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                Le soir même, Chris et Nancy descendirent d’une Ferrari de location que le tueur avait stationné devant les marches du club, avant d’en monter les escaliers tandis qu’un voiturier s’occupait du bolide, sous les regards envieux de ceux qui faisaient la queue. Arrivés devant le videur, la jeune femme ouvrit son sac à main microscopique et en sortit les deux invitations que le gorille observa avant de vérifier sur une liste. Quand il vit les noms concorder, il s’écarta pour laisser passer le couple sous le regard inquisiteur de Chris. Après qu’ils furent rentrés dans le bâtiment, Nancy soupira de soulagement.

                — J’ai cru que vous alliez le tuer…

— J’ai hésité.

                La jeune femme dévisagea l’homme à qui elle servait d’alibi pour savoir s’il faisait une tentative d’humour ou non, mais son visage monolithique et son regard meurtrier balayant la foule lui permirent de comprendre que non. Quand enfin Chris eut trouvé sa cible, il fit un pas avant que Nancy lui saisisse le bras.

— Foncer dans le tas n’est pas une solution.

                Chris la dévisagea comme s’il jugeait un poids mort avant de répondre.

— Très bien, alors que proposes-tu pour s’approcher de lui ?

                Nancy sourit avant de répondre.

— Danser.

— Danser ?

— Oui.

                Lui saisissant le bras, Nancy commença à fendre la foule en entrainant Chris à sa suite jusqu’à se trouver à quelques mètres de la cible. Juan Carlos se tenait assis sur un canapé entouré par deux femmes peu vêtues et encadré par quatre gorilles dont la carrure manquait de déchirer leurs costumes hors de prix. Alors que Chris s’apprêtait à dégainer pour solutionner le problème, Nancy le retint une fois encore.

— Non, pas comme ça. Laisses-le nous faire venir à lui.

— Mais comment ?

— En lui demandant de nous inviter. Laisses faire le langage du corps.

                La jeune femme s’écarta du tueur pour commencer à bouger sur la musique, ondulant son corps au rythme de celle-ci, enchainant les déhanchements enflammés et les postures aguicheuses, mettant en avant ses attributs féminins déjà mis en valeur par sa tenue.

— Danse toi aussi…

                Chris haussa un sourcil avant de vaguement remuer en rythme avec autant de rigidité d’un morceau de bois sec et sans perdre sa cible du regard. Quand il constata que Nancy avait capté l’attention de Juan Carlos, il sourit tout en gardant le rythme jusqu’à ce qu’un des gorilles vienne vers eux sur l’injonction de leur chef. Quand le colosse prit le bras de Nancy pour l’emmener à sa suite, Chris s’interposa et le colosse arma le bras avant que Nancy s’interpose.

— C’est mon fiancé ! On va nulle part l’un sans l’autre !

                Le garde du corps lança un regard à son chef qui opina, avant d’indiquer au couple de le suivre. Après avoir franchi un cordon de feutrine rouge, ils s’assirent sur des poufs et Nancy posa sa main sur celle du tueur qui la dévisagea en fronçant les sourcils tandis qu’elle murmurait.

— Fiancés…

                Juan prit une bouteille de champagne pour remplir deux flutes qu’il tendit aux nouveaux arrivants tout en engageant la conversation.

— Bienvenu chez moi, je m’appelle Juan, et ceci est mon nightclub.

                Le couple fictif prit les flutes avant de trinquer avec leur hôte tandis que la jeune femme répondait.

— Enchantée. Je suis Nancy, et voici mon fiancé Christian.

— Enchanté monsieur Juan.

                L’homme leva sa flute puis en savoura une gorgée avant de reprendre.

— Très souriant, Christian. Tu n’aimes pas la musique ?

— Je suis ici pour lui faire plaisir. Personnellement, je préfère les activités de plein air.

— Ah, en effet, ta fiancée semblait vraiment dans son élément. Nancy, c’est bien ça ?

                L’intéressée répondit par l’affirmative et Juan reprit.

