Chapitre 19

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Et niveau toxicité, Nicolas savait de quoi on pouvait parler. Il s'immergea dans le récit, sentant la tension grandir dans les mots. L’histoire de Marc avançait lentement vers un point de rupture.

"C’était en pleine journée, sous la lumière crue d'un mercredi après-midi, que Marc atteignit sa limite. Depuis des mois, Sophie le bombardait de critiques. Elle le comparait sans cesse à d’autres, aux maris des copines, à son ancien collègue dont elle parlait encore malgré les mises en garde de Marc. Il en avait assez de ces jugements, de ces comparaisons qui le rongeaient de l'intérieur.

Ce jour-là, il était déjà à bout. Sophie n’avait pas pris ses antidépresseurs, préférant les garder comme un symbole de sa résistance face à ce qu’elle appelait « les petites épreuves de la vie ». Marc, lui, était en train de sombrer.

Les reproches et les remarques n’étaient plus des piques isolées, mais un marteau-pilon s'abattant sans cesse sur son esprit. Pendant que Sophie s’activait dans la cuisine, à lui reprocher son manque d'initiative, Marc vit la boîte de médicaments sur la table. Il la regarda pendant un instant, se demandant si ces petites pilules pouvaient rendre la journée plus supportable.

Elle se retourna vers lui.

— Tu comptes encore rester là à rien faire ?

Il ne répondit pas. La rage et l'impuissance s’entrechoquaient dans son esprit. Sans y réfléchir, il ouvrit la boîte et en avala un cachet. Le geste était rapide, presque automatique. Quelques minutes plus tard, une étrange sensation de détachement l’envahit. Les mots de Sophie semblaient lointains, comme s’ils venaient de derrière un mur invisible. Pour la première fois depuis longtemps, il ne se sentait plus accablé par ses reproches.

Sophie le regarda, intriguée par son manque de réaction.

— Qu’est-ce que t’as à rester là comme ça ? Tu fais exprès ou quoi ?

Marc ne répliqua pas. Il se leva, d'un geste lent, et retourna vers la boîte de médicaments. Cette fois, il en prit un deuxième, puis un troisième. À chaque fois que Sophie lançait une nouvelle attaque, il avalait un comprimé, cherchant à se blinder, à se couper de la douleur.

L'après-midi avançait, Sophie continuait à parler, à le harceler, sans se rendre compte que Marc était en train de s’éloigner de plus en plus, non pas physiquement, mais mentalement. Les cinq cachets qu’il avait avalés avaient fait leur effet, l’avaient transporté ailleurs. Sophie ne savait pas, ne voyait pas. Elle se contentait de pester, pensant qu’il l’ignorait simplement.

— Franchement, t'es bon à rien, tu le sais, ça ?

Marc entendait les mots, mais ils ne l'atteignaient plus. Sa tête tournait légèrement, un voile épais s'était déposé sur ses pensées. Sophie, ne comprenant toujours pas ce qui se tramait réellement, finit par se taire. Mais le mal était fait."

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