Chapitre 53

4 minutes de lecture

Nicolas ouvrit les yeux, la tête lourde, les tempes battant au rythme de ses excès de la veille. Il reconnut le plafond de sa chambre, et un instant, il se demanda comment il était parvenu à regagner son lit. Puis il perçut des bruits venant de la cuisine, suivis d’une mélodie rock douce, mais suffisamment forte pour aggraver son mal de tête.

Il se redressa lentement, attiré par un parfum qui flottait autour de lui, incrusté dans ses draps. Une senteur familière, réconfortante, qui lui rappelait quelqu’un. Clara. Elle avait ce quelque chose dans son odeur, un mélange de notes florales et boisées, comme un point d’ancrage dans le tumulte de sa vie.

Clara apparut dans l’encadrement de la porte, un sourire amusé aux lèvres. Elle le regarda avec cette lueur de moquerie douce qu’il commençait à bien connaître.

— Alors, ça va le survivant ? demanda-t-elle, le ton taquin.

Il grogna, essayant de sourire malgré le marteau-piqueur qui résonnait dans sa tête.

— J’ai connu des réveils plus glorieux... murmura-t-il.

Elle rit, s’approchant pour poser une tasse de café fumant sur sa table de chevet.

— T’as vraiment abusé hier. Je t’ai retrouvé endormi dans ta voiture. J’ai failli te laisser là, mais tu m’as suppliée, apparemment, de ne pas te laisser seul.

Il leva un sourcil, entre honte et gratitude.

— Sérieux ?

Elle hocha la tête, toujours souriante.

— Oh que oui. T’étais pas très glorieux, je te l’accorde. Mais je me suis dit que ça te ferait du bien de te réveiller ici, avec un café et moi pour te remonter le moral.

Nicolas prit la tasse, la chaleur du café lui réchauffant les mains. Il inspira profondément, s’imprégnant du parfum de Clara et de la chaleur réconfortante de sa présence.

— Merci, Clara… Vraiment.

Elle le regarda avec une tendresse discrète, mais qui n’échappa pas à Nicolas. Clara ne disait pas grand-chose, mais sa présence était déjà un pansement, un remède contre ce poids invisible qu’il traînait depuis trop longtemps.

Puis son regard changea en un brin d’inquiétude.

— Dis-moi, Nico, qu’est-ce qui t’a pris hier soir ? C’est pas dans tes habitudes de finir comme ça… ?

Il détourna le regard, prenant une gorgée de café pour se donner un peu de courage. Ce n’était pas évident de mettre des mots sur ce qu’il ressentait. Après tout, il n’en était même pas sûr lui-même.

— J’sais pas, Clara… répondit-il finalement, en haussant les épaules. Y’a des trucs qui reviennent, des souvenirs… Et puis, ce bouquin que je m’obstine à écrire… Je crois que je voulais juste éteindre tout ça pour quelques heures.

Elle resta silencieuse un moment, le fixant, comme pour lire à travers lui. Nicolas sentait son regard perçant, presque comme une invitation à creuser plus loin. Elle n’avait pas besoin de le sermonner, sa présence seule suffisait pour qu’il sente la gravité de la situation.

— C’est tellement important pour toi, ce livre, hein ? murmura-t-elle, plus comme une constatation qu’une question.

Nicolas hocha la tête, pensif.

— Ouais. Peut-être un peu trop, d’ailleurs… Je me dis que si je raconte pas cette histoire, tout ça aura été pour rien. Les erreurs, les regrets… Si j’en parle pas, j’aurais pas bougé d’un millimètre. Mais là…

Il soupira, le regard perdu.

— J’arrive même pas à trouver la fin, je sais même pas si c’est la bonne chose à faire.

— Tu sais, tu t’accroches à cette histoire comme si elle pouvait te sauver. Mais parfois, avancer, c’est aussi laisser certaines choses derrière. Peut-être que t’as déjà dit ce que tu avais à dire.

Nicolas esquissa un sourire amer.

— T’es peut-être pas loin de la vérité… mais je suis pas prêt à abandonner. Pas encore.

Elle hocha la tête en silence, respectant sa décision. Puis elle lui adressa un sourire rassurant.

— Prends ton temps, Nico. Et promets-moi juste de m’appeler avant de finir dans ta voiture la prochaine fois.

Il lui rendit son sourire, un peu plus léger, un peu moins perdu.

Elle s’assit doucement à côté de lui sur le lit et, sans dire un mot, passa ses bras autour de lui. Nicolas, surpris, se laissa faire, sentant qu’elle était celle qui avait besoin de cette étreinte. Il lui caressa doucement le dos, laissant ce moment de silence s’installer entre eux.

Elle posa sa tête contre son épaule, prenant une grande inspiration, comme pour calmer quelque chose en elle.

— J’ai peur pour toi, Nico, murmura-t-elle enfin, la voix un peu étranglée. Tu te laisses tellement emporter par ce livre, par tout ce passé… C’est pas que je doute de toi, mais j’ai peur que tu te perdes en chemin.

Il resserra ses bras autour d’elle, touché par son inquiétude sincère. Il réalisait que, malgré sa force apparente, Clara cachait aussi ses propres peurs, ses propres doutes. Et dans ce moment de fragilité, il se sentait plus proche d’elle que jamais.

— Clara, je… Je sais que c’est pas facile de me voir comme ça, répondit-il doucement. Je te promets que je vais pas me perdre. Je vais aller au bout... je me relève, toujours.

Elle hocha la tête, sans bouger, son étreinte se faisant plus forte. Puis, elle releva la tête, ses yeux rencontrant les siens, comme pour vérifier la sincérité de ses paroles.

— J’ai besoin de croire ça, glissa-t-elle. Parce que, sans m’en rendre compte, je tiens beaucoup à toi, Nico. Plus que ce que je pensais.

Les mots flottèrent entre eux, lourds de sens. Nicolas se sentit soudain plus ancré, comme si, dans ce simple échange, il trouvait la force qu’il cherchait. Clara lui offrait un réconfort qu’il n’avait pas cherché, mais dont il avait désespérément besoin lui aussi.

Annotations

Vous aimez lire Bad Sale ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0