Chapitre 30

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Nicolas et Salva étaient en pleine effervescence, rangeant les cartons et triant les affaires dans un chaos contrôlé. Le grand nettoyage avait bien commencé, mais l'ambiance était teintée d'une nostalgie palpable. Pendant que les vieux souvenirs s'entassaient dans des boîtes, Nicolas tentait d’en savoir un peu plus sur ce qui s’était réellement passé entre Salva et son ex, Tif.

— Alors, tu m’as jamais vraiment dit, comment t’en es arrivé là avec ton ex ? Pourquoi elle a voulu te faire passer pour le méchant ?

Salva, concentré sur une vieille caisse pleine de souvenirs, leva à peine les yeux.

— Ah, tu sais, c’est une longue histoire... Et puis, ça remonte à loin tout ça. Mais bon, on finit toujours par être celui qui porte le chapeau, tu vois ? C'est un peu comme ça que ça marche.

Il sortit une vieille guitare, l’observa un instant comme pour évaluer si elle méritait encore sa place ici, avant de la jeter nonchalamment dans un coin.

— Mec, t’es con, t’aurais au moins pu faire semblant de respecter l'instrument ! plaisanta Nicolas, feignant l’indignation avant de sourire. Salva haussa les épaules.

— C’est une blague, relax ! Je vais pas la jeter, c'était dans la continuité des souvenirs à balancer.

Le tri continuait, mais Nicolas n’avait pas l’intention de lâcher l’affaire.

— Sérieusement, Salva, elle t’a accusé de quoi, au juste ? Je veux dire... tu m’as jamais vraiment raconté.

Salva soupira et s’assit sur une chaise, les bras croisés, pensif. Il se leva soudain et se mit à fouiller un vieux sac en cuir usé.

— Tu sais ce que c’est, mec ? Quand t’es un homme et que tu refuses de jouer le rôle du méchant, ça te revient en pleine gueule. Tu peux faire tout ce que tu veux pour éviter le conflit, mais au final, c’est toujours toi qu’on pointe du doigt.

Nicolas installa un silence qui mis mal à l'aise Salva qui se décida à raconter :

— Tif avait emménagé avec ses enfants à elle, tu vois. C’était pas toujours évident, mais au début, ça allait bien... Comme dans tous les couples, tu sais comment c'est, tout est beau, tout est simple, les petites attentions qui font que tu rentres du taf avec le sourire... Et avec ses gosses, j’étais bien, je les voyais comme une extension de notre vie ensemble, pas des étrangers.

Il continuait à parler, tout en empilant des objets dans les cartons, des photos, des objets divers qui avaient marqué le passage du temps. Nicolas l’écoutait attentivement, voyant que son ami avait besoin d’évacuer cette partie de sa vie.

— Puis y a eu le Covid, tu t’en souviens. Clairement, tout a basculé. Rester à la maison 24 heures sur 24... Ça a commencé à peser. Je sais que j’étais pas parfait, je veux dire, je suis pas une fée du logis, loin de là. Je bricolais, je jouais avec mon imprimante 3D... Mais je sacrifiais beaucoup pour elle et ses gosses, surtout après la naissance de notre fils.

Le ton de Salva se durcissait, comme s’il revivait les moments où tout a commencé à s’effriter.

— Je faisais des efforts, pour garder le calme à la maison. Je rangeais, je faisais plus que je ne le faisais avant. Mais même ça, c'était jamais assez pour elle. Et puis, après le Covid, j’ai perdu mon taf. Ils licenciaient tout le monde à tour de bras, et là, je suis passé de tout à rien.

Nicolas pouvait sentir la détresse monter dans la voix de Salva. Il revoyait sa vie avec Astride. L'histoire de son pote s'enchaîna, sans même prendre une pause.

— Les disputes ont commencé après ça. Mais les vraies disputes. Pas juste des prises de tête. On s’engueulait sur l’éducation de ses enfants à elle. Elle me reprochait des conneries comme laisser traîner une assiette ou un verre... même quand c’était pas moi ! Et quand je demandais à ses gosses de filer un coup de main pour éviter qu’elle m’engueule, elle me demandait de pas m’occuper de leurs affaires. Tu te rends compte ?

Salva marqua une pause, fixant un vieil objet qu’il tenait dans la main. Nicolas ne disait rien, le laissant poursuivre.

— Et puis elle a commencé à se détacher. Elle devenait distante, froide. Je faisais plus d’efforts, mais elle en faisait de moins en moins. Comme si ça devenait impossible de lui plaire. Comme si elle attendait que je me casse. C’était plus supportable...

Le silence s’installa à nouveau un instant entre eux, le temps que Salva reprenne son souffle. Tout en empilant un dernier carton, il laissa échapper un soupir lourd de sens.

— Je sais pas comment ça a tourné comme ça, mais ça me bouffe encore, tu vois... On a essayé, j’ai essayé, mais y a des choses que t’as pas le pouvoir de réparer, peu importe les efforts que tu fais.

Nicolas hocha la tête. Il comprenait la détresse de Salva, et en même temps qu'il faisait le lien avec sa propre vie. Les efforts qu’on fait, les sacrifices qu’on accepte, parfois pour rien. Parfois, même si on fait tout pour maintenir une relation à flot, elle finit par sombrer.

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