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                Nancy trainait derrière elle un homme récalcitrant à travers les enseignes hors de prix des Champs Élysées pour se faire une garde-robe spéciale pour le soir-même. Il fut assez simple de trouver des vêtements pour Chris, et celui-ci se retrouva propriétaire d’un costume italien trois pièces avec les chaussures de ville correspondantes, une ceinture et une cravate.

                Pour Nancy, l’affaire fut plus ardue. La jeune femme essaya de nombreuses tenues en demandant l’avis de son mécène qui, affalé sur un sofa, regardait le défilé sans vraiment comprendre en quoi son opinion pouvait être utile.

                — Parce qu’avoir un avis masculin est nécessaire ! Savoir si ça nous met en valeur, si ça nous rend belle !

                Chris haussa un sourcil.

— Parce que tu penses réellement que je suis l’homme de la situation ?

                Derrière le rideau de la cabine, Nancy soupira.

— Faites au moins un effort pour celle-ci, vous voulez bien ? Regardez-moi comme si vous aviez un cœur encore en état de marche, s’il vous plaît…

— D’accord…

                Le rideau s’ouvrit, suivit de près par les yeux du tueur qui s’écarquillèrent devant le spectacle qui s’offrait à lui. La jeune femme se tenait droite devant lui, une jambe légèrement fléchie et les bras dans le dos, vêtue d’une robe avec un décolleté en V s’arrêtant au milieu du ventre, alors que le tissu remontait à mi-cuisses. Tournant sur elle-même, Chris vit ses fesses moulées par le tissu en ouvrant légèrement la bouche, et quand Nancy eu fini son tour, elle sourit devant l’homme tout en muscle qui lui faisait face dont le visage virait à l’écarlate.

— Bon, je crois que j’ai trouvé celle qu’il me fallait. Merci beaucoup, Chris.

                A l’appel de son prénom, l’intéressé revint à lui en secouant la tête.

— Pardon, j’étais perdu… Tu disais ?

                Nancy se mit à rire avant de répondre.

— Rien, tout va bien. On va voir les chaussures, la veste, le sac à main et les bijoux.

— Quoi ? Mais pourquoi ?

                Nancy le dévisagea en fronçant les sourcils.

— Est-ce que votre pistolet seul vous suffit ? Ou est-ce qu’il vous faut des munitions pour qu’il soit efficace ?

— Bah…

— Pour une tenue, c’est pareil. En avant !

                Saisissant Chris par la main, elle l’entraina à sa suite pour continuer ses achats. Une vingtaine de minutes plus tard, Chris dévisagea un homme dans la foule en s’immobilisant, et Nancy s’arrêta à son tour pour le dévisager.

— Quelque chose ne va pas ?

                Elle le dévisagea avant de blêmir. Son visage était le même que quand il l’avait sauvé, un prédateur concentré sur sa proie, une machine à tuer à laquelle une cible avait été désignée. Hésitante, la jeune femme finit quand même par oser parler.

— Chris, vous allez bien ?

                Sans la regarder, Chris s’agenouilla en faisant sembler de faire ses lacets pour sortir un couteau de lancer de sa chaussette avant de répondre.

— Très bien. Je vais dire bonjour à un vieil ami et je reviens. Continues ton shopping tranquillement.

                Nancy lui saisit le bras et il la dévisagea.

— Faites attention, s’il vous plaît…

                Le visage toujours aussi fermé et neutre, il répondit.

— Il ne saura même pas que je suis là. On se retrouve aux bijoux.

                Sans un mot de plus, il abandonna Nancy derrière lui et commença à fendre la foule en direction de sa cible pour la rejoindre deux minutes plus tard. Un homme asiatique couvert de tatouages dépassants des manches de sa veste et un pistolet devinable à l’arrière de sa veste. Chris l’identifia rapidement, Ido Sataka, numéro trois de la Triade à Paris, ou plutôt numéro deux depuis que Chris avait taillé dans le gras quelques jours auparavant. Se collant dans son dos en lui prenant son arme à feu de la main gauche et en lui plaquant la lame de son couteau dans le creux des côtes, Chris lui murmura à l’oreille.

— Salut Ido. Alors, on sort sans gardes du corps ?

                Le Yakuza se raidit en murmurant.

— Avien ?

— J’ignorais que tu étais medium. Comment se fait-il que tu prennes tant de risque ?

— On te croyais mort… Le Don nous a dit dans quel état tu as fini, et après trois jours sans meurtres, on a cru que tu étais mort pour de bon…

                Chris sourit en enfonçant légèrement son poignard.

— Je suis immortel, vous devriez le savoir depuis le temps. Pire que de l’herpès génitale. Et toi, t’es immortel ?

                L’otage blêmit et se mit à trembler.

— Non… Non, je ne le suis pas…

— On va essayer quand même, juste pour voir.

                Il plaqua vite sa main sur la bouche du mort en sursis tout en lui enfonçant sa lame entre les côtes pour perforer la rate avant de l’aider à s’assoir sur un des fauteuils mis à disposition des clients pour ensuite retirer la lame et sa main tout en plantant son regard dans celui de sa victime.

— C’est bien, tu vas servir de message pour annoncer mon retour alors. Adieu Ido.

                Se redressant, il s’en alla comme il était venu, tel un fantôme fendant la foule pour retrouver Nancy quelques boutiques plus loin en souriant.

— Avez-vous trouvé votre bonheur ?

                Se retournant en vitesse, la jeune femme le regarda avec une lueur de joie dans les yeux avant de lui sauter au cou.

— Chris ! J’ai eu peur qu’il vous arrive quelque chose…

                Le tueur haussa les sourcils, étonné.

— Il était seul, où était le risque ? En revanche, accélères la cadence avant qu’ils trouvent le corps…

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