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                Une fois arrivés dans un hôtel plus luxueux que le précédent, Nancy et Chris s’installèrent sommairement dans la chambre puis la jeune femme engagea la discussion.

                — Bon, c’est quoi le plan ?

                Chris, fouillant dans une des sacoches de la moto qu’il avait emportées, lui lança une fiole qu’elle attrapa au vol.

— C’est quoi ?

— Un puissant somnifère qu’il va falloir lui foutre dans sa bouffe ou dans sa boisson.

— Et tu vas faire comment ?

— Moi ? Toi, tu vas faire comment ?

— Quoi ?

                La jeune femme dévisagea son mentor avec incrédulité avant que celui-ci se tourne vers elle.

— Je suis son garde du corps, tout frais, tout neuf. Tous les regards seront sur moi, pour me jauger et essayer de me faire tomber en disgrâce. Alors que toi, tu seras la petite pute qui monte sur ses genoux et tortille ensuite du cul. Tu seras tellement sur lui que tu pourras faire ce que tu veux.

— Et comment tu veux que je sorte une fiole discrètement ?

                Deux bagues atterrirent sur le lit et Nancy les observa quelques instants avant de s’en saisir et de les manipuler.

— Ça s’ouvre !

— Ouais. De quoi mettre quatre gouttes dedans, ce qui est largement suffisant. Si tu parviens à lui en faire ingurgiter une, il s’endormira en dix minutes. Si tu lui files les deux, il s’écroulera en deux minutes au maximum.

— Mais c’est du somnifère pour cheval ou quoi ?

                Chris lui sourit avant de répondre.

— Mon beau-frère est vétérinaire, je te rappelle.

                Nancy se voûta avant de murmurer.

— Question idiote, réponse idiote… Bien, alors on se change et on y retourne ?

                Chris lança avec une fausse innocence.

— On ne s’envoie pas en l’air un p’tit coup avant ?

                Nancy lui sourit avant de retirer son haut.

— T’as trente minutes, et t’as intérêt à me faire jouir.

                Une heure plus tard, Chris sortit de la douche pour trouver Nancy en train de fermer ses cuissardes, et il l’observa quelques instants en souriant. La jeune femme portait un micro short en cuir, un débardeur sous lequel elle était nue et des mitaines en cuir.

— Il avait raison le type, tout à l’heure, t’es quand même sacrément bien foutue…

                Nancy se mit à rire avant de répondre.

— C’est la première fois que tu me fais un compliment. Ce jour est à marquer d’une pierre blanche. Fais attention, tu laisses ressortir ton côté humain.

                Chris fronça son sourcil tandis que son sourire s’effaçait.

— Tu ne peux pas simplement accepter les compliments ?

                Nancy se remit à rire avant de se redresser.

— On y va ? J’ai mon couteau dans ma cuissarde.

— Ouais. En route.

                Chris glissa son pistolet dans l’holster dans son dos avant de prendre son couteau et de le glisser dans sa botte, puis il tendit un casque à Nancy avant d’ouvrir la porte et de se rendre à sa moto sur laquelle la jeune femme s’assit juste derrière lui avant de se mettre en route. Une demi-heure plus tard, ils furent de retour à la concentration et se dirigèrent lentement vers le chapiteau tandis que Chris reprenait.

— Je ne sais pas si tu as vu, mais derrière le chapiteau il y a un pick-up. Je t’aiderais à y mettre Archibald, et tu partiras avec pendant que je ferais diversion.

— Et je vais où ?

                Il lui tendit un smartphone en répondant.

— Tu ouvres le GPS et tu suis la route. Le garage s’ouvrira automatiquement en captant le téléphone. Accroché à la poignée de la porte permettant de passer du garage à la maison, il y a des menottes. Tu lui accroches la première paire aux poignets, et tu utilises la seconde pour accrocher les menottes à la porte de la voiture. Comme ça, non seulement il ne pourra pas t’attaquer, mais en plus il ne pourra pas s’enfuir.

