58. Combat de poules

8 minutes de lecture

Einar

Finalement, c’était une bonne idée de s’installer chez nous. Être à la maison sans personne à qui rendre des comptes, c’est vraiment le bonheur. Et j’ai l’impression que Clothilde revit un peu. Il faut dire qu’ici, personne n’est là pour lui rappeler son statut d’esclave et surtout pas moi. On vit comme un vrai couple et j’avoue que ça me plaît bien, à moi aussi. Nos journées se ressemblent un peu toutes, surtout que je fais tout pour rester discret pour éviter de me faire remarquer par Olaf. Je n’ai pas vraiment envie de retourner en mission, juste pour être éloigné du village et qu’il affirme son autorité. Le matin, nous nous levons tôt et pendant que Clothilde s’occupe des quelques animaux que j’ai fait venir dans l’enclos derrière notre maison, je prépare tout ce qu’il faut pour l’hiver. Il faut amasser des bûches de bois, finaliser le toit et les murs de la maison, préparer le fourrage pour les animaux. Avec l’aide de ma belle brune, et même si on ne chôme pas, tout a l’air plus facile quand elle est à mes côtés.

Ce midi, après un repas vite englouti, je me suis remis à couper du bois, sous les yeux gourmands de Clothilde qui adore me voir frapper les stères avec ma hache. Comme elle me l’a déjà dit, voir mes muscles qui se bandent lui fait de l’effet et… oui, j’en joue ! Il faut bien qu’il y ait des avantages à être fort et musclé, non ? Je suis en train de porter un gros fagot que je m’apprète à découper quand je vois arriver sur le chemin une femme qui s’avance d’un pas assuré et se rapproche.

— Oh non, pas elle, murmuré-je à l’intention de Clothilde qui fronce les sourcils.

— Qui est-ce ? Une amie de ta mère qui va me tuer du regard ou je n’ai rien à craindre ?

— Non, pire, c’est mon ex. Tu sais, celle que Bjorn m’a volée… Rhadia.

— Ton ex… Dans le genre, pas esclave, alors ? Qu’est-ce que… D’accord, soupire-t-elle en dévisageant Rhadia qui approche.

— Pas esclave, non, indiqué-je ne voulant pas lui mentir.

Je repose ma hache au sol et croise les bras en essayant de prendre un air féroce et mécontent que je sais ne pas tenir de manière crédible. Rhadia nous rejoint et jette un rapide coup d'œil vers Clothilde qu’elle ignore royalement en venant poser sa main sur mon bras pour me saluer.

— Bonjour Einar. Je suis contente de te voir, même si je dois me déplacer pour ça, sourit-elle en faisant courir ses doigts sur mon avant-bras. Comment vas-tu ? Ta maison est magnifique ! Tu me fais visiter ?

— Qu’est-ce qui t’amène ici ? Tu n’as pas l’impression de déranger ? demandé-je en essayant de rester grognon, même si ce n’est pas dans ma nature.

— Tu n’es pas venu me voir depuis ton retour, il était temps que je prenne le taureau par les cornes, minaude-t-elle. Tu me manques, que veux-tu ! Il est difficile de t’oublier.

— Bjorn ne te suffit plus ? Ou alors, il t’a déjà abandonnée pour une autre ? Moi, je crois que tu l’as compris, je suis passé à autre chose, ajouté-je en montrant Clothilde du regard. Et j’en suis très heureux.

— Tu vaux mieux qu’une esclave, quand même, rit-elle. Et puis, Bjorn, c’est différent. Tu sais comme il est… Quand il veut quelque chose, difficile de dire non. Toi, tu es différent.

— Je vaux mieux qu’une femme qui ne sait pas résister à un homme un peu autoritaire, surtout. Et ne parle pas comme ça de Clothilde, elle est tout simplement merveilleuse.

— Tu ne m’as jamais protégée de lui, je te signale. Comme tu ne m’as jamais donné de statut particulier. Si tu m’avais fait tienne aux yeux de tous, ton frère n’aurait pas tenté sa chance… Et puis, s’amuser ne veut pas dire qu’on ne tient pas à l’autre.

