Pensées de Novembre : Posséder et appartenir

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C’est quand on prend le temps de réfléchir qu’on se rend compte que ça ne tourne pas rond.

Je prends souvent les choses pour acquises, comme si elles étaient éternelles : mon argent, mon appartement, mes chats, ma famille, mes amis, mon amoureux… Ils m’appartiennent. Je les possède, ils sont à moi. S’ils font actuellement partie de ma vie, c’est que c’est là pour durer. L’objectif, c’est de ne rien perdre, mais de tout créer, de tout garder. Pourtant, s’il y a bien quelqu’un qui connaît l’éphémère derrière chaque relation, c’est bien moi (je ne veux pas parler de la mort dans ce texte). En prenant tout pour acquis, on oublie les efforts pour tout entretenir. Car ce n’est pas parce que tu l’as que ça restera toujours. Si tu n’entretiens rien, si tu ne mets pas les efforts, tout finit par se briser. Et tu te demandes ce que tu as fait de mal ; tu as pris pour acquis et tu as baissé les bras.

Dans ce désir de posséder les choses et les gens, vient aussi le besoin d’appartenir. L’équilibre entre le posséder et l’appartenir, c’est ce qu’on peut aussi appeler le donner et le recevoir. On veut donner son amour, son temps et ses pensées à des gens, en pensant que ces gestes, ces attentions, nous serons rendus. De cet équilibre fragile entre le posséder/recevoir et l’appartenir/donner, je me rends compte que je dois reprendre pieds sur la corde raide, pour ne plus tomber dans l'excès. Je suis une personne qui aime trop, qui care trop. Si tu es quelqu’un d’important à mes yeux (et je ne parle pas ici nécessairement d’Amour), j’ai besoin d’être en contact avec toi, de savoir que tu vas bien… de savoir qu’on va bien. Le problème, c’est que je suis maladroite dans mes relations. Je donne trop pour ce qu’on peut me rendre. Je donne trop, en sachant qu’on ne me le rendra pas. Il m’arrive de me blesser, à cause de mon insécurité : j’ai peur d’être seule, tellement qu’à force de ne pas vouloir l’être, je le suis. Je m’impose ma solitude. Ça devient simple, être seule. L’absence de possession nous fait parfois oublier, qu’on n’appartient aussi à personne. Mais je sais, qu’au fond, rien ne m’appartient et que je ne n'appartiendrai jamais vraiment à qui que ce soit. La seule relation que je possède et la seule personne à qui j’appartiens… c’est moi-même.

Parfois, j’ai peur de donner mon opinion, car j’ai peur d’être un imposteur. Suis-je vraiment intelligente? Est-ce que mes pensées, mes opinions, m’appartiennent vraiment ou si, dans mon désir de plaire, d’appartenir, je récolte ces mots de la bouche des autres qui m’entourent? Et si j’étais niaise, au final? J’ai peur de m’auto-faire croire que j’ai quelque chose à dire, à exprimer, que j’ai quelque chose à apporter autour de moi. J’ai peur de ne pas pouvoir sauver le monde.

De nos jours, on dit que la société est rendue individualiste. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette vision, puisque d’être individuel, c’est aussi de se centrer sur soi et ses besoins, ce qu’on ne fait pas, dans notre quotidien. On avance à vive allure vers des objectifs à courts termes, vers des besoins sans profondeur. Nous sommes seuls sans être des individus. Notre nombril nous obnubile, oui, mais sans vraiment le voir. Transparents humains à la recherche de sens. Nous sommes grégaires et séparés, tous sur notre trajectoire parallèle. Nous avançons tous vers un objectif commun, sans le voir et sans travailler ensemble pour l’atteindre. Je sais que je suis idéaliste et rêveuse, je souhaite que nous devenions des individus collectifs : conscients de notre propre individualité et de notre potentiel pour le partager avec les autres. Savoir prendre soin de soi pour prendre soin de son environnement et d’autrui. Redevenir une collectivité, des communautés unis. J’ai un cours cette session dans lequel on parle énormément du tissu social, ce filet de sécurité qu’on a étiré, émaillé et perdu, avec l’apparition des grandes villes. On s’est séparé pour devenir vide, chacun de notre côté. On vit bien, sans vivre pleinement, car je crois que c’est impossible d’être parfaitement heureux et seul sur son chemin.

Je n’ai pas de conclusion, à ce texte. Ce n’est, après tout, que des pensées mises en mots. Je ne détiens pas la seule vérité, mais j’ai bien mon unique point de vue sur la vie qui est, au final, la seule chose que je peux posséder.

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