96. La chaleur normande

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Einar

Encore une fois, alors que je ne suis rentré de la traite du matin que depuis quelques minutes, des pleurs retentissent à l'arrière de la maison, là où on essaie d'installer un espace pour les enfants. C'est fou comme ils sont exigeants. Clothilde, qui a plus l'habitude que moi, dit que c'est normal et qu'ils sont même plutôt de gentils bébés, mais c'est vrai que c'est un peu fatiguant de ne pas pouvoir passer une nuit entière à simplement dormir. Et puis, dès que l'un commence, l'autre le rejoint. Impossible de les séparer comme nous avons tenté une fois, c'est la crise de pleurs assurée.

Alors que je viens à peine de m'asseoir, je me relève en soupirant et m'approche de la tenture derrière laquelle j'entends déjà la douce voix de mon épouse fredonner une mélodie apaisante. Je suis admiratif devant son courage et son abnégation. Cette femme est un puits d'amour sans fond.

Lorsque je pousse le tissu de la tenture sur le côté, Clothilde m’adresse un sourire qui fait accélérer les battements de mon cœur et me confie Liina avant de prendre place sur le fauteuil que nous avons récupéré chez ma mère. Elle dénoue le haut de son corsage et dévoile sans aucune pudeur sa poitrine qu'elle offre à la gourmandise de notre fils dont la bouche se referme autour de ce téton qui m'était jusqu'à leur naissance réservé.

Je berce doucement Liina dans mes bras en observant la scène sous mes yeux. Depuis que nos enfants ont débarqué dans nos vies, avec Clothilde, nous nous sommes contentés de câlins et de bisous, mais là, j'avoue que mes pensées sont beaucoup moins sages. J'ai une folle envie de prendre la place d'Ivar et de caresser son sein en faisant glisser ma langue sur ce téton qui réagira en se tendant entre mes lèvres, je le sais trop bien.

Quand Ivar est calmé, elle le repose dans le berceau puis s'approche de moi pour récupérer Liina qui patiente tranquillement dans mes bras. Je la lui confie mais la retiens avant qu'elle ne retourne s'asseoir. Je l'enlace et la serre contre moi pour lui donner un baiser auquel ses lèvres répondent avec gourmandise. La coquine ne manque pas l'occasion de se frotter contre mon érection que je ne peux dissimuler dans mes braies et je me demande si elle aussi ressent le même manque et le même désir que moi.

Quand notre fille commence à téter, je fais le tour du fauteuil et pose mes mains sur ses épaules dénudées. J'adore la vue que j'ai en la surplombant ainsi. Je ne résiste pas à la tentation d'empaumer son sein libre et le caresse avec amour. Je dégage aussi un peu sa nuque et dépose quelques baisers dans son cou.

— Tu es si belle, ma Clothilde, murmuré-je à son oreille. Je crois que je suis fou amoureux de toi.

— C’est plutôt une bonne nouvelle étant donné que nous sommes mariés et voués à passer notre vie ensemble, rit-elle doucement.

— J'ai aussi envie de toi, Chérie, avoué-je d'une voix un peu rauque. Tu vas croire que je suis étrange mais je crois que je suis jaloux de nos enfants à qui tu réserves cette si jolie poitrine.

— Il fallait y réfléchir avant de me faire des enfants, beau Viking. Et puis, je préfère autant que tu ne la voies pas de trop près, tu sais ? Mon corps a bien changé avec l’accouchement…

C'est vrai qu'elle ne m'a pas trop laissé approcher d'elle ces derniers temps mais de ce que j'ai vu de son corps lorsqu'elle fait ses ablutions, à part une poitrine encore plus généreuse et quelques marques sur son ventre, elle est toujours la même : belle et excitante.

— J’ai une folle envie de tout voir de très près, de mener mon enquête en profondeur et explorer tout ton corps. Tu es encore plus belle qu'avant.

— Tu trouves ? Vraiment ? me demande-t-elle quittant Liina des yeux pour les lever vers moi.

