Chapitre 12 : Période d'essai

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Comme je l’avais imaginé, l’intérieur est super grand. Tout brille du sol au plafond et toutes ces étincelles me font plisser les yeux. Le soleil ne lâche rien ce matin, il réchauffe les corps, mais surtout, il éblouit. Et cette migraine qui commence à gagner du chemin ne fait qu’aggraver la chose. Une agréable mélodie jouée au piano résonne dans le hall entièrement vide. Toute cette place inutilisée me déboussole, moi qui cherchais, il y a quelques mois encore, un endroit ou donner des cours de danse…

— C’est étrange ici, tu ne trouves pas ? On dirait un laboratoire ou un truc du genre qui fait flipper, comme dans les films d’horreur, me lance Gabin juste derrière moi.

Je me tourne d’un bond, je ne savais même pas qu’il était entré avec moi !

— Pourquoi tu me suis ? Tu veux prendre des cours toi aussi ?

— Bah… Je t’accompagne, on est pote maintenant, non ? Mais si j’avais des cours à prendre, je te choisirais comme prof ! concède-t-il avec un clin d’œil des plus prometteurs.

Je hoche la tête, car je n’ai pas envie de râler, une fois de plus, à ses répliques. De plus, il ne me dérange pas et j’aurai besoin de lui pour rentrer à l’hôtel alors, je fixe un sourire faux sur mes lèvres et avance dans le couloir qui me mène je ne sais où.

Tout est démesuré ici, le couloir s’étend à perte de vue et il n’y a aucune indication précise, si ce n’est une pancarte faite à la main où il est inscrit : Bureau au fond à droite, suivi d’une flèche.

Vraiment, ils ne s’embêtent pas ! Je ne sais même pas dans quel bureau je dois me rendre et en plus j’ai l’impression qu’il n’y a pas âmes qui vivent !

Je déambule en scrutant chaque plaque quand enfin, je trouve le panneau qui m’indique le bureau de madame Standford. Trois coups sur la porte plus tard, j’entends sa voix qui me crie à l’intérieur :

— C’est occupé !

Dire que je suis étonnée serait faux, évidemment, cette femme, comme je m’en doutais, possède un charisme et un caractère de foudre. Néanmoins, je frappe une seconde fois à la porte et tant pis, je l’ouvre…

Quelle erreur !

Lorsque je passe la tête par l’entrebâillement, je trouve une Amy reluquant trois hommes presque à poil. Ils portent tous seulement un caleçon. Que fait-elle avec eux ? Malgré le fait que je suis choquée, je ne peux m’empêcher de garder mes yeux fixés sur eux. On dirait qu’ils sortent tout droit de mes fantasmes les plus fous ! Des mannequins, ça ne peut être que ça et ça devrait être interdit d’être si bien gaulé !

— Alicia ?! Oh, comme je suis contente de te voir ! Ne reste pas là, entre ! me lance mon hôte d’une voix enjouée.

Tous les regards se braquent sur moi lorsque je franchis les portes, les garçons remontent leur pantalon et s’installent sur le divan crème au fond de la pièce. Ils attendent sagement, les mains ou les coudes sur les jambes. On dirait des soumis, c’est vraiment étrange !

— Bonjour Amy, vous allez bien ? je demande, polie.

— Oh oui ! Oui, très bien ! Je ne pensais pas te voir avant lundi, tu es en avance, mais je suis heureuse que tu aies changé d’avis !

— Je voulais vous voir à ce sujet, oui, mais aussi pour autre chose. On pourrait en discuter… seule à seule ? Je demande en tournant la tête vers les trois boys band assis à ma gauche.

Madame Standford hoche vigoureusement la tête puis ordonne aux soumis d’attendre dehors. Comme un seul homme, ils se lèvent et sortent du bureau. Bizarrement, Gabin leur serre la main avant qu’ils ne disparaissent, tous les quatre, dans le dédale de couloirs interminables.

