Code 13
Février 1986
Dans une des salles de réunion que compte l’Agence, deux éminents scientifiques, Thania Johnson, docteur en bio-ingénierie, et Nikolaï Petrokovich, docteur en virologie, présentèrent un projet révolutionnaire à l'Organisation. Ce dernier consistait en la création de supers agents de terrain via l'injection d'un virus créé artificiellement. Après inoculation, ce dernier allait modifier l’organisme du sujet et ainsi décupler ses capacités physiques et intellectuelles. A la suite d’un très long exposé de plus de trois heures durant lequel les deux chercheurs marquèrent les points cruciaux de cette initiative, la phase de questions-réponses débuta.
Après une courte période de délibération, les membres présents à cette réunion décidèrent tout d’abord que ce projet porterait dorénavant le nom de Code XIII. Ensuite, afin de s’assurer de son efficacité, une première phase de test fut suggérée et un budget de plusieurs dizaines de millions de dollars fut alloué.
Mars 1986
Sous les ordres directs des dirigeants de l'Agence, Max Dweller, soldat d'élites ayant participé à diverses missions secrètes à travers le globe, fut chargée de dépêcher des hommes triés sur le volet afin de protéger l’équipe de scientifiques désignée par les docteurs Johnson et Petrokovich. Cette délégation fut par la suite envoyée autour du monde à la recherche de potentiels candidats.
Des rapports furent régulièrement envoyés aux deux scientifiques, ainsi qu’aux dirigeants de l’Agence. Ces derniers contenaient des informations détaillées sur la localisation des sujets, leur âge, leurs conditions physiques, et l’environnement sociale dans lequel ils évoluaient.
Septembre 1986
Après six mois d'observation, les meilleurs échantillons furent enfin prélevés. Une certaine de sujets âgés entre 12 et 16 ans fut drogué et extrait de leur environnement avant d'être transporté par avion dans un lieu ultra confidentiel connu sous l'acronyme Z.E.R.P (Zone d'entraînement et de Recherches Paramilitaire).
De nombreux incidents furent reportés durant le transport des échantillons. Plusieurs d’entre eux essayèrent de s’enfuir. Aucune tentative ne porta cependant ses fruits, les hommes du Colonel Dweller ayant eu le droit d’utiliser la force si nécessaire.
Dès leur arrivée au Z.E.R.P, les sujets furent séparés selon leur sexe et conduits dans leurs dortoirs. Ces derniers étaient immenses et pouvaient accueillir jusqu'à deux cents cobayes par groupe. Des gardes armés étaient postés à toutes les entrées et sorties afin de dissuader tout nouvel acte rébellion de leur part.
Les candidats reçurent leurs uniformes blancs avec leur numéro inscrit dessus, ainsi que le nécessaire à leur toilette. Une brève introduction du règlement fut donnée par le Colonel Dweller. Celle-ci terminée, les sujets eurent l’autorisation de profiter de leurs dernières heures de normalité.
Le lendemain à la première heure, des soldats armés vint réveiller les sujets. Ces derniers n'eurent que dix minutes pour se préparer avant d'être conduits en rang dans une autre salle où le virus crée par les docteurs Johnson et Petrokovich allait leur être inoculé. Sur place, une groupe de quatre scientifiques les attendaient munis d'injecteurs médicaux et une large quantité de fioles contenant une substance nutritive et les travaux des deux chercheurs. Les sujets furent alors disposés dans quatre rangs distincts et, les uns à la suite des autres, reçurent le microorganisme dans leur corps.
Une fois le dernier cobaye infecté, le groupe fut ensuite conduit dans une énième salle disposant de divers appareils d'entraînement physique. L’objectif était de voir à quelle vitesse le virus modifiait l’organisme des sujets.
L’expérience débuta quelques minutes après leur arrivée. Cette dernière visait l’obtention de données brutes sur leurs performances initiales. Pour ce faire, divers capteurs furent placés sur les cobayes. Des données relatives au déroulement de l’expérimentation témoin furent attachées et envoyées par courriel aux hautes instances de l’Agence, ainsi qu’aux docteurs Johnson et Petrokovich. Une copie fut néanmoins confiée à moi-même afin de les consigner dans ce rapport.
Les sujets présentèrent des résultats atypiques. La durée moyenne pour parcourir une distance de 100 mètres variait de 16,21 secondes à 12,57 secondes chez les cobayes de sexe masculin contre 18,79 secondes à 14,02 secondes chez ceux du sexe opposé.
