— Tu fais quoi, ici ? Tu n’as pas compris que mon frère est fou ? l’apostrophé-je.
— Je… je pensais pouvoir l’éviter. Je l’imaginais plus affaibli, en vérité.
— C’est un Viking, tu sais bien qu’on est résistants ! Pourquoi es-tu là ? Il y a un problème à la ferme ? Je n’en reviens pas que tu m’aies désobéi ! Tu te rends compte que mon frère n’allait pas s’arrêter là ? Si je n’étais pas intervenu…
Je m’arrête là, trop énervé pour continuer. Et trop horrifié aussi à l’idée de ce qui aurait pu arriver à Clothilde.
— Tu ne viens plus à la ferme, chuchote-t-elle en détournant le regard. Vous allez bientôt partir et… tu ne viens plus.
— Je viens autant que possible… Bjorn m’occupe bien aussi par ailleurs, tu sais. Mais c’est quoi le rapport ? demandé-je, surpris de sa réponse.
— Est-ce que tu cherches à m’éviter ?
Je la regarde, si mignonne devant moi, sans comprendre. Comment peut-elle penser ça ? Bon, c’est vrai que j’ai un peu évité de venir pour ne pas céder à la tentation, mais je ne mens pas en disant que mon frère m’a donné tellement de missions que j’ai eu du mal à me libérer.
— Pourquoi tu dis ça ? Je… non, du tout ! affirmé-je avec force. Mais ce n’est pas prudent de venir tout le temps te voir, non plus.
— D’accord… Eh bien, j’imagine que mon envie de te voir a surpassé toute prudence, poursuit-elle en approchant. Je n’ai pas réfléchi, je voulais juste… te voir.
Bon sang, mon cœur fond quand elle dit ça. Surtout avec ce petit air un peu mutin qui me fait perdre tous mes moyens.
— Tu veux dire que tu as pris tous ces risques pour me voir ? Mais… tu es folle ! dis-je en essayant d’apparaître en colère sans y arriver.
— Tu devrais être flatté plutôt qu’en colère, le Viking. Je prends tous les risques pour un de tes baisers, sourit-elle en se collant contre moi.
— J’ai eu tellement peur, avoué-je en l’enlaçant. Tu te rends compte que si je n’étais pas passé, c’est mon frère qui t’aurait volé un baiser ? Et plus, c’est sûr.
— Il aurait sans doute fini à genoux avec une douleur insupportable entre les jambes s’il avait osé… Vous perdez tous vos réflexes quand une femme vous touche, sourit-elle en m’embrassant au coin des lèvres.
— Je suis content de te voir, tu sais ? lui chuchoté-je à l’oreille avant de l’embrasser de manière plus assurée.
— Moi aussi, je suis contente. Tu me manquais, je crois… Retrouver ma famille est génial, mais j’aime aussi être Clothilde, juste Clothilde, et il n’y a qu’avec toi que c’est possible.
Cette femme est vraiment exceptionnelle. On dirait qu’elle connait toutes mes faiblesses et que je suis incapable de lui résister.
— Viens, on va s’éloigner d’ici avant qu’un autre Viking te tombe dessus. Tu connais un coin tranquille où on peut aller avant que je te ramène à la ferme ?
— Le bord de la rivière de l’autre soir ? Ou… je ne sais pas, où tu veux, Einar, peu m’importe.
— Allez viens, je te kidnappe, ris-je en la soulevant dans mes bras pour l’embrasser à nouveau.
Je repose Clothilde et lui prends la main avant d’ouvrir à nouveau la porte. Je m’assure que la route est libre avant de l’entraîner à ma suite pour sortir rapidement du château. J’ai l’impression que nous sommes deux adolescents qui s’enfuient loin de leurs parents, mais je m’en moque et je crois qu’elle aussi, vu le rouge qui monte à ses joues lorsque je la soulève dans mes bras pour l’attirer contre moi alors qu’on revient devant cette rivière qui nous a tant enchantés la dernière fois. Je m’installe contre un arbre et elle vient immédiatement me chevaucher.