Lorsque tout est calme dans le bureau d’Amy, je ferme la porte, je m’installe sur la seule chaise présente derrière son meuble puis passe aux aveux :

— Voilà, tout d’abord, je viens prendre rendez-vous pour un cours d’effeuillage. Vous faites ça dans votre club de danse ?

Elle me regarde, passablement surprise par ma demande alors je clarifie :

— Ce n’est pas pour moi évidemment, vous savez bien que je connais la chanson ! C’est un cadeau que je voudrais offrir à quelqu’un que j’apprécie beaucoup, elle en a vraiment besoin…

Amy semble être soulagée de l’apprendre et sort un agenda de son tiroir. Elle le feuillette durant quelques secondes puis déclare :

— Tu as de la chance ! Magnolia donne deux leçons ce soir. Une à 19 heures, l’autre à 21 heures. Je t’inscris sur quelle tranche horaire ?

Il me faut peu de temps pour faire mon choix ! Je vois déjà notre soirée entre sœur : resto vers 18 heures 30 suivit d’un cours de strip-tease plus que plaisant ! Elle va être aux anges ma moitié de sang !

— Très bien, dit Amy en inscrivant mon nom dans son agenda. Et pour ma proposition alors, tu voulais aussi m’en parler ?

Je déglutis, car en réalité, je n’ai pas réellement fait mon choix, d’ailleurs, je n’étais pas vraiment là pour ça. Mais une idée me vient à l’esprit :

— Oui, je voulais d’abord savoir s’il y a une période d’essai ?

— Oui, c’est possible, Alicia ! Tout est possible en ce qui te concerne. Je te l’ai dit, tu serais un élément clé de mon entreprise alors, vois-tu, je serai prête à faire tous tes caprices, lance-t-elle en rigolant d’une voix grave. Plus sérieusement, disons… une semaine pour l’essai ?

Elle devrait arrêter de fumer…

— Je pensais plutôt à… deux jours ?

— Très bien ! Ça me va !

Elle tripote à nouveau dans ses tiroirs, puis navigue sur son ordinateur. Sa machine à imprimer démarre et des feuilles en sortent, noircies. Amy se lève et part les chercher. Elle paraphe chaque page puis me les tend :

— Voici les formalités. Tu seras payée pour chaque client, au salaire plein, comme si tu étais sous contrat. Tu as des questions ?

Ah ça oui, j’en ai !

— Les clients, je les trouve où et comment ? La période d’essai démarre quand ? Que dois-je faire avec eux ? Je ne connais rien à ce monde, dis-je en rougissant je ne sais pour quelle raison.

Mes oreilles deviennent bouillantes et mes mains transpirent. Je n’ai jamais été autant stressée de toute ma vie ! Enfin, si. Sans doute une ou deux fois…

— Alors pour les clients, je m’occupe de tout. J’ai juste besoin de ton numéro de téléphone pour te transmettre les « envies » des hommes et leur demande en termes de service. Tu peux tout aussi bien les accompagner au restaurant pour un dîner galant, comme tu peux servir à leur procurer du plaisir. Tu me suis ?

— Oui, je crois…

Elle acquiesce puis poursuit :

— Pour ce qui est de la période d’essai, plus vite tu commenceras et mieux ce sera. Nous avons dit deux jours, mais libre à toi de choisir le nombre de tes clients ! On peut mettre la barre basse pour le premier puis l’élever afin que tu « goûtes » à tout ce qui touche au métier. C’est toi qui vois, ma belle…

Tout à coup, je me sens comme paralysée par… la peur ? Mes lèvres sont entrouvertes, mais l’air peine à y passer. Sans répondre, je cligne plusieurs fois des paupières en essayant de me ressaisir. Amy se lève et me sert un verre d’eau. La migraine fait toujours la guerre dans ma tête, mais les questions se bousculent inlassablement.

Je mets mon cerveau en « off » et signe les documents.

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