En ce qui concernait leur endurance, les données des sujets étaient plutôt prometteuses. Sous la menace des hommes du Colonel Dweller, les sujets males s’écroulaient en moyenne dans un intervalle compris entre 21 et 48 minutes. L’autre groupe n’était pas loin avec leurs résultats inclus entre 17 et 52 min.
Les sujets furent ensuite testés sur la masse qu’ils pouvaient transporter sur diverses distance, la plus longue étant 500 mètres. Là encore, les résultats n’avaient rien de très impressionnants.
Apres cette longue série de tests, les soldats reçurent pour ordre de regrouper tous les candidats et de les conduire au réfectoire. Leur repas étant terminé, on les reconduisit dans leurs quartiers pour qu’ils se reposent avant le début des entrainements prévus pour le jour d’après.
Octobre 1986
Au bout de deux semaines d’entrainements intensifs, les premiers résultats de la phase de test commencèrent à se manifester. Le virus injecté dans l’organisme des cobayes provoqua une modification leur métabolisme, augmentant drastiquement leurs performances de plus de 30%. L’équipe de chercheurs en charge des tests reçurent pour ordre d’effectuer des prélèvements réguliers de sang et de sperme, la consigne étant de déceler la moindre irrégularité chez les sujets.
Novembre 1986
A la suite des analyses menées par l’équipe de recherche, des anomalies furent découvertes. Les scientifiques se rendirent compte que le virus avait provoqué une dégénérescence rapide des cellules de l'organisme des sujets quelques temps après l’injection. Selon leurs estimations, la durée de vie des cobayes avait largement été réduite, ne leur laissant qu’une dizaine d’années dans le meilleur des scenarios. Un rapport fut immédiatement transmis aux responsables du projet, ainsi qu’aux dirigeants de l’Agence.
Décembre 1986
Des altercations entre plusieurs sujets éclatèrent au réfectoire. Ces dernières faisaient suite à des tensions grandissantes entre eux. Les hommes du Colonel Dweller reçurent donc l’ordre d’intervenir et de mettre fin à tout acte jugé inapproprié.
Durant leur intervention, le cobaye le plus agressif ligua les autres individus contre nos hommes. Ceux-ci n’eurent d’autre choix que de faire usage de la force avant de tous les sédater et d’isoler le meneur dans une des pièces spécialement conçues à cet effet.
Une enquête fut par la suite menée afin de déterminer si ces actes avaient été oui ou non réaliser de manière intentionnelle. Au sortir de celle-ci, il s’avéra que les derniers évènements furent prémédités. De sévères conséquences allaient donc en découler.
Janvier 1987
Les résultats de l'expérience dépassèrent toutes nos estimations. Les sujets connurent une large augmentation de leurs capacités de plus de 300%. Il était désormais temps de lancer les préparatifs pour la phase finale de l'expérimentation.
Mars 1987
Les niveaux de sécurité furent désormais baissés de moitié autour des quartiers des cobayes. Comme nous l’espérions, ils en profitèrent pour échafauder un plan d'évasion sans se douter un seul instant qu’ils étaient sous surveillance.
Avril 1987
Après de nombreuses semaines de mises au point, les sujets mirent finalement leur plan à exécution. Grace aux cameras de vidéosurveillance, nous fumes en mesure de les observer procéder. Les images nous montrèrent la manière dont les candidats assommèrent les soldats assignés à leur surveillance et s'emparèrent de leurs armes.
Afin de leur rendre la tache un peu plus ardue, un groupe d'intervention fut immédiatement dépêché pour tenter d'endiguer cette rébellion. Cela échoua cependant, les sujets étant désormais beaucoup plus rapides et forts que nos hommes. Le bilan en perte humaine fut donc très lourd, mais cela restait dans nos prévisions.
Après plusieurs dizaines de minutes de combat, les cobayes parvinrent à sortir du bâtiment dans lequel ils se trouvaient. Ils se retrouvèrent finalement nez à nez avec notre peloton d’exécution qui les attendait patiemment à l’extérieur. Les docteurs Johnson et Petrokovich se présentèrent à eux pour la toute première fois et les félicitèrent pour avoir été d’excellents rats de laboratoire.
Comprenant qu’ils avaient été menés en bateau depuis le début, les sujets tentèrent désespérément d’agir. Les deux scientifiques firent toutefois signe au Colonel Max Dweller qui ordonna immédiatement après à tous ses hommes de faire feu. Un déluge de balles s’abattit alors sur les sujets avant que ceux-ci n’aient le temps de faire le moindre geste. Une fois le denier corps fut tombé, l’équipe de nettoyage prit le relai. La phase de test était officiellement couronnée de succès.
