Chapitre 37

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Après les critiques sur le début de l'histoire de Marc par Clara, ils passèrent la nuit à se prendre dans les bras, comme pour oublier les mots et transformer la sensibilité de ses écrit en sensualité.

Mais durant la nuit, Nicolas se réveilla en silence. Il quitta le lit sans faire de bruit, laissant Clara endormie, paisible, ses cheveux éparpillés sur l’oreiller. La lumière douce des lampes de chevet effleurait son corps nu, à peine couvert par le drap, laissant entrevoir ses courbes sous un voile fragile. Elle semblait irréelle, presque sacrée, dans cette lumière tamisée qui lui donnait une aura de mystère.

Assis à son bureau, il prit une cigarette et observa. Il la regardait, sans pouvoir détacher ses yeux d’elle, comme si son corps parlait une langue qu’il ne comprenait qu’à moitié. Les moments qu’ils avaient partagés cette nuit-là résonnaient encore en lui, et cette image, ce silence lourd de sens, éveillait en lui une envie viscérale d’écrire.

Les mots jaillirent, comme une rivière trop longtemps contenue. Mais ce n’était pas seulement la chair qu’il voulait capturer. Ce qu’il avait ressenti avec elle dépassait la simple satisfaction du corps. C’était cette tension, ce jeu subtil entre leurs respirations, ce moment où les frontières s’effaçaient et où elle n’était plus seulement un corps à explorer, mais un territoire qu’il habitait.

Il écrivit sur sa façon de s’abandonner à lui, non pas par soumission, mais dans un échange où chaque geste, chaque soupir, devenait une conversation intime. La lumière douce caressant sa peau devenait dans son esprit une métaphore de cette nuit : un équilibre entre le brut et le délicat, l’intense et le fragile.

Il écrivit sur ses doigts qui effleuraient sa peau comme un artiste caresse sa toile, sur sa respiration qui s’accélérait dans l’obscurité, et sur ce moment suspendu où le monde extérieur disparaissait, ne laissant que leurs deux corps, leurs deux présences, dans un mouvement parfait. C’était plus qu’une simple nuit d’amour, plus qu’un plaisir fugace ; c’était un dialogue muet, une danse instinctive qui les avait conduits à se perdre dans l’autre.

Et en écrivant tout cela, il se demanda si elle ressentait la même chose.

Au petit matin, Clara ajustait une boucle d’oreille en argent, son sourire illuminé par l’excitation. Assise sur le bord du lit de Nicolas, elle semblait déjà ailleurs, projetée dans l’effervescence de la grande ville où elle allait bientôt exposer. Nicolas, lui, fumait en silence, contemplant le brouillard de sa cigarette se dissiper dans l’air de son petit appartement.

— Nicolas, j'ai réfléchi à un truc cette nuit. tu devrais venir avec moi.

Sa voix était douce mais insistante.

Il leva un sourcil, surpris.

— Où ça ?

Elle lui lança un regard complice, comme si elle venait de dévoiler une carte maîtresse.

— À un vernissage. Je vais exposer dans une galerie assez réputée, tu sais. Il y aura plein de monde… des journalistes, des critiques, des éditeurs. Ça pourrait être une bonne opportunité pour toi.

Nicolas éteignit sa cigarette et s’assit au bord du lit, pensif. L’idée de se retrouver dans une grande ville, dans un milieu artistique qu’il connaissait à peine, le déstabilisait. Il avait toujours eu l’impression d’être un intrus, de ne pas appartenir à ce genre de mondes brillants. Pourtant, quelque part au fond de lui, l’idée de rencontrer des personnes influentes pour son livre réveillait quelque chose. Il avait investi tellement de lui-même dans cette histoire… et la chance de la faire connaître ne lui était pas souvent offerte.

— T’es sérieuse ? Des gens influents, tu dis ?

Il tenta de dissimuler son intérêt derrière une question anodine.

Clara se rapprocha de lui, un sourire en coin.

— Mais oui, c’est exactement ce qu’il te faut. Ce genre d’événements, c’est idéal pour faire des rencontres, pour parler de ton travail. Je pourrais même te présenter à des personnes qui pourraient t’aider pour ton bouquin.

Il hocha lentement la tête, imaginant déjà la scène. Les lumières tamisées d’une galerie, des gens sophistiqués avec des verres de vin blanc, des discussions où son livre serait au centre de l’attention… Puis, la réalité le rattrapa. Il n’avait pas le charisme de Clara, il n’avait pas son assurance. Il doutait de pouvoir se fondre dans ce genre de cadre.

— Je ne sais pas, Clara. C’est pas vraiment mon truc, ces mondanités…

Elle rit doucement et posa une main sur son épaule.

— Justement, c’est pour ça que tu dois y aller. Il faut que tu sortes de ta zone de confort, que tu te montres. Ton écriture a du potentiel, mais si personne ne sait que tu existes, à quoi bon ?

Il la regarda, son esprit tourbillonnant entre l’envie de fuir et celle de se prouver qu’il en était capable. Clara avait raison. C’était une occasion qu’il ne pouvait pas laisser passer. Peut-être que cette soirée, ce vernissage, pouvait être le tremplin dont il avait besoin.

— D’accord, dit-il enfin. Je vais venir. Mais je te préviens, si je fais un malaise social, tu seras responsable.

Clara éclata de rire et l’embrassa sur la joue.

— Promis, je ne te laisserai pas te noyer. On va s’amuser, et qui sait, tu pourrais bien rencontrer des gens qui changeront ta vie.

Nicolas sourit, tout en ressentant cette pointe d’appréhension au fond de lui. Il ne pouvait pas prévoir comment la soirée allait se dérouler, mais il savait une chose : Clara venait de lui offrir une porte de sortie. Une chance de quitter l’ombre, même pour une soirée. Il souhaitait au fond de lui qu'elle devienne sa muse, malgré la crainte de devoir la perdre un jour ou l'autre.

Avec l'expérience de sa vie, il avait appris à se résigner à ce risque quasi inévitable qui fait partie de cette époque moderne.

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