— Et s’il veut crier ?

— Il y a de la corde dans le garage. Tu lui fais le tour de la tête avec en lui enfonçant bien dans la bouche. C’est radical.

— Ça fait vraiment BDSM…

— Oui, et ça n’en est pas loin. Mais tant que ça fonctionne, c’est le plus important.

                Nancy prit le téléphone et le glissa dans son short avant d’ajouter.

— J’espère qu’il est en mode vibreur.

                Ils arrivèrent enfin au chapiteau puis y pénétrèrent, avant d’être chaudement accueillis dès qu’Archibald les vit.

— Ah, le briseur de mâchoires ! Viens-là ! Et je vois que tu es venu avec ta pouliche, parfait !

                Nancy bomba le torse avant de répondre.

— Pas pouliche, jument !

                Archibald rigola avant de leur faire signe de s’approcher, et quand ils furent à ses côtés Nancy s’installa immédiatement sur les genoux du Roi des bikers autoproclamé.

— Ah ! Bah, je vois que tu as compris ce que j’aime chez une femme, toi.

— Je suis peut-être une rebelle, mais je sais aussi quand être bien docile.

— Bien. Toi, Bob, tu restes derrière moi. Bière et drogue à volonté, mais essayes quand même de rester lucide, d’accord.

— T’inquiètes, boss, je ne consomme jamais rien quand je bosse.

— Parfait.

                Archibald commença à palper les seins de Nancy en reprenant.

— On va recevoir des chefs de gangs qui veulent faire du business avec nous, ce soir. Si mes hommes vont s’assurer qu’ils ne sont pas armés, on est jamais à l’abri d’un coup fourré. T’as un flingue.

                Chris sortit son arme et Archibald acquiesça lentement.

— Précautionneux, j’adore. Alors, abats le premier qui bouge bizarrement, OK ?

— Reçu.

— Encore parfait. Hey, Stella, vas me chercher une bière, et que ça saute.

— Bien sûr.

                Nancy se leva en lançant un clin d’œil à Chris avant de se rendre au frigo et d’en sortir une bière qu’elle décapsula avant de regarder brièvement autour d’elle. Une fois certaine que personne ne l’observait, elle y vida le contenu de ses deux bagues puis retourna s’asseoir sur les genoux d’Archibald et lui tendre la bière.

— Et voilà.

— Merci.

                Il en but une longue rasade avant de la poser sur la table puis fit un mouvement de la main vers les hommes postés à l’entrée en clamant.

— Faites entrer les premiers.

                Les deux hommes écartèrent le pan du chapiteau pour laisser entrer trois hommes ventripotents avant de les palper puis de leur retirer leurs armes. Une fois désarmés, les trois invités purent entrer et s’asseoir face à leur hôte qui prit immédiatement la parole.

— Les Road’s Burner. Bienvenus. Alors, il paraît que vous voulez vous joindre à nous ?

                L’homme au centre du trio opina du chef avant de répondre.

— Oui, Roi des bikers. On voudrait développer notre business de vente de drogue, et on sait que pour ça on doit améliorer notre logistique. Sauf que nous, on n’en a pas les moyens. Alors on s’est dit que, en échange d’une part conséquente, tu accepterais de nous laisser bénéficier de ton soutien…

                Archibald pinça les lèvres en acquiesçant lentement avant de demander.

— Quel pourcentage vous me proposez ?

                Les trois hommes se regardèrent et celui au centre répondit.

— On a calculé que pour rester rentable, on pouvait monter jusqu’à cinquante-cinquante. C’est… Plutôt généreux, non ?

                Archibald acquiesça, mais mit quelques secondes avant de reprendre.

— Et comment allez-vous me prouver votre loyauté ?

                Les invités échangèrent un regard désappointé avant qu’Archibald reprenne.