— Eh bien, tes yeux sont toujours aussi magnifiques, ta bouche me donne toujours autant envie de t'embrasser et je suis toujours aussi excité quand tu te déshabilles. Je crois même que tes seins ont un peu gonflé et je suis encore plus jaloux de nos enfants. Tu es magnifique et je t'aime si fort…

— Serais-tu obsédé par ma poitrine, beau Viking ? Je t’aime aussi, tu n’imagines pas à quel point, soupire-t-elle en caressant ma joue, le sourire aux lèvres.

Liina semble s'endormir et Clothilde en profite pour se lever et la déposer à côté de son frère. Alors qu'elle commence à refermer son corsage, j'attrape ses mains fermement et fais non de la tête. Plein de désir, je l'entraîne à ma suite et, dès que nous sommes un peu éloignés des enfants, je l'attire contre moi et pose mes lèvres sur les siennes. Ses bras se nouent autour de mon cou et je suis ravi de l'entendre pousser un petit gémissement quand ma main revient prendre possession de son sein et que l'autre empoigne ses fesses. La façon dont elle se frotte à mon érection et dont sa langue vient s'enrouler autour de la mienne sont des signes clairs qu'elle éprouve le même désir que moi. Je relâche son sein pour pouvoir la soulever dans mes bras et ses jambes viennent se nouer sur mes fesses. Si nous avions été nus, je suis sûr que je l'aurais pénétrée sans plus attendre mais ce n'est pas le cas et je la porte jusqu'à notre lit où je la dépose délicatement. Je commence à retirer ma chemise mais je suis interrompu non pas par les pleurs des enfants mais par Nuage qui se met à grogner devant la porte.

— Je te jure que qui que ce soit, si ce n'est pas une question de vie ou de mort, je le remets à la porte. Ce n'est pas humain de s'arrêter là…

— Fais taire ce loup avant qu’il réveille les petits, soupire-t-elle en me repoussant gentiment.

Je lui vole un baiser avant de me diriger vers la porte que j'ouvre après avoir récupéré mon épée. Je suis surpris de voir la silhouette de Marguerite s'approcher. Je repose mon arme et laisse sortir Nuage qui se précipite à la rencontre de celle que je sais être ma mère désormais. Elle lui donne une petite caresse avant de reprendre son chemin.

Je l’accueille chaleureusement malgré l’interruption assez inopportune de ce câlin qui avait si bien commencé avec ma bien-aimée. Nous lui offrons une tisane et nous nous installons près du feu central de notre maison où Clothilde s’est mise à la préparation d’un bouillon de légumes.

— Quel bon vent t’amène, Mère ?

J’ai fait le choix de l’appeler Mère, en Normand et non Maman. Cela me permet de faire la différence avec Tyra.

— On ne peut pas parler de bon vent, Einar. Il s’agit plutôt d’une mauvaise tempête, mon fils. Je… je ne sais pas par où commencer.

Je suis surpris de ce qu’elle m’annonce et encore plus, lorsqu’elle se met à pleurer à chaudes larmes. Clothilde et moi nous rapprochons d’elle et je passe mon bras autour de ses épaules pour la réconforter.

— Ça va aller, Mère, dis-je, nous sommes là. Raconte-nous tout, je suis sûr que l’on pourra t’aider.

— Eh bien, sanglote-t-elle, je vais bientôt me retrouver sans maison. Une… une esclave ne peut avoir une maison, même si elle y a vécu la plus grande partie de son existence. Bjorn m’a dit que je ne pouvais pas rester. Cet homme est… cruel !

— Vous avez vraiment des règles stupides, ici, marmonne Clothilde en serrant la main de Marguerite dans la sienne. Tu ne peux pas parler avec ton frère, Einar ?

— Je peux lui parler mais je pense que ça ne vient pas de lui. Il doit y avoir plein de familles qui veulent récupérer cette grande maison. Bjorn a celle du Jarl, nous sommes ici, nous sommes les deux seuls à avoir des droits sur cette habitation.

— Et donc, où doit aller Marguerite ? Elle vous a élevés, elle t’a mis au monde, elle mérite mieux que d’être chassée, non ?

Je réfléchis un instant et me dis qu’il n’y a pas non plus cinquante solutions.

