Quelques minutes avant que la sonnerie du midi ne retentisse, la maîtresse nous demande :

— Je vais rapidement chercher des copies d’exercices, soyez sages ! Je reviens.

Nous la suivons tous du regard jusqu’à ce qu’elle sorte complètement de la classe et que ses pas soient assez loin.

Lorsque je regarde à nouveau ma table, je remarque que mon stylo a disparu ! J’ai oublié de le ranger tout à l’heure, où est-il maintenant ?

— C’est ça que tu cherches ?

Tony s’approche de moi en brandissant mon stylo comme une épée.

L’intégralité des élèves nous épient avec crainte, mais aucun ne souhaite s’interposer. Le silence est pesant.

Je prends mon courage à deux mains et je lui demande poliment :

— Tu peux me rendre ça s’il te plaît ?

Il ricane à s’en tordre les poumons.

— Tu me prends pour une quiche ou quoi ? C’est un stylo magique c’est ça ? Je t’ai vu parler tout seul. Tu as déplacé le contrôle uniquement pour éviter à l’autre la dérouillée de sa vie.

Il s’agit plus d’une affirmation que d’une question. Je rougis et tremble en même temps.

— Non… Non pas du tout… Je…

— Arrête de me mentir ! hurle-t-il.

Son regard me méprise. Rien n’est bon en lui.

— Bon, pour l’utiliser, il faut que j’appuie sur le bouton pour l’ouvrir et…

Il tressaute soudainement, puis chute lourdement sur le sol en relâchant mon stylo. Il se relève péniblement en jurant au moment où la maîtresse rentre dans la classe, munie de feuilles remplies d’exercices.

— Qu’est-ce qui se passe ici ! Je vous avais demandé d’être calme ! Et toi Tony, ça ne t’a pas suffi de redoubler ? Tu vas faire un saut chez le proviseur. J’en ai marre que tu terrorises tout le monde !

Nous observons Tony, tête basse, se diriger chez le proviseur avec madame Madelaine, furieuse.

J’examine entièrement la salle de classe et je constate que tous les regards sont braqués sur moi.

Je décide de mentir à tous mes camarades en leur disant que ce que j’ai voulu faire comprendre à Théo par « stylo magique », cela voulait simplement signifier important pour moi, car c’est mon cadeau d’anniversaire.

Après plusieurs minutes à leur expliquer ce mensonge, l’histoire est oubliée et les bavardages reprennent progressivement.