13
Après deux heures de route, Chris arrêta la moto sur le parking d’un hôtel bas de gamme en arrachant un soupir à Nancy.
— Sérieusement ? Avec tout le fric que tu as récupéré chez les truands, tu nous as pris un truc à trente balles la nuit ?
Retirant son casque, Chris répondit avec calme.
— Est-ce que tu imagines un couple de bikers aller dans un hôtel de luxe ? Et on a malgré tout la douche et les chiottes dans la chambre.
Nancy soupira une seconde fois avant de répondre.
— Je te préviens, la prochaine fois, c’est moi qui choisis.
Elle se releva de la moto puis tendit le sac à son chauffeur avant de le suivre jusqu’à l’accueil.
— « Soir, j’ai une réservation au nom de Bob et Stella Krazuki.
L’homme pianota sur son clavier alors que Nancy murmurait à l’oreille de Chris.
— Stella ? Tu n’avais pas pire ?
— Oh, le pire reste à venir, crois-moi. Maintenant, tiens ton rôle.
L’homme releva la tête et leur tendit un trousseau de clés en souriant.
— Chambre douze, sur votre droite.
— Merci.
Le couple commença à s’avancer quand Chris administra une énorme fessée à sa compagne qui ne put retenir un cri de surprise.
— En route, poulette.
Elle s’apprêtait à lui retourner une gifle, mais il la saisit par les hanches et la colla contre lui en murmurant.
— Ton rôle.
Nancy prit quelques secondes pour se calmer avant d’attraper le visage de Chris à deux mains et l’embrasser pendant de longues secondes. Quand enfin elle se décolla de lui en souriant, il la dévisagea, hébété, et elle lui murmura à son tour.
— Tiens ton rôle.
Elle lui adressa un clin d’œil avant de s’en aller d’une démarche chaloupée et Chris eut besoin d’une poignée de secondes supplémentaires avant de pouvoir lui emboîter le pas. À peine avait-il refermé la porte de la chambre qu’une vive douleur lui chauffa la joue gauche.
— Ça, c’est pour avoir abusé de la situation !
Le tueur au sang-froid observa la frêle jeune femme avec une certaine crainte tandis que celle-ci se mettait en garde.
— Je ne sais pas ce qui me retient de te casser le nez.
— Hey, est-ce que moi je t’ai cogné au prétexte que tu viens de me violer la bouche ?
La jeune femme se mit à hurler de plus belle.
— Parce que tu crois que j’avais envie de m’étrangler avec ta langue ? C’était au moins aussi horrible pour moi que pour toi !
Chris ouvrit de grands yeux étonnés avant de lever les mains devant lui.
— Attends, je ne comprends plus rien… Tu veux bien me dire ce qui ne va pas, s’il te plaît ?
Pour toute réponse, Nancy lui découcha un coup de poing qui le frappa au pectoral gauche puis un second qui l’atteint au droit.
— Je pensais y arriver, mais je ne peux pas !
— Peux pas quoi ?
— Faire semblant !
L’incompréhension pouvait se lire dans les yeux de Chris et Nancy ajouta.
— Faire semblant de vivre !
Elle l’attrapa pour l’embrasser de nouveau avant de se décoller de lui en pleurant.
— Vivre, ça te parle ?
Chris détourna le regard.
— Désolé. Il n’y a que quand je combats à mort que je me sens en vie.
La jeune femme baissa les yeux avant de lancer un regard plein de défi à son mentor tandis que sa main droite se glissait dans sa cuissarde.
— S’il n’y a que ça, ça peut se négocier.
Chris fronça les sourcils avant de tourner la tête vers elle pour ensuite se fendre en urgence vers la gauche, esquivant in extremis un coup de couteau. Contournant son assaillante en évitant une seconde attaque, il tendit les bras devant lui.
— Tu vas arrêter tes conneries ? Tu risques de te faire mal ?
Un sourire fou au visage et une flamme lubrique dans les yeux, Nancy répondit.
— Oui, cogne-moi si c’est ce qui te plaît.
— Quoi ? T’es malade !
Elle l’attaqua de nouveau, et Chris se retrouva à devoir rouler sur le lit pour s’échapper tandis qu’elle sautait sur le matelas, le bras prêt à frapper.