En parlant, elle s’est positionnée de telle sorte à se mettre entre Clothilde et moi, tournant le dos à cette esclave qu’elle considère comme quantité négligeable. Et elle a déposé ses mains sur mon torse que je repousse avec fermeté, mais c’est ma jolie brune qui nous interrompt en prenant la parole.

— Excusez-moi de vous déranger, tous les deux, mais vous en avez pour longtemps ? Je suis désolée, heu… Rhadia, c’est ça ? Mais notre programme est chargé et Einar m’a promis une fin de journée au lit, j’aimerais qu’on ne prenne pas trop de retard. Puisque tu as déjà profité de ses talents, j’imagine que tu comprends que j’ai hâte, lance-t-elle en venant se glisser sous mon bras pour m’enlacer.

Je souris en la voyant faire et pose mon bras sur son épaule en regardant Rhadia qui a été décontenancée par son intervention mais s’est vite reprise. Toujours en ignorant Clothilde, elle continue comme si de rien n’était.

— Ne me dis pas que tu prends ton pied avec une petite prude, Einar, rit-elle. Je te connais, je sais ce que tu aimes et je sais aussi comment te rendre fou. Je ne dis jamais non et j’adore tout ce que tu me fais. Toi et moi, c’est évident, non ? Nous n’aurions pas passé tant de temps ensemble sinon.

— Chez moi, une femme qui ne dit jamais non est une prostituée. Tu la payais, Einar ? m’interroge Clothilde, un sourire aux lèvres.

Je pouffe et me retiens un peu quand je constate que Rhadia est en train de monter en pression.

— Respire, Rhadia. Tu as choisi le mauvais cheval en laissant Bjorn s’occuper de toi. J’avoue que ce n’était pas mal, tous les deux, mais quand je compare à ce que je vis avec Clothilde, tu étais loin d’être aussi excitante que tu le sous-entends. Cette femme-là, conclus-je en montrant la brune dans mes bras, c’est une femme exceptionnelle ! Au lit et en dehors !

— Ça veut dire que tu peux t’en aller, chuchote Clothilde, une moue conspiratrice sur le visage, et que ce n’est pas la peine de revenir.

— Tu plaisantes ? ricane mon ex. Ça, une femme exceptionnelle ? Et tu vas faire quoi, hein ? Tu crois que ta mère acceptera que tu ne te tapes que l’esclave ? Qu’elle sera ravie d’apprendre que tu lui as fait un gosse ? Je t’en prie, Einar, tu es plus intelligent que ça !

— Si tu étais maligne, tu comprendrais que tu n’as rien à faire ici. Pourquoi tu ne retournes pas dans les bras de mon frère qui est assez intelligent pour ne pas sauter sur une esclave ? Quoique, ce n’est pas l’envie qui lui manque, je dirais.

— Donc, c’est vraiment terminé entre nous ? cingle-t-elle finalement en me lançant un regard froid. Tu es sûr de toi ? Parce que je n’ouvrirai plus les cuisses pour toi, même si tu me supplies parce que tu crèves d’ennui avec ton esclave barbante.

— Ne t’inquiètes pas, intervient Clothilde d’une voix mielleuse, je te promets de bien m’occuper de lui. Tu peux me croire, il n’a pas le temps de s’ennuyer, je ne dois pas être si barbante que ça.

— Je confirme, je n’ai pas le temps de m’ennuyer. Et oui, c’est fini. F, I, N, I, détaillé-je en rigolant. Alors, si tu n’as plus rien à nous dire, je t’invite à repartir. Tu connais le chemin, comme on dit.

— Tu sais que je ne suis pas du genre à laisser passer, Einar, tu me connais, fulmine Rhadia. Me préférer une esclave ? Tu te rends compte de l’humiliation que tu me fais subir ? Je n’en resterai pas là, tu peux rêver !

Je ne daigne même pas répondre à ses propos et me tourne vers Clothilde que j’embrasse à pleine bouche, sans me préoccuper de l’air outragé de mon ex.

