16

11 minutes de lecture

                — Y a quelqu’un ? Je suis où ? À l’aide !

                Chris et Nancy observèrent le petit boîtier d’où s’éleva la voix paniquée puis le tueur se tourna vers son apprentie.

— On dirait bien que notre invité est réveillé. Tu viens ?

                Nancy afficha un large sourire enthousiaste avant d’acquiescer, et le binôme se mit en route pour le sous-sol dissimulé sous le garage. Une fois en bas, Chris actionna l’interrupteur, et Archibald cligna des yeux quelques instants pour s’habituer à la lumière avant de hurler.

— Bob ? C’est quoi ce bordel ? Qu’est-ce que je fous là ?

                L’intéressé se dirigea vers un établi en répondant d’un ton calme et détaché.

— Vois-tu, Archi… Ça ne te dérange pas que je t’appelle Archi ? On s’en fout. Vois-tu, Archi, je ne m’appelle pas Bob.

                Il déroula un long étui de cuir dans lequel il prit quelque chose avant de se tourner vers son prisonnier.

— En vérité, je m’appelle Chris. Chris Evian.

                Les yeux d’Archibald s’ouvrirent en grand tandis qu’un murmure s’échappait de ses lèvres.

— Oh putain…

                Se ressaisissant, il tourna la tête vers Nancy et reprit.

— Alors toi, t’es la putain qui s’est échappée ?

                La jeune femme fronça les sourcils avant de répondre.

— Je m’appelle Nancy, tête de pine. Finissons-en, Chris.

— Bien sûr.

                Le tueur s’approcha du motard en brandissant un scalpel.

— As-tu idée de ce qui t’attend ?

                Une lueur de colère apparue dans les yeux d’Archibald.

— Tu vas me torturer pour me faire avouer ce que je sais, et ensuite tu me tueras.

— Tout juste, Auguste. Alors, gagnons du temps et mets-toi à table. Qui est ton fournisseur.

                Archibald cracha au sol et Chris haussa les épaules.

— Comme tu veux. J’adore cuisiner mes prisonniers. Et avec toi, je vais faire de la grande cuisine.

                Il avança d’un pas avant de se raviser et de reposer le scalpel.

— En fait, je vais faire de la cuisine expérimentale.

                Il traversa le sous-sol pour se rendre à une armoire qu’il ouvrit en dévoilant tout un lot de poches à perfusion dans lesquelles il fouilla avant d’en brandir triomphalement une.

— Voilà ! Sais-tu ce qu’il y a dedans ?

— Du Penthotal de sodium ?

                Chris se mit à rire.

— Du sérum de vérité ? Non. Si tu étais drogué, tes réponses ne seraient pas fiables à cent pour cent. Les victimes de ce produit ont tendance à mélanger réalité et imaginaire. Non, ce n’est que du viagra.

                Nancy haussa les sourcils.

— Du viagra, vraiment ? Tu comptes le torturer en le faisant bander ?

— Oui. Je te l’ai dit, j’aime cuisiner.

                Devant le regard sceptique de la jeune femme, il ajouta.

— Va me chercher l’épluche-légumes, s’il te plaît, je vais lui peler le concombre. Oh, et du gros sel aussi, pour l’assaisonner.

                La muière se fit dans les esprits de Nancy et Archibald, et alors que le visage du captif se décomposait, celui de la jeune femme s’illuminait. Un sourire sadique aux lèvres, elle se tourna vers le prisonnier.

— Tu devrais passer à table avant qu’il ne te cuisine, sinon, tu vas déguster.

                La jeune femme se dirigea vers les escaliers tandis que Chris préparait la perfusion dont il planta l’aiguille dans le creux du coude.

— D’ici quelques instants, tu auras le poireau gorgé de sang, et moi, je vais en faire de la fondue.

                Il se redressa en rigolant avant d’ajouter.

— En revanche, je ne te garantis pas de pouvoir continuer sur-le-champ lexical de la cuisine. Mais je te jure que tu vas parler. Alors, gagne du temps et épargne-toi des souffrances. Dis-moi ce que je veux savoir.

                Archibald s’empêcher de céder à la panique, mais son visage comme le timbre de sa voix le trahirent.

— Si je parle, il me tuera.

                Chris se pencha à son oreille.

— Je te tuerais avant lui quoiqu’il arrive. Mais est-il nécessaire de souffrir avant ? Je veux un nom, et le code de déverrouillage de ton téléphone, parce que je suis sûr qu’il est sous un pseudo dans ton répertoire téléphonique. Je me trompe ?

— T’es un putain de psychopathe !

                Chris se redressa lentement, le visage subitement neutre et le regard froid, avant de répondre d’un ton glacial.

— C’est le seul moyen pour me faire comprendre d’ordures dans ton genre.

                Nancy arriva au même moment, un économe dans la main droite et un sachet de gros sel dans la gauche, en claironnant.

— À table.

                Chris frappa ses paumes de mains l’une contre l’autre.

— On va se régaler.