— Je ne veux pas de gangs avec trois chefs. Un seul, c’est tout. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.

                La peur se lut sur leurs visages avant que le premier d’entre eux réagisse en frappant ses coéquipiers par surprise, et la mêlée commença de manière totalement anarchique tandis qu’Archibald finissait sa bière.

                Quand le combat fut fini, l’homme qui était au centre du trio se releva lentement, le nez cassé, un œil poché et une lèvre en sang, avant de se tourner vers Archibald.

— Voilà. Alors ?

                Celui-ci acquiesça avant de répondre.

— T’as des couilles. Un de mes gars va te filer un téléphone, et mon banquier t’appellera demain. Tu peux disposer.

— Merci.

                L’homme s’en alla en boitant alors qu’Archibald ne pouvait refréner un bâillement qui fit sourire Nancy et Chris.

— Putain… Elle devait être bonne cette coke… Bon… Où j’en étais ?

                Il porta une main à sa tempe avant de reprendre, la diction laborieuse et le regard endormi.

— Il faut… Il faut que je me lève quelques instants… Dégage Stella…

                La jeune femme se leva pour laisser le champ libre au Roi qui manqua de tomber en quittant son trône, vite soutenu par Chris et Nancy tandis que son garde du corps dévisageait les gardes à l’entrée.

— Tout va bien les gars, je gère. Faites attendre les mecs à l’entrée, je vais l’emmener se reposer quelques instants et boire un bon café.

                Les deux gardes échangèrent un regard inquiet quand Archibald intervint.

— Ouais… Faites-les attendre cinq minutes, je reviens…

                Les deux hommes acquiescèrent lentement et Chris et Nancy emmenèrent Archibald avec eux jusqu’à être sortis du chapiteau. Là, ils se dirigèrent vers le pick-up avant d’en ouvrir la porte arrière pour y allonger Archibald puis claquer la porte derrière eux. Chris se tourna vers Nancy et lui caressa la joue tendrement.

— Tu es prête ?

                Celle-ci retira le téléphone de son short en souriant.

— Il n’y a plus qu’à attendre ta diversion.

— Bien. Démarre et pars tranquillement, je m’occupe de tout.

                La jeune femme acquiesça avant de s’installer au volant puis démarra le véhicule pour partir lentement vers l’arrière du camp de la concentration tandis que Chris faisait craquer sa nuque et les phalanges de ses poings.

— C’est parti.

                Il retourna vers le chapiteau et héla les deux gardes.

— Hey, amenez vite un véhicule à la tente du boss ! il faut vite qu’on l’emmène à l’hôpital !

                Ceux-ci partirent en courant sans poser de questions tandis que le tueur souriait. Il quitta ensuite lentement le chapiteau par l’arrière avant de les rejoindre, l’arme au poing, alors que l’un d’eux se retournait précipitamment.

— Il est où, le boss ?

                Deux déflagrations crevèrent le silence et les hommes s’écroulèrent, les crânes explosés par des cartouches de 9 mm. Quelques instants plus tard, de nombreux hommes en armes arrivèrent pour trouver Chris aboyant.

— Des gars ont embarqué le boss ! Ces deux salopards ont essayé de me ralentir, mais il faut vite retrouver le Roi !

                Un des hommes demanda, paniqué.

— Ils sont partis par où ?

— Ils avaient les tenus des mecs responsables des chiottes chimiques ! je suis sûr qu’ils l’ont caché dedans et qu’ils vont utiliser leur véhicule de transport pour le sortir d’ici !

                Les combattants partirent en courant sans voir le sourire de Chris qui rengaina tranquillement son pistolet avant de sortir calmement puis traverser le site pour se rendre calmement au parking des motos. Là, il ouvrit une sacoche de sa moto et en sortit des petits blocs beiges qu’il colla ici et là sur différentes motos. Une fois fini, il retourna à sa moto et en retira la plaque avant de démarrer, quand un des gardes l’avisa.