— Marguerite, tu es la bienvenue ici, tu sais ? Nous t’accueillerons avec plaisir. Et comme ça, tu pourras nous aider et t’occuper de tes petits-enfants. Enfin, ajouté-je rapidement, si Clothilde est d’accord, bien sûr.

— Bien sûr que je suis d’accord ! répond immédiatement mon épouse. Hors de question d’abandonner Marguerite. Si on ne soutient pas sa famille, quel genre de personne sommes-nous ?

— Je ne veux pas vous déranger, vous êtes jeunes, amoureux, vous avez autre chose à faire que de vivre avec moi…

— Tu ne nous dérangeras pas, affirmé-je avec force. Au contraire, si tu peux nous aider un peu avec les petits, ce ne sera pas de refus. Tu n’as qu’à préparer tes affaires, nous viendrons t’aider à les ramener ici.

Je jette un œil à Clothilde et suis soulagé de voir qu’elle approuve, non pas parce qu’elle se sent obligée mais bien parce qu’elle est convaincue que c’est juste.

— Je… je ne sais pas quoi dire. Vous êtes vraiment certains ? Je vous promets que je me ferai petite et que je vous aiderai de mon mieux.

— Nous n’avons aucun doute là-dessus, tu sais ? Tu es le modèle même de la discrétion et du dévouement. Tu l’as toujours été.

— Et nous ne te demandons pas d’être discrète non plus, tu as ta place ici, tu ne nous dois rien, ajoute Clothilde. Une maison normande chez les Vikings, moi j’adore !

— Très bien. Je peux…

Elle hésite avant de poursuivre.

— En fait, il ne sont pas très gentils, au village, avec moi. Ils n’arrêtent pas de m’insulter maintenant que Tyra n’est plus là. Je crois qu’ils me veulent comme esclave. Je peux venir dès ce soir ici ?

— Satanés Vikings, râle Clothilde, toujours enclins à se servir des gens… Tu ne devrais pas la laisser y retourner seule, Einar… Va avec elle, je m’occupe des jumeaux.

— Vas-y, Marguerite, je te rejoins d’ici une heure maximum. Cela te laissera le temps de commencer à tout préparer.

— Très bien… Merci, les enfants, je… je ne sais pas quoi dire, vraiment.

— Ne dis rien, tu as pris soin de moi toute ma vie, on te doit bien ça.

Elle se lève et vient nous embrasser tour à tour, émue par notre proposition. Je la raccompagne jusqu’à la porte, les larmes aux yeux, accompagnée de Clothilde que je prends par les hanches en la regardant s’éloigner.

— Une heure, ça devrait nous suffire, non ? demandé-je, en essayant de cacher le désir que je ressens pour elle.

— Nous suffire pour quoi, Chéri ?

— Pour reprendre les choses là où nous les avons laissées. J’ai envie de toi, ma Princesse.

— Possible que l’envie soit partagée, beau Viking, chuchote-t-elle en attrapant ma main pour m’entraîner à l’intérieur.

J’ai l’impression que cela fait si longtemps que nous n’avons pas partagé ce type de moments que c’est avec un empressement non déguisé que je la pousse sur notre lit et l’aide à se débarrasser de sa robe. Je ne me fais pas non plus prier pour me déshabiller et la pénétrer alors qu’elle s’enroule autour de moi. Notre passion est comme au premier jour. Intense, sensuelle et je suis ravi de voir que nos désirs sont toujours partagés, ce qui nous amène rapidement à l’extase et la jouissance.
— Je t’aime, Clothilde… Plus que tout au monde, lui chuchoté-je alors qu’elle se blottit contre moi.

— Je t’aime aussi, plus que tout, Einar. Même si je passe parfois mon temps à me rebeller contre toi…

Je ne lui dis pas que quand elle se rebelle, cela ne fait qu’attiser mon désir parce qu’elle en a bien conscience. Je suis heureux de cette intimité retrouvée et je l’embrasse encore et encore jusqu’à ce qu’elle finisse par me repousser pour me rappeler que je dois aller aider ma mère. Quel sens du devoir ! Je crois vraiment que j’ai l’épouse la plus merveilleuse du monde.

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