Tandis que je fais les cent pas dans ma chambre d’hôtel en me posant mille et une questions au sujet de cette fameuse madame Standford, le room service frappe à ma porte, mon repas m’attend. Il est à peine dix-neuf heures et pourtant, j’ai déjà l’estomac dans les chaussettes. En réalité, il faut dire que j’ai passé une agréable journée à faire les magasins en compagnie de ma sœur, même si le froid me glaçait jusqu’aux os, c’était vraiment super de passer du temps avec elle. Sincèrement, on devrait le sortir plus souvent !

Enfin repue de nourriture, je me dirige vers la salle de bain et ouvre le robinet d’eau chaude de la baignoire. J’y verse des cristaux moussants aux fragrances de vanille et entreprend de me mettre nue quand l’envie me prend d’écouter de la musique. Sur mon smartphone, j’enclenche ma playlist et me déshabille face au miroir en chantant. Mon reflet me fait de l’œil et, naturellement, je me trémousse sur les airs d’une chanson de Camila Cabello. À cet instant, je dois bien avouer que nue, ma performance renvoie un tout autre effet !

Alors que je suis confortablement allongée dans la baignoire, mon portable sonne dans l’autre pièce. J’imagine qu’il s’agit de ma mère. Je termine donc de me laver rapidement et me dépêche de la rappeler avant qu’il ne soit l’heure de rejoindre la salle des fêtes.

— Salut maman, je ne te dérange pas ? je demande en activant le haut-parleur.

— Oh non ma puce, pas du tout ! J’ai vu que tu avais essayé de m’appeler tout à l’heure, mais j’étais occupée avec ta sœur. Tout va bien ?

— Oui, ne t’inquiète pas, je me suis doutée. Dis, j’ai besoin de tes lumières ma petite maman chérie, tu as une minute ?

— Oui, évidemment, mais… Tu n’as pas d’électricité dans ton hôtel ?

Je me mets à glousser et ma mère comprend alors où je voulais en venir. Elle ricane à son tour, puis demande :

— De mes conseils, tu voulais dire ! Je t’écoute ma chérie…

— Eh bien voilà, une femme m’a abordée ce matin et elle veut me voir en entretien dans son agence… Elle m’a dit plein de compliments, mais… Je ne sais pas si c’est une bonne idée, je doute beaucoup et en même temps, je crois que j’ai envie de la rejoindre…

— D’accord… Mais tu ne m’as pas dit de quelle agence il s’agit… Si j’en savais plus, je pourrais mieux t’aider, tu ne crois pas ?

— Oh… Heu… Une agence d’escort-gril, je balance un peu trop rapidement.

Je ne sais pas pourquoi lui annoncer de vive voix me gêne, je n’ai pourtant jamais eu honte de dire quoi que ce soit à ma mère. Je sens, au fond de mon coeur, dans ses paroles et dans ses gestes, qu’elle aime indéfiniment et qu’elle sera toujours de bons conseils sans jamais me juger…

— Je vois… Je vais te dire une chose, Alicia. Ce n’est pas parce que tu iras au rendez-vous que tu accepteras sa proposition. Tu peux très bien y aller et voir ce qu’elle te propose. Discuter gentiment des termes du contrat et tout ça avant de faire ton choix ma puce. Le fait est qu’en refusant catégoriquement cet entretien, tu fais la malpolie et ce n’est pas de cette façon que nous t’avons éduqué ton père et moi. Après tout, c’est peut-être une belle opportunité qui se présente à toi, non ? Enfin… C’est toi la chef, mais je veux juste que tu comprennes qu’il te faut plus d’informations avant de prendre une décision.

Maman a toujours eu les mots pour me remettre dans le droit chemin, c’est fou ! Mais pour le coup, je me sens un peu mitigée… Quoi qu’il en soit, j’ai encore le temps de réfléchir… Toute une semaine à vrai dire…

— Tu as sans doute raison… Je te tiens au courant de toute façon. Je dois te laisser, l’heure tourne beaucoup trop vite ! Je t’embrasse très fort, à demain !

Il est désormais vingt et une heures trente, je suis lavée, épilée et j’attends Alizée qui doit me conduire à la salle. Mon sac est prêt, je me parfume abondamment puis vérifie mon reflet dans le miroir sur pied près du lit. Mes sous-vêtements doivent rester une belle surprise alors, pour bien les cacher, j’ai opté pour une longue robe argentée légèrement décolletée. Mon maquillage, comme lors de tous mes shows, est très prononcé, mais je me dois de le faire pour qu’il tienne toute une nuit. Quand je me produis en spectacle, je n’ai absolument pas le temps de prendre, ne serait-ce que cinq minutes pour le réajuster !

Mes cheveux blonds sont ondulés et pour donner un effet de volume et de stabilité, je me suis appliquée à bien les laquer. Il ne me reste plus qu’à enfiler mes Louboutin en vernis noir, ce que je fais sans perdre une seconde.

Après un selfie que j’envoie directement sur Instagram pour mes fans, j’ajoute dans ma besace une huile scintillante pour le corps que j’ai failli oublier ainsi que mon téléphone portable et le tour est joué,

Cinq coups résonnent contre le battant, il est l’heure, Alizée est là. Je suis tellement impatiente que lorsque je lui ouvre la porte, je manque de m’étaler à ses pieds. Ma mâchoire se décroche presque lorsque je vois ma sœur aussi belle, aussi radieuse !

— Bah quoi ? Commence-t-elle, t’as vu un fantôme ?

Sans pouvoir faire autrement, je la scrute de la tête aux pieds. Je ne savais même pas qu’elle avait une aussi belle garde-robe ! Franchement, est-ce que je la connais vraiment ? Sa longue robe rouge met ses courbes en valeur sans la rendre trop provocante, c’est tout juste assez entre le chic et le sexy. Je suis clouée, littéralement impressionnée !

— Putain, Alizée, tu es à tomber ! Waouh ! fais-je en avançant dans le couloir à ses côtés.

Ma sœur me gratifie d’un sourire spectaculaire, mais ne répond pas à mon compliment. La seule qu’elle me dit, c’est :

— Et toi, tu es renversante, comme toujours, ma petite sœur. Je suis vraiment contente de passer du temps avec toi. Ça fait du bien, tu sais ?

Elle me dit de si belles choses, mais ne me regarde pas. Bon, il ne faut pas trop lui en demander non plus. C’est d’ailleurs la première fois qu’elle me dit des machins aussi gentils alors, je vais m’en contenter…

Après ça, nous prenons l’ascenseur en silence et montons en voiture, toujours silencieusement jusqu’à ce que nous arrivions sur le parking de l’événement. C’est alors qu’Alizée me dit :

— Alicia, je veux que tu danses pour moi. Je veux que tu fasses comme si j’étais un homme et que tu voulais me draguer. Je dois pouvoir apprendre le maximum de choses et pour cela, j’ai besoin de voir ces expressions sur ton visage, ta gestuelle et tout le reste. Alors, s’il te plaît, fais ça pour moi…

— Compte sur moi ma sœur, je t’aime, dis-je en sortant du véhicule, prête pour le grand show.