— Un contrat de danseuse pour mon club, ça te dirait ?

                Le couple échangea un regard, elle souriant à pleines dents et lui toujours aussi sombre, puis Nancy se pencha vers lui pour murmurer.

— Tu es assez près ?

— Oui.

— Alors fais ce que tu as à faire.

— Bien.

                Se tournant vers Juan Carlos, Chris répondit.

— En fait, ce ne sera pas possible.

                Le chef du Cartel le dévisagea avec étonnement avant de répondre.

— Et pourquoi ça ?

— Parce que ça signifierait qu’elle serait chômeuse dans la foulée.

— Et pourquoi ça ?

                Le regard planté dans celui de son hôte, Chris répondit.

— Décès prématuré.

                Juan fronça les sourcils, concentré sur son convive qui se relevait, avant de réaliser à qui il avait à faire.

— Evian !

                Les colosses dégainèrent leurs pistolets mais le tueur était déjà en action quand ils finirent le mouvement. Il attrapa le plus proche de lui par le poignet et lui brisa d’un coup sec avant de le faire tourner autour de lui pour le jeter sur son voisin. Il attrapa ensuite le troisième et lui fit une clé de bras avant de lui écraser la tête sur la table, en plein sur une flute de champagne dont le pied de cristal s’enfonça dans son œil avant d’atteindre le cerveau, le tuant sur le coup. Relevant le corps sans vie, Chris utilisa le kevlar dissimulé sous la chemise du colosse pour amortir au maximum les tirs tandis que Nancy se jetait à terre en hurlant. A cet instant, les témoins les plus proches de la scène réalisèrent ce qu’il se passait, et la panique gagna la foule à une vitesse folle tandis que celle-ci essayait de quitter les lieux dans un mouvement de foule massif. Jetant le corps en bas des marches de la zone VIP, Chris dégaina le P228 de celui-ci pour faire feu et abattre son assaillant d’une balle au milieu du front, avant de braquer son arme sur Juan Carlos, toujours sur son canapé, les mains levées en signe de reddition.

— Tu sais qu’à force de faire ça, tu vas t’attirer la foudre de la famille, là-bas. Tu n’as pas envie que le Cartel vienne intégralement pour te faire la peau, pas vrai ?

                Chris se mit à sourire.

— Au contraire, j’en rêve la nuit.

                Subitement Juan se décomposa.

— Je t’en prie, ne tires pas…

— Tu sais comment je fonctionne.

— Alors pas le visage s’il te plait… Pour ma maman…

— J’ai abattu ta mère il y a trois mois, crétin.

                Juan Carlos s’enfonça sur le canapé alors que sa boite crânienne explosait pour répandre son contenu contre le mur. Se penchant, Chris aida Nancy à se relever avant de murmurer.

— Merci, super plan, j’ai gagné du temps.

— De rien. On peut partir avant que la police arrive ? Ou les renforts des gars que tu as tué…

                Chris lui prit le poignet et l’entraina à sa suite dans les coulisses de la boite de nuit en se dirigeant vers la porte de service, abattant tous les hommes tentant de leur barrer la route, avant de se retrouver sur le parking extérieur. Avisant le local des voituriers, Chris récupéra la clé de la Ferrari dans laquelle ils s’installèrent en urgence avant de démarrer en quatrième vitesse, quittant le parking au moment même où le premier véhicule de la police arrivait sur les lieux. Cramponnée à son siège, Nancy murmura.

— La vache, c’est vraiment violent comme ça à chaque fois ?

— Non… Aujourd’hui, c’était facile.

                Nancy le dévisagea, la bouche grande ouverte, avant de répondre.

— Ah… Voilà qui est encourageant.

— je te signale que c’est toi qui a tenu à me suivre et à t’investir.

— Oui, je sais ! Et je vous ferais remarquer que grâce à mes plans, vous n’avez pas été blessé. Vous pourriez au moins me remercier, non ?

                Chris serra les mâchoires avant de répondre, après de longues secondes de silence.

— Merci…

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