— Alors, tu te sens vivant maintenant ?
Les lèvres retroussées, Chris gronda.
— Je vais vraiment finir par me fâcher, gamine.
— C’est ce que j’attends !
Nancy recommença à fouetter l’air à l’aide de son couteau, mais Chris l’intercepta du bras gauche avant de l’attraper par le cou de la main droite, la soulever, la plaquer violemment contre le mur et approcher son visage d’elle, une colère mal contenue dans le regard.
— Tu veux quoi au juste ?
Nancy lui vola un nouveau baiser avant de répondre.
— Devine…
Elle essaya de lui lancer son genou dans l’entrejambe, mais Chris dévia l’attaque à l’aide de sa jambe gauche avant de lâcher le cou de la jeune femme et de la retourner pour la coller face contre le mur tout en la désarmant. Elle se débattit alors comme une diablesse, le corps de son mentor collé dans son dos et un bras tordu en arrière, avant de se raidir en sentant l’acier de son propre couteau se glisser contre sa gorge.
— Maintenant gamine, tu vas être claire. C’est quoi ton but ? Te faire égorger ? Tu as été engagée pour me tuer ? Tu veux quoi ?
Chris posa sa dernière question en hurlant alors que Nancy rigolait.
— Tu n’es pas très futé…
Elle se mit à frotter ses fesses contre le bassin de son coéquipier en gémissant.
— Je veux être vivante…
Tournant la tête autant que possible derrière elle, elle se lécha la lèvre avant de répondre.
— Et je sens bien que tu es très vivant, là…
Chris fronça les sourcils, interloqué.
— Tuer et risquer de mourir te font te sentir vivante ?
— L’excitation et le danger me font sentir vivante…
Elle recommença à tortiller du bassin en minaudant.
— Au pire, dis-toi que c’est dans nos rôles… Mais je t’ai vu me regarder, je sais que tu en as envie…
Chris ne répondit pas, laissant la jeune femme se frotter à lui pendant encore quelques secondes, avant de planter le couteau d’un coup sec dans le Placoplatre du mur juste à côté de la jeune femme puis de lui attraper les cheveux, lui tirer la tête en arrière et l’embrasser à pleine bouche. Dans la foulée, Nancy utilisa sa main libre pour défaire la ceinture et le pantalon de Chris, et quand leurs lèvres se décollèrent, elle murmura.
— Maintiens-moi, et ne sois pas tendre.
L’intéressé lui répondit froidement en lui arrachant son string.
— Vu comme je suis énervé, je n’en avais pas l’intention.
Quand ils eurent fini de déchaîner leurs désirs, gisants essoufflés et ruisselants de sueur sur le lit, Nancy vint se blottir contre le torse musclé de Chris en susurrant.
— Alors ? Ça fait quoi de se sentir en vie ?
— Du bien.
Elle se redressa avant de demander.
— Juste du bien ?
Elle vit le sourire en coin du tueur s’élargir et se pelotonna contre lui.
— On a défoncé la chambre, je crois.
Le lit était défait et le sommier brisé, la bouilloire initialement posée sur le bureau avait traversé la pièce avant de voler en éclat contre un mur, la chaise était passée par la fenêtre et le couteau à cran d’arrêt trônait fièrement planté dans le mur. Chris fit une moue dubitative avant de répondre.
— Ça en valait la peine. Est-ce qu’il faut que je m’attende à risquer ma vie à chaque fois que tu auras envie de sexe ?
— On verra. Et puis, soyons clairs, on parle de sexe, pas de vie de couple. C’est pour l’hygiène comme pour le plaisir, compris ?
Chris acquiesça avant d’ajouter.
— Et dire que tu m’as giflé pour une main au cul… Quand je pense à ce qu’on vient de faire, si on suit ton raisonnement, tu devrais me passer dessus avec un trente-huit tonnes…
Lui caressant tendrement le torse, la jeune femme lui murmura à l’oreille.
— Je préfère quand c’est toi qui me passe dessus…
Chris sourit avant de se retourner et se glisser entre ses cuisses qu’elle enroula immédiatement autour de sa taille.
— Bah puisqu’on en parle…
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