Mai 1987
Le lendemain, une nouvelle réunion fut organisée avec les têtes pensantes de l'Organisation. Au cours de cette dernière, les docteurs Thania Johnson et Nikolaï Petrokovich présentèrent les résultats de la phase de test. Les données recueillies satisfirent les leaders qui accordèrent le feu vert pour la création d'agents de terrain et allouèrent un budget beaucoup plus conséquent que celui de la phase de test. Les chercheurs demandèrent une période de recherche de deux ans afin de trouver les candidats les plus aptes, ce que l'Organisation accorda également.
Novembre 1989
Alors que les familles allemandes séparées se réunissaient enfin à la suite de la chute du mur de Berlin, que la manifestation des étudiants à Prague conduisait à la chute du régime communiste tchécoslovaque, que les Nations Unies signaient la convention des droits de l'enfant, le Projet XIII débuta officiellement. Sous les ordres directs de Johnson et Petrokovich, Dweller, ses hommes, et une équipe de scientifiques se rendirent à nouveau dans plusieurs pays du monde. Le mot d’ordre était d’enlever cette fois-ci des sujets âgés entre 7 et 9 ans afin d’inculquer en eux un profond sentiment de loyauté et ainsi éviter toute tentative de rébellion.
Janvier 1990
Plus de deux cents nouveaux sujets furent conduits au Z.E.R.P. Comme avec les précédents, le Colonel Dweller leur donna la conduite à tenir. Des uniformes noirs numérotés leur furent ensuite donnés.
Le lendemain matin à la première heure, les candidats furent réveillés par les hommes du Colonel. Ceux-ci n’eurent que dix minutes pour se préparer. Ceux ne respectant pas cette consigne furent privés de petit-déjeuner.
L’entrainement débuta quelques instants après. Les instructeurs avaient pour consigne d’augmenter graduellement l’endurance, la force, l’agilité, et les connaissances des sujets dans divers secteurs afin que ceux-ci puissent infiltrer n’importe quel milieu de la société. Les candidats obtenant de médiocres résultats observaient une augmentation immédiate de leur charge de travail.
Avril 1990
Une première amélioration des performances physiques des sujets fut constatée. Parallèlement, nous observâmes une diminution du nombre de plaintes et de pleurs de leur part. Au sortir de cela, les docteurs Johnson et Petrokovich ordonnèrent au Colonel Dweller de renforcer leurs entrainements. Il fut également conseillé de débuter la phase d’apprentissage des techniques de combat.
Janvier 1992
Plus de deux ans après le début de leur formation, les sujets présentaient des résultats très impressionnants. Ils étaient désormais capables de neutraliser toute une escouade de soldats d'élites sans trop de difficultés. Le moment était donc venu de tester leurs capacités dans des conditions réelles et ainsi séparer les éléments prometteurs de ceux qui l’étaient moins. La guerre civile faisait rage en Sierra Léone à cette période était l’occasion parfaite.
Février 1992
Après avoir obtenu la permission des hautes instances de l’Agence, le test d'aptitudes débuta. Transportés par avion, les sujets furent tous largués en pleine nuit au beau milieu du pays avec une semaine de vivres, une carte de ma région, et pour seule instruction de rejoindre un lieu précis dans deux semaines. Selon les cartes qui leur avaient été fournies, leur point d’extraction se situant deux kilomètres au Sud d’une ville nommée Karina. Afin de suivre tous les candidats à la trace et de prévenir toute tentative de fuite, des émetteurs furent placés sur chacun d'eux et un suivi par satellite fut également lancé.
Les sujets se séparèrent en une vingtaine de groupes de dix afin de moins attirer l'attention sur eux. Ils profitèrent de la pénombre et du faible éclairage des lampadaires dans certaines zones pour s'infiltrer dans la ville la plus proche. Comme on pouvait s’y attendre, ils neutralisèrent discrètement tous les soldats du Front Unis Révolutionnaire qui s’y trouvaient avant de s'emparer de leurs armes et de quelques véhicules. Contre toute attente, ils se débarrassèrent également des potentiels témoins, ces derniers pouvant les dénoncer après leur départ.
Deux jours après leur arrivée en zone ennemie, la plupart des sujets avaient déjà parcouru près d'une centaine de kilomètres. Ils évitèrent ou éliminèrent les soldats placés à divers avant-postes, ce qui leur permit de changer régulièrement de véhicule et de faire le plein de munitions. Cependant, malgré leur efficacité, des pertes se produisirent également parmi les sujets.
