Chapitre 7

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Le silence était lourd. Nicolas fixait un point invisible entre elle et lui, laissant son esprit se perdre dans les méandres de leur conversation, tandis qu’Astride semblait peser soigneusement ses mots. Lorsqu’elle reprit la parole, sa voix était plus froide, presque tranchante.

— Tu veux savoir pourquoi j’ai perdu mes sentiments pour toi, Nicolas ? C’est à cause de ton comportement avec mes enfants. Ton incapacité à vraiment t’investir comme un père.

Nicolas releva la tête, surpris par l’accusation directe. Astride enchaîna, les bras croisés, le visage fermé.

— Si j’ai gardé contact avec Eric, c’est parce que toi, au début de notre relation, t’avais encore des liens avec ton passé. T’avais cette fille, là, sur Facebook... une espèce d’ancien plan cul qui commentait toutes tes publications. Tu l’as peut-être oubliée, mais moi, non. Tu sais très bien que ça m’a bouffée. J’étais jalouse, et t’as fini par couper les ponts avec elle, mais c’était déjà trop tard. Ça m’a rongée.

Nicolas fronça les sourcils, cherchant à se souvenir de cette histoire qui semblait si lointaine maintenant. C’était vrai, il avait eu ce contact, mais il avait rapidement tout arrêté pour apaiser la jalousie d’Astride. Il ne pensait pas que cela aurait laissé une telle marque.

— Attends, Astride, tu me reproches de t’avoir été loyal à la fin ? J’ai coupé les ponts pour toi, parce que je savais que ça te rendait dingue. Et tu me le balances aujourd’hui comme si c’était de ma faute ? Alors toi, tu vas me dire que tu t’es rapprochée de Eric à cause de ça ? Que c’est pour ça que tu m’as trompé ?

Astride ne fléchit pas, son regard acéré.

— Oui, tout est de ta faute, Nicolas. Tu crois que j’ai trahi notre relation comme ça, pour rien ? Mais t’as jamais pris en compte ce que je ressentais, vraiment. Je me sentais négligée, mise de côté. Alors oui, c’est à cause de toi.

Nicolas sentit une colère sourde monter en lui. Les reproches s’accumulaient, chacun plus douloureux que le précédent. Mais au fond de lui, une question le taraudait depuis des semaines, une question à laquelle il n’avait jamais eu de réponse. Il la regarda droit dans les yeux, ses poings se serrant involontairement.

— D’accord, t’as fait ce que t’as fait, je comprends pas pourquoi, mais soit... Mais dis-moi une chose. Entre le moment où tu l'as vu et le moment où j'ai découvert avec Éric , pourquoi tu as encore couché avec moi ? Pourquoi tu l’as fait, alors que tu savais très bien que tout était fini entre nous ?

Astride baissa les yeux, soudain moins sûre d’elle. Elle mordilla sa lèvre inférieure, cherchant ses mots, et finit par murmurer, presque honteuse :

— Parce que j’étais triste...

Nicolas resta figé. Triste. C’était la seule explication qu’elle avait ? Toute la douleur, toute la trahison, se résumait à ça ? Une tristesse passagère qui l’avait poussée à partager une dernière fois son corps avec lui. Il ne savait pas s’il devait en rire ou crier.

— Triste ? répéta-t-il, incrédule. C’est pour ça que t’as couché avec moi alors que t’étais déjà partie dans ta tête ? Parce que t’étais triste ?

— Oui, je savais que c’était la fin... Je ne savais plus où j’en étais, avec toi, avec Eric... Tout se mélangeait dans ma tête.

Nicolas leva les yeux au ciel comme s’il espérait y trouver une réponse. Mais tout ce qu’il ressentait, c’était une lassitude profonde, un vide qui l’envahissait de plus en plus. Il comprenait maintenant à quel point tout avait été bancal depuis le début. À quel point ils s’étaient perdus dans leurs insécurités, leurs jalousies, leurs erreurs.

— C’est pathétique, murmura-t-il finalement. Toute cette histoire... c’est juste pathétique.

Astride resta silencieuse. Elle savait qu’il n’y avait plus rien à dire.

— Franchement, tu veux que je te dise ? lanca Nicolas comme pour cloturer la conversation. Je veux juste que tu me foutes la paix, je regrette de t'avoir croiser, d'avoir parlé avec toi un jour, mais je n'ai pas le choix de garder un semblant de contact avec toi parce qu'il y a notre fils, tu n'as pensé qu'à ta petite personne. Je pensais que tu étais une belle personne, mais en vrai tu es d'une saleté phénoménale, une mauvaise personne qui se persuade d'être bonne et même le maquillage ne cachera pas la personne que tu es vraiment. La seule chose que je souhaite vraiment, c'est de ne plus avoir à t'entendre, te lire, ou te croiser, mais je n'ai pas le choix pour mon fils. Alors maintenant si tu pouvais rester courtoise et arrêter de me prendre de haut à coup de reproches ça me satisferait énormément, surtout pour les communications importantes. Alors avant de me parler d'hypocrisie, il serait bien que tu te regardes convenablement dans un miroir. Tout le monde peut mentir, mais pas comme toi. Ce n'est plus du mensonge à ce stade.
Nicolas attendit que son fils soit prêt avant de tourner le dos.
— Oh ! Mes félicitations pour ça ! dit-il en montrant le ventre d'Astride.

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