Faux-semblant
Le jeune dieu se releva tant bien que mal en s’asseyant au bord de l’alcôve, aperçut un sac de voyage posé sur la table.
- Comment nous as-tu retrouvé ? demande Argos.
- J’avais une cartographie à ma disposition, dit Alfirin. Comme j’étais en compagnie d’Artémis, elle m’a amené près de la forteresse.
En le voyant baisser le regard, elle lui demanda à présent comment il se portait. Argos pensait qu’elle faisait référence au fait qu’elle l’avait trouvé inconscient sur le sol de la chambrée. Il lui assura que cela est dû à l’épuisement.
- La paume de ta main droite était légèrement maculée de sang, dit Alfirin. Je ne sais quel est ce symptôme, mais tu devrais consulter le domestique ou Naranwe pour que l’un deux t’administre un remède.
- Je vais bien Alfirin, dit Argos d’un ton sans réplique. Il faut seulement que je me repose.
Elle l’observa un instant puis changea de sujet de conversation, lui demanda son avis à propos de cet endroit.
- Elle est semblable à son hôte, distante et froide, dit Argos en voyant Alfirin sourire à sa remarque.
-Tu as donc rencontré le paternel de Naranwe, dit Alfirin. Je ne doute qu’il soit semblable à notre cher compagnon de voyage.
- En effet, dit Argos. J’ai aussi rencontré son partenaire d’armes.
À ces mots, l’expression de l’Amazonide se modifia. Comment l’héritier de Cormallen avait pu survivre suite à sa captivité ? La rumeur disait que les drows prenaient la vie à tous les nobles des terres d’Àlfheim sans exception.
- Il ne devrait subsister, dit Alfirin. Les àlfars de hautes lignées sont systématiquement assassinés.
- Le seigneur d’Ostinendhil me l’as narré, dit Argos. Il semblerait que la mémoire de la créature a été altérée, ce qui explique le fait qu’il a attaqué Naranwe.
- Je l’ai connu jadis lors de nos études à l’académie de Miryan, je ne peux croire qu’il ait de tels agissements, dit Alfirin stupéfaite par ces mots.
- Il est pourtant devenu un drow, dit Argos qui insista. La capacité de guérir est celle des divinités et il est capable de se régénérer.
- Depuis quelques décennies le pouvoir des drow s’est accru en utilisant des incantations défendues, dit Alfirin. Cela a été valable grâce à la coopération d’un certain dieu.
Argos leva les yeux vers l’Amazonide, sut qui était cette divinité en question. Il sentit soudainement une douleur lancinante parcourir son crâne, vit Alfirin s’approcher et s’agenouiller auprès de lui. Il put prononcer quelques paroles audibles à propos de se laver.
Son compagnon de voyage le renseigna alors de sa présence dans la salle de séjour, se releva puis fit quelques pas en direction de l’entrée qu’elle ouvrit. Il entendit la porte fermer, tourna la tête vers une bassine en bois posée sur de courts trépieds. Il se leva, s’avança du large récipient, effleura de ses doigts la surface de l’eau afin de vérifier si elle était chaude ce qui fut le cas. Il se dévêtit, entra à l’intérieur de l’eau. Il sentit ses membres se détendre, ses paupières devenant lourdes, ferma les yeux. Il posa la tête en arrière en s’immergeant complètement, se remémora tout à coup d'un souvenir qu’il n’avait eu conscience de l’avoir négligé. Celui dans lequel il s’était abreuvé du nectar offert par Poséidon qui prit tout à coup l’apparence de la divinité infernale.
Le jeune dieu se releva brusquement en ouvrant les yeux, remarqua qu’il avait repris sa taille initiale. Il prit un textile de laine placé au bord de la bassine, se mit debout tout en enveloppant le tissu autour de la taille. Il sortit du liquide, son corps ruisselant de gouttes. Il décida de changer d’accoutrement, s’avança du meuble proche de la fenêtre. Il ouvrit un tiroir, trouva une étoffe semblable puis essuya ses cheveux de nouveaux bouclés, ses bras et ses jambes. Il le laissa sur le meuble, prit une tunique et un fendard qu’il enfila, détacha le tissu qu’il porta autour de la taille. Il le plia, le mit dans le compartiment et contourna l’alcôve. Il s’accroupit afin d’attacher ses sandales, se redressa, parcourut la pièce en direction de la porte qu’il ouvrit. Il sortit de la chambre à coucher, traversa le couloir. Il descendit les marches de pierre et perçut alors le bruissement d’ailes d’oiseaux ainsi qu’une porte entrouverte qui semblait mener à une volière.
Il monta l’escalier en colimaçon en s’agrippant à la rambarde en fer, voulant découvrir une nouvelle partie de la forteresse. Lorsqu’il arriva sur le palier, il entendit le cri de busards dans l’espace circulaire, regarda le plafond en voûte. Il baissa les yeux, voyant le drow accrocher un rouleau de manuscrit miniature à la serre de l’un des rapaces. Il ne sut que faire si ce n’était qu’informer le seigneur ou son compagnon de voyage d’une éventuelle attaque. Il se retourna afin de pouvoir prévenir qui que se soit mais le passage fut inaccessible par la créature qui le faisait face.
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