Une semaine s’était écoulée depuis le début de l’entrainement à conditions réelles. Les candidats avaient parcouru plus de la moitié de la distance les séparant de leur point d’extraction. Les dirigeants de l’Agence, les deux chercheurs, le colonel Dweller, ainsi que moi-même remarquâmes cinq sujets très particuliers. Ces derniers se démarquaient du lot par l’efficacité avec laquelle ils élaboraient leurs stratégies et éliminaient leurs ennemis.
Bien qu’ils se déplaçassent majoritairement la nuit pour demeurer indétectables, une rumeur concernant une escouade d'enfants armés se propagea parmi les soldats du Front Unis Révolutionnaire et leurs adversaires, le Conseil des Forces Armées Révolutionnaires et le Front National Patriotique du Libéria. En conséquence, ceux-ci déployèrent beaucoup plus de troupes dans chaque ville et avant-poste qu’ils contrôlaient respectivement. Les soldats avaient pour ordre de tirer à vue sur toute enfant possédant une arme. Une décision qui causa plus de mal que de bien et conduisit au meurtre et au viol de plusieurs enfants des camps adverses sans pour autant mettre à mal nos sujets qui continuaient à provoquer d'énormes pertes dans les différents groupes.
Mars 1992
La grande majorité des sujets était arrivée aux abords de Karina. Il ne leur restait plus que 24 heures pour parcourir les vingt derniers kilomètres les séparant du point d'extraction. Bien qu’on ignorât exactement comment ils avaient procédé, les soldats des trois groupes armés avaient réussi à connaitre l’un des points de passage de nos candidats. Ne pouvant faire autrement, ces derniers devaient traverser Karina afin de se rendre à leur lieu de rendez-vous.
Comme à leur habitude, les sujets attendirent que le soleil se couche pour profiter de la pénombre et de la faible visibilité. Ils se divisèrent en trois groupe. Chacun attaqua un des partis armés tout en faisant passer les offensives comme provenant d’un des groupes armés. Cela créa le chaos en ville, ce qui était à leur avantage.
Aux premières lueurs du jour, la ville de Karina était jonchée des cadavres des membres des différents groupes armés, des civils qui avaient eu le malheur de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment, et de certains des sujets du Code 13.
Moins d’une heure plus tard, un énorme avion de l’Agence fit son apparition et se posa au point d’extraction. A son bord se trouvaient le Colonel Dweller et certains de ses hommes. Cette dernière fit rapidement l’appel et permit aux sujets en bonne condition de monter à bord, les autres étant froidement abattus. Une fois la soute refermée, le pilote mit les gas et l'énorme appareil décolla.
Sur les deux cents cobayes présents au départ, seule une centaine parvint à terminer l’entrainement. Dès leur retour au Z.E.R.P, ils n'eurent que deux jours de repos avant que l'instructrice Dweller et ses hommes ne reprennent leur formation. Les sujets furent également soumis à divers examens psychologiques pour prévenir tout syndrome de stress post-traumatique.
Mars 1998
Six ans jour pour jour après la fin du test d'aptitudes en situation de combat réel, tous sujets avaient atteint leur plein potentiel. Ils étaient désormais tous capables de tenir tête et de battre Dweller et ses hommes dans n'importe quel domaine militaire, d'éliminer n'importe quelle escouade de n'importe quelle armée du monde, et de se fondre dans n'importe quel milieu social.
Des noms de code leur avaient été attribués. Ainsi, les cinq sujets qui avaient obtenu les meilleurs résultats lors de l’épreuve de Sierra-Leone furent nommés Alpha, Ghost, Magma, Shadow, et Titanium en rapport. La phase finale du Code 13 débuta juste après cela. Comme avec les précédents sujets, tous les candidats reçurent une injection contenant le virus artificiel créé par les docteurs Johnson et Petrokovich.
Mars 1999
Code 13 est officiellement un succès. Les agents de terrain reçurent deux valises, l’une contenant leurs armes et l’autre détenant des faux papiers, des cartes bancaires de différentes banques, et un ordinateur portable avec lequel ils pourraient rentrer en contact avec l’Agence. Une fois leur matériel obtenu, chacun des anciens sujets fut dispatché à différents endroits du globe, attendant avec impatience qu’une mission leur soit confiée.
The Watcher
19 Mars 1999
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