— Finalement, tu as bien fait d’être folle, jolie Clothilde. J’aime te sentir ainsi contre moi. Je crois que je suis déjà dans le Valhalla.
— Voilà quelque chose qu’on ne peut pas faire à la ferme, soupire-t-elle en m’embrassant dans le cou, ses mains glissant sous ma chemise pour caresser mon ventre.
— Tu n’aurais pas dû prendre tous ces risques… Je n’en reviens pas que tu aies tenté le diable comme ça, dis-je en passant ma main dans sa belle chevelure.
— Tu sais bien que j’aime désobéir, rit-elle. Et puis, ça en valait la peine. Je sais que j’ai imposé une certaine distance, mais… vous partez bientôt, j’ai envie de profiter avec toi.
— C’est vrai que notre départ approche, soupiré-je. Je… Il faut que je me débrouille pour venir tous les soirs… même si ça rendra la séparation encore plus compliquée…
— On pourrait se retrouver ici une fois le soleil couché ? Comme ça, personne ne pourra nous surprendre ou nous surveiller…
— Eh bien, tu veux que je fasse comme toi et désobéisse ? ris-je alors qu’elle commence à défaire les boutons de ma chemise. On dirait que le décor t’inspire des pensées pas raisonnables, jolie Clothilde.
— J’ai envie de sentir ta peau contre la mienne, Einar. Je… je ne pense qu’à ça, qu’à tes baisers, qu’à toi et moi, toute la journée.
— Moi aussi, je ne pense qu’à ça.
Je délace sa robe et la fais glisser le long de ses épaules que je dénude avec plaisir. Impatiente, elle m’aide et s’écarte un peu pour la faire glisser et dévoiler le reste de son corps. Je vois avec plaisir apparaître sa poitrine et ses magnifiques seins, puis son joli ventre blanc. La coquine ne s’arrête pas là et s’en débarrasse en se relevant devant moi. Elle ôte aussi son jupon avant de me regarder, finalement un peu gênée par son attitude. Je la rassure en posant mes mains sur ses fesses nues pour l’attirer contre moi. Mon visage est juste devant sa toison et je relève la tête pour admirer la vue sur son visage éclairé par les étoiles de cette nuit sans nuage. Ses tétons sont dressés et je me demande comment je vais faire pour résister à la tentation qu’elle représente.
Ses doigts passent le long de ma barbe puis glissent contre ma nuque et, un peu hésitante, elle exerce une douce pression que je prends comme une invitation. J’ai la joie de respirer l’odeur de son excitation avant de poser mes lèvres sur le bas de son ventre. Elle se cambre et frémit encore plus lorsque ma langue se pose entre ses lèvres intimes. Je me mets à la lécher et à la déguster alors que ses doigts se crispent dans mon cou. J’ai une folle envie d’aller plus loin mais je me concentre sur le plaisir de ma partenaire qui gémit lorsque je trouve son petit bouton gonflé de désir. Elle m’étonne lorsqu’elle me repousse alors que je pensais avoir trouvé le rythme capable de l’amener à la jouissance.
— Cela ne te plaît pas ? m’inquiété-je immédiatement.
— Si, si, bien sûr que si ! C’est seulement que… Enfin, dans cette position, je ne peux pas… te toucher, bredouille-t-elle en rougissant.
Elle veut ma mort ou quoi ? Elle dit ça de façon si innocente mais avec tant de désir que j’en ai le souffle coupé. Elle a interrompu mon festin pour pouvoir me toucher ? C’est tellement excitant, cette petite phrase.
— Déshabille-moi alors, lui demandé-je en me levant à mon tour.
Elle ne me répond pas mais, fébrilement, elle ôte ma chemise et défait mes braies pour me mettre à nu. Ses doigts s’emparent immédiatement de mon sexe qu’elle enserre avec force et détermination.
— Attends, dis-je en la repoussant un peu. J’ai une idée.