— On rentre, je crois qu’on a mieux à faire que de l’écouter parler, non ?

— Je te suis, toujours, sourit-elle en contournant mon ex pour gagner la maison. Au revoir, Rhadia !

Je réprime un sourire en constatant que l’intéressée est devenue toute rouge et je me demande si elle va réussir à se contenir ou si elle va tenter quelque chose contre Clothilde, mais je dois avoir un effet dissuasif car elle prend une grande respiration avant de lâcher à nouveau son venin, tel un serpent pris au piège.

— Tu le regretteras, Einar, crois-moi. Il est hors de question que j’accepte que tu me remplaces par une petite Normande idiote qui se prend pour plus qu’elle ne l’est. Parce que la vérité c’est qu’elle n’est qu’une esclave et qu’elle ne sera jamais que ça pour tout le monde ici, peu importe le statut que tu voudras lui donner. Réfléchis bien, toi qui peux avoir une place importante pour notre communauté. Tu perds toute crédibilité avec cette fille, alors qu’avec moi… on pourrait monter haut, tous les deux, et le sexe était explosif entre toi et moi.

— Je suis bien où je suis, sauf que là, tu me pourris la journée. La sortie est par là, lui montré-je dédaigneusement avant de rentrer avec Clothilde chez nous.

Je referme la porte derrière nous et m’assure qu’elle repart bien avant de me tourner vers Clothilde pour voir dans quel état d’esprit elle est.

— Désolé, je ne m’attendais pas à ce qu’elle fasse un tel spectacle.

— Est-ce que tu t’ennuies avec moi ? me demande-t-elle presque timidement. Je veux dire… J’ai bien conscience de ne pas avoir l’expérience de cette… Rhadia, et j’ai beau lui avoir assuré que ce n’était pas le cas, je… Tu me le dirais, si je ne te satisfaisais pas, hein ?

— Mais comment peux-tu douter de toi ? Non seulement tu m’apportes plus de bonheur et de plaisir que jamais dans ma vie auparavant, mais tu as vu la façon dont tu t’es opposée à elle ! Cela m’a un peu excité ! Quelle furie tu fais !

— Vraiment ? glousse-t-elle avant d’afficher une moue gênée. Je ne veux pas te partager, je sais que ça se fait beaucoup chez vous, mais… surtout avec cette fille qui se croit supérieure sous prétexte qu’elle écarte les cuisses alors qu’elle n’est même pas capable de t’être fidèle et couche avec ton propre frère.

— Je peux t’assurer que je n’ai pas du tout envie d’aller voir ailleurs, Clothilde. C’est toi que je veux dans mes bras et c’est avec toi que je veux faire l’amour. Et je compte bien te le prouver tout de suite !

— Je n’attends que ça, beau Viking, sourit la jolie brune en collant sa poitrine contre mon torse alors que ses mains glissent sous mes vêtements.

Je pense que cet épisode avec Rhadia l’a elle aussi beaucoup excitée et mise en forme car elle me sort alors le grand jeu. Nos vêtements volent à travers la pièce et j’ai l’impression de la sentir partout sur mon corps. Elle se déchaîne et emploie tous ses charmes pour me faire craquer aussi rapidement et intensément que possible. Si d’habitude, je parviens à prendre le dessus et qu’elle apprécie particulièrement ça, cette fois, c’est elle qui me chevauche et offre à mes mains gourmandes sa poitrine et son corps de rêve. Je suis obligé de rendre les armes devant sa beauté et sa fougue et je ne tarde pas à jouir en elle, provoquant peu après son orgasme. Franchement, jamais Rhadia ne m’a fait cet effet-là. Jamais je n’ai ressenti une telle passion avec une autre femme qu’avec Clothilde. Si dans notre couple il y a un esclave, ce n’est pas forcément celle à qui on pense vu sa capacité à me faire faire tout ce qu’elle veut. Quelle femme !

Annotations

Vous aimez lire XiscaLB ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0