Chapitre 55

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"Voilà plusieurs jours que Marc était en CHS. Après avoir été sevré de la sédation, mais toujours attaché au lit, il voyait régulièrement un psychiatre qui venait « prendre la température » de son état. Pourtant, les questions posées semblaient flotter au-dessus de lui, sans atteindre vraiment le fond de ses pensées.

– Vous avez toujours envie de vous donner la mort ? demandait le psychiatre, la mine impassible.

Marc cligna des yeux, déconcerté. Il n’avait jamais eu cette intention, sauf peut-être lors de son arrivée au centre hospitalier, dans un moment de désespoir brut. Mais aujourd’hui, cette question lui semblait décalée, absurde presque.

– Voyez-vous toujours une autre personne ? continuait le médecin.

Marc fronça les sourcils. Il n’y avait jamais eu de « personne », pas de visage dans les ombres. Juste ce nom, Thomas, que Sophie, sa compagne, avait indirectement incrusté dans son esprit. L’idée de cet autre homme, insidieuse et destructrice, hantait Marc. Mais il n’avait jamais vu d’autre visage ni entendu de voix. Et il n’avait aucune envie de tuer cet homme, juste l’espoir qu’il s’efface, qu’il disparaisse de sa vie et de ses pensées.

– Vous avez envie de donner la mort ? insista le psychiatre.

Marc sentit une tension monter en lui. Ces questions ne faisaient qu’éloigner le vrai problème. Tout ce qu’il voulait, c’était la paix, retrouver une vie stable, loin de ces idées qui l’empoisonnaient.

– Est-ce que je suis fou ? demanda Marc dans un souffle, plus pour lui-même que pour obtenir une réponse.

Le psychiatre haussa les sourcils, répondant presque sèchement :

– Les génies, on les appelait des fous. Vous n’êtes pas un génie.

Marc sentit une pointe d’amertume naître en lui. Il regarda le plafond, incapable de répondre à cette remarque, ressentant une colère froide et contenue. Ce médecin semblait plus enclin à le classer comme un cas perdu qu’à chercher la raison de son effondrement.

Mais une lueur d’espoir perça dans ses propos : le psychiatre avait mentionné qu’il pourrait bientôt sortir de cette chambre, qu’il pourrait être transféré dans une chambre « normale ». Cette perspective, aussi maigre soit-elle, s’accrocha à lui comme une bouée de sauvetage. L’idée de regagner un semblant de liberté, aussi minime soit-elle, devint un objectif, un repère.

Ainsi, allongé sur ce lit, les poignets attachés, Marc se raccrochait à cette promesse d’un jour meilleur. Le lit, solidement fixé au sol, représentait à la fois sa captivité et l’espoir d’une libération prochaine. Il était vissé là, comme une métaphore de sa propre situation : cloué, retenu de toutes parts, mais encore capable de rêver à une vie hors de ce cauchemar.

Et, malgré l’incompréhension, malgré l’injustice des questions posées, il gardait cette promesse en tête. Un jour, bientôt, il serait libre."

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