Je me saisis de son poignet pour qu’elle relâche mon membre durci et me couche près de l’arbre. Je lui fais signe de venir me chevaucher tête bêche. Elle semble hésiter une seconde avant de comprendre ce que j’attends d’elle. Elle passe une jambe au-dessus de ma tête et s’installe contre ma peau nue. La gourmande passe sa langue contre ma hampe et ses doigts me caressent ; je me laisse faire un instant en admirant la vue qu’elle m’offre sur son intimité luisante d’excitation. J’empaume ses fesses et j’ai le plaisir de la sentir se bloquer dans ses mouvements quand ma langue retrouve son antre délicieuse. Heureusement, elle retrouve sa concentration et les étoiles sont le témoin de la lutte silencieuse que nous entamons pour faire craquer l’autre le premier. A ce petit jeu, elle cède la première et m’inonde la bouche en gémissant. Dès qu’elle a un peu repris ses esprits, elle recommence ses caresses et baisers avec une nouvelle ardeur.
— Mmm. Clothilde, je vais jouir, parviens-je à dire quand la tension se fait trop forte.
Elle accentue alors le rythme de ses mouvements et je suis obligé de fermer les yeux alors que le plaisir s’empare de moi. Je joins mes doigts aux siens afin de m’amener à mon tour à l’orgasme qui me laisse le souffle court alors qu’elle se retourne pour venir se lover contre moi. Nous restons silencieux, serrés l’un contre l’autre. Je me demande quelles sont ses pensées à ce moment, j’aimerais savoir si comme moi, elle a envie de continuer ces folies sans avenir. Je veux lui laisser sa pureté afin de ne pas compromettre son avenir mais c’est difficile de résister à la tentation qu’elle représente. Afin de calmer mes esprits, je me relève et me rhabille alors qu’elle reste nue, immobile, à m’observer.
— Tu vas rester comme ça ? ris-je en lui tendant la main. Tu sais qu’il faut que je te ramène ?
— C’est vraiment obligatoire ? Nous étions bien, là, soupire-t-elle en attrapant ses vêtements.
— Oui, mais promis, dès demain soir, on peut recommencer. Tu es un vrai bijou de beauté, Clothilde.
— Un bijou de beauté ? glousse-t-elle en enfilant sa robe. C’est… gentil, je ne sais pas quoi dire, si ce n’est que j’ai hâte d’être demain soir pour te retrouver, beau Viking.
— Ne dis rien alors, parfois, les mots ne sont pas suffisants.
Nous échangeons un nouveau baiser avant de reprendre nos montures et de rentrer à la ferme où nous sommes accueillis par Runolf et le père de Clothilde qui semblent surpris de notre arrivée aussi tardive. Je ne descends pas de mon cheval mais m’approche des deux hommes.
— Je vous ramène Clothilde. Je compte sur vous pour qu’elle ne fasse plus de folies comme celle qu’elle vient de faire. Si je n’étais pas intervenu, Bjorn, mon frère, l’aurait fait sienne. Vous comprenez quand je vous dis qu’elle ne doit plus partir d’ici ?
— Désolé, soupire Runolf, je ne l’ai pas vue partir.
— Moi non plus, mais c’est Clothilde, et ce n’est pas la première fois qu’elle n’en fait qu’à sa tête, marmonne son père. Merci de… Enfin, vous voyez ce que je veux dire.
— Non, je ne vois pas. Si vous la laissez encore s’échapper et qu’il lui arrive quoi que ce soit, je serai sans pitié. Clothilde, ne le prends pas mal mais obéis-nous, cette fois au moins, ajouté-je à son intention beaucoup plus doucement que je ne l’escomptais.
— Je ne remettrai pas les pieds au château, soupire-t-elle, mais il serait bon que vous cessiez de me prendre pour une gamine, tous les trois. Je n’ai pas besoin qu’on me surveille, même si je te remercie de t’être interposé entre ton frère et moi. Bonne nuit, messieurs…
— Bonne nuit. Je compte sur toi, alors, dis-je en tournant bride. A demain ! crié-je en talonnant mon cheval pour le lancer au galop.
Je sais que je suis complètement fou d’avoir promis de venir la voir tous les soirs, que la séparation va être une souffrance et une torture incommensurables. Mais il est déjà trop tard pour faire marche arrière. Quel que soit le prix à supporter quand je partirai, je suis prêt à le payer et à profiter de chaque instant en sa présence d’ici là.
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