La conspiration

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Argos s’avança vers le centre de la pièce, s’arrêta devant le seigneur en essayant de soutenir le regard sombre de l’àlfar.

- Puis-je connaître votre nom ? demande alors le seigneur.

Ne sachant ce qu’il adviendrait de sa vie s’il dévoilait son identité, il sentit tout à coup son rythme cardiaque s’accélérer peu à peu.

- Mon nom est Argos, dit il.

- Votre patronyme ne m’est familier, dit le seigneur. Vous n’êtes guère un àlfar et vous n’êtes en aucun cas un mortel, vous êtes une divinité.

- En effet, dit Argos en s’efforçant de prononcer ces mots.

Le noble le considéra un instant, ne put qu'estimer l’hardiesse de cette créature divine. Il croisa ses mains derrière son dos.

- Si les jours de Naranwe n’étaient comptés, dit le seigneur. Votre tête ne serais à présent rattachée à votre corps.

- Qu’insinuez-vous par là ? dit Argos troublé par de tels paroles.

- Naranwe est membre d’une famille de hautes lignées, dit le seigneur. Il est naturellement la cible d’un complot d’un peuple d’Àlfheim que l'on nomme les drows. Ils ont jadis proclamé la décimation des nobles et de la royauté. La cause est l’invasion, la répression des àlfars sur leur terre. Je ne souhaite perdre de nouveau un être qui m'est cher.

Argos aperçut subitement un grand portrait au cadre sculpté d’or accroché au fond de la pièce. Voyant son regard se détourner, le seigneur décroisa les mains, se retourna. Il s’approcha lentement du tableau qui représentait une àlfar puis s’arrêta en le contemplant, son interlocuteur le rejoignit. La créature avait une chevelure d’un blond doré, courte et ondulée. Elle était décoiffée, portait un diadème, ses iris d’un gris acier était semblable à celui de Naranwe. L'àlfar était vêtue d’une robe bleu nuit sans manches aux motifs fleuris délicatement ornés. Assise sur un trône, ses mains aux doigts fins étaient posées l’une sur l’autre.

- Il s’agit d’Eledwen, dit le seigneur. Ma tendre épouse qui a rendu l’âme lorsque Naranwe est venu en ce monde.

Il tourna le regard en direction du noble. Ainsi donc son compagnon de voyage avait vu le jour dans des circonstances similaires aux siens. Le seigneur se mit face au jeune dieu.

- Puisque vous vous êtes présenté, je me dois de vous retourner la bienséance, dit le seigneur. Je me nomme Sedryn Mithril et je serais votre hôte à Ostinendhil. Votre alcôve se situe à l’étage, deuxième porte à gauche.

- Je vous remercie de votre hospitalité, dit Argos.

Il traversa la salle de réception. Épuisé par le voyage qu’il venait de vivre, il monta les marches de pierres puis se trouva dans un couloir au sol tapissé. Il avança dans le corridor, tourna la poignée qui menait vers la chambre à coucher. Il ouvrit la porte et lorsqu'il franchit le seuil, il referma derrière lui. La pièce était composée d'un alcôve dont le bois fut décoré par des branches, encadré par un ciel de lit de voiles blanches et transparentes. Une table sur laquelle étaient posés une plume, un encrier et des rouleaux de manuscrits juxtaposait l’alcôve ainsi qu’une chaise en osier. Un tapis recouvrait le sol dallé ainsi qu'un meuble sculpté de feuilles d’or proche des fenêtres ouvertes dont les draperies s'envolèrent.

Argos sentit une légère brise provenant de l’extérieur. Il se retourna, s’approcha de la rambarde. Il contempla le paysage de montagnes verdoyantes, baissa les yeux vers l’abîme qui entourait l’arrière de la forteresse puis redressa la tête.Il décida de fermer les fenêtres, s’approcha du lit et enleva son manteau de velours et son fendard. Il se mit à l’intérieur de l’alcôve en se couvrant d’un drap en soie, soupira en pensant à la parole prononcée par le seigneur de la forteresse. Il ferma les paupières en sombrant dans un profond sommeil.

Lorsque la lune se montra dans le ciel nocturne, il se réveilla. Il resta un instant allongé dans l’alcôve, se frotta les yeux. Il décida de se lever afin de se changer et retira la couverture. Il se mit debout, enleva ses bandages puis avança vers le meuble en bois. Il ouvrit un tiroir, prit un fendard propre qu’il enfila, trouva des sandales qu’il chaussa. Sentant l'appétit le tenailler, il avança vers la porte de la chambrée. Il tourna la poignée, sortit de la pièce. Le jeune dieu aperçut le domestique proche de la porte, lui informa que le repas était servi à la salle de séjour. Il suivit l’àlfar qui le mena à l’étage plus bas puis quand ils furent sur le palier, ils tournèrent à gauche de la pièce de réception, franchirent le seuil. Il vit le fils de l’hôte attablé, le rejoignit en se mettant face à lui. Il baissa les yeux devant un potage de légumes fumant, une coupe d’hydromel et une galette de fruits rouges. Ils se sustentèrent jusqu’à ce qu’il rompit le silence.

- As-t-il perçu ton identité ? demande soudainement Naranwe.

- Comment le sais-tu ? dit Argos en signe de réponse.

- Il a fait usage d’une plante que l’on nomme symbelmyne, dit Naranwe. Elle permet de dévoiler la véritable apparence de celui qui la dissimule. Puisque ton voyage s'achève, je peux te ramener aurprès de ton paternel.

- Je suis en bonne compagnie à Ostinendhil, dit Argos. Bien que je préfère le climat agréable du Mont Olympe.

-Ton enthousiasme fait plaisir à voir, dit Naranwe d’un ton ironique. Tu peux donc rester dans la forteresse autant que tu le souhaiteras.

L’àlfar se leva, sortit de la salle en laissant Argos seul dans ses pensées. Il entendit frapper à la porte de l'entrée de la forteresse, s’empressa de descendre les marches de pierres afin de ne faire attendre le visiteur. Il traversa le hall d’entrée à grand pas, s’arrêta devant les battants en chêne en se demandant où se trouvait le domestique.

Il ouvrit l’une des portes et lorsque l’àlfar enleva le capuchon, il se figea. Il reconnut le visage sans expression de son partenaire d'armes.

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