— Hey, Bob, où tu vas ?

                Sans un mot, Chris dégaina son pistolet et abattit froidement l’homme avant de rengainer et de démarrer en trombe sous les hurlements des autres motards. Quelques balles commencèrent à siffler autour du tueur qui appuya sur une télécommande accrochée à son guidon gauche, et une série d’explosions déchira le parking de la concentration en d’immenses boules de feu pulvérisant les motos en offrant une diversion au fugitif souriant aux commandes de son bolide.

                Quinze minutes plus tard, il se gara dans le parking d’une propriété dissimulée dans une forêt pour y trouver Nancy, bras croisés et assise sur le capot du pick-up. Arrêtant le moteur de son chopper, Chris demanda.

— Tout va bien ?

— Tu roules sans casque ? Tu ne risques déjà pas assez ta vie comme ça ?

                Dépliant sa béquille, Chris haussa les sourcils.

— Tu es sérieuse ?

— Et tu es sûr que personne ne t’a suivi ? Tu peux nous garantir d’être en sécurité ?

— Attends… tu me testes ? Ou tu as peur qu’on nous attaque ?

                Un sourire carnassier s’afficha sur le regard de la jeune femme.

— Mais j’en rêve. J’ai trouvé pas mal d’armes ici, et j’ai hâte de pouvoir enfin tirer sur quelques salopards.

                La mâchoire de Chris s’entrouvrit tandis qu’il clignait de nombreuses fois des yeux avant de se reprendre.

— Au moins, je n’ai plus des masses de doutes quant à ta motivation.

                Il se leva pour quitter sa moto et reprit.

— Comment va notre invité ?

— Il dort comme un gros bébé.

— Bien. Alors on va en profiter pour le déplacer.

                Il s’approcha d’une armoire qu’il fit basculer pour libérer un escalier s’enfonçant dans le sol.

— Mais comment tu fais pour payer tout ça ?

                Chris haussa les épaules.

— Le fric de ces pourris.

— Non, sérieusement. Tu ne peux pas tout payer en cash et sous de fausses identités. À un moment, il te faut un compte bancaire, alors comment tu fais ?

                Chris la dévisagea avant de lui sourire.

— Je connais un vétérinaire qui a bien plus de patients théoriques que ceux qu’il reçoit réellement. Pour faire simple, il fait énormément de fausses factures pour blanchir de l’argent. Alors ça ne fait pas des millions, mais lui et moi avons créé beaucoup de fausses identités et de comptes associés pour faire un maximum d’achats avant de clôturer lesdits comptes pour replonger dans l’anonymat. Bon, tu m’aides ou pas ?

                Nancy le regard quelques instants avant de hausser les épaules.

— Tant que ça marche… Mais il faudra que tu m’expliques plus en détail, parce que ce n’est pas super clair, là… Bon ! On doit faire quoi ?

                Un sourire prédateur se dessina sur le sourire de Chris.

— On le porte au sous-sol, on le fout à poil, on l’attache à une chaise et on attend qu’il se réveille.

— À poil ?

— Ouais. Tu verras, ça sera rigolo.

                Ils détachèrent les menottes du prisonnier avant de le descendre au sous-sol puis Nancy se figea.

— La chaise sur la bâche en plastique ?

— Oui.

— Pour une éventuelle exécution sommaire ?

— Oui.

                La jeune femme s’écria, extatique.

— Je pourrais le faire ?

                Chris la dévisagea quelques secondes avant de répondre.

— Si ça t’amuse… Et c’est moi le sociopathe… Allez, finissons-en.

                Ils dénudèrent, installèrent et attachèrent Archibald, puis Chris activa un dispositif de communication avant de se rendre aux escaliers.

— T’as faim ? J’ai des burgers surgelés.

— OK.

                Nancy referma la porte derrière elle, laissant leur captif endormi et dans le noir le plus absolu.

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