                S’approchant de la jeune femme, il lui prit ce qu’elle tenait en lui montrant l’établi d’un mouvement de tête.

— Enfile un tablier, des lunettes de protection et des gants.

                Nancy haussa les sourcils.

— Pourquoi ?

— Je suis le chef cuistot et toi le commis de cuisine, donc éplucher les légumes, c’est ton boulot gamine.

                La jeune femme sourit avant d’embrasser son mentor.

— Merci, je n’osais pas le demander.

                Elle alla s’équiper avant de se positionner devant Archibald sur lequel la perfusion commençait à faire effet.

— Oh, regardez-moi ça… Tu es si content que ça de me voir ? En tout cas, c’est un grand concombre que voilà. Une fois qu’il sera épluché, je le couperais en fines rondelles.

— Vous êtes des malades ! Je vais vous crever ! Et toi, petite pute, je te ferais violer par tout mon gang avant !

                Nancy rigola de bon cœur.

— Tu n’as donc pas compris que tu ne sortiras jamais d’ici ? Allez, on commence.

                Elle tendit la main sur le côté et Chris y déposa l’épluche-légumes, puis elle se mit à genoux entre les cuisses du motard dont elle saisit le sexe à pleine main avant de planter son regard dans les yeux paniqués de sa victime.

— Fais-moi plaisir et ne parle pas.

                Elle posa la lame de son outil de torture sur le gland avant d’ajouter.

— En revanche, tu as le droit de gémir de plaisir.

                Elle appuya ensuite sur la lame et commença à la faire descendre le long du membre en arrachant un hurlement de douleur à Archibald tandis que Chris croisait les bras sur son torse et que d’épaisses gouttes de sang venaient s’écraser sur la bâche en plastique. Quand Nancy eut atteint le bas du sexe, elle retira la peau sanguinolente coincée entre les lames de l’économe et reposa l’outil sur le haut du sexe, aux côtés de la zone déjà écorchée, puis regarda de nouveau Archibald.

                Celui-ci pleurait à chaudes larmes en gémissant de douleur, et la jeune femme susurra.

— Tu prends ton pied ? Parce que moi oui.

                La voix de Chris retentit.

— Nouvelle chance de parler, Archi. Alors ?

— Allez vous faire enculer !

                Chris opina lentement.

— J’admire ta bravoure… Vas-y gamine.

                La jeune femme se remit en travail et les cris reprirent. Elle pela deux bandes de plus avant de s’arrêter et regarder Chris.

— Je continue ?

                Le tueur observa le motard parcouru de spasmes de sanglots et de douleurs pendant quelques instants avant de répondre.

— Non. Tu vas lui appliquer du gros sel dessus maintenant.

                Archibald ouvrit de grands yeux emplis de terreur.

— Quoi ? Non ! Non, pitié !

                Il se mit à sangloter en suppliant à voix basse.

— Pitié, ne faites pas ça…

                Nancy ne l’écouta pas et se saisit du sac de gros sel qu’elle ouvrit avant d’en saisir une poignée tandis que Chris la conseillait.

— Tu l’appliques bien, et tu l’étales sur toute la plaie.

— Ouais, je le branle avec, quoi.

— C’est ça.

— Très bien.

                Elle attrapa le membre d’Archibald de sa main pleine de gros sel et les cris de celui-ci redoublèrent alors que sa main parcourait la chair écorchée de haut en bas pendant plus d’une minute jusqu’à ce que Chris lui dise d’arrêter.

— Alors, Archi. Tu t’obstines à vouloir souffrir, ou tu craches le morceau.

— Quatre-vingt-douze trente-deux ! Le Comptable ! Mais pitié, arrêtez !

                Chris fronça les sourcils quelques instants avant de se diriger vers les affaires d’Archibald pour fouiller dans les poches du pantalon. Il s’assura ensuite que le code de déverrouillage de l’écran fonctionnait et que le nom figurait bien dans le répertoire avant de demander.

— Qui est Le Comptable ?

                Archibald se mura dans le silence aussi Nancy frappa sur la chair écorchée en lui arrachant un nouveau cri de douleur.

– Quand quelqu’un te pose une question, la politesse élémentaire est de lui répondre.

                Le prisonnier leva ses yeux pleins de larmes vers Chris et murmura.

— C’est Mascrato… C’est lui Le Comptable.

                Le visage de Chris se recouvrit immédiatement d’un masque de rage, et alors qu’il s’avançait vers sa proie, celle-ci céda à la panique.

— Attends, je vais t’expliquer comment ça marche, mais pitié, ne me fais plus de mal !

                Chris s’immobilisa avant de croiser les bras sur son torse.

— Je t’écoute.

                Archibald renifla avant de reprendre.

— Il détourne de l’armement réformé et achète le reste dans les pays du Balkan et d’Afrique puis il revend aux groupes mafieux, aux terroristes et à nous. Quant à la drogue, il la fait venir d’Amérique Latine et du Maghreb et nous la revend après… C’est lui aussi qui nous donne des contrats pour éliminer les gens qui le gène. C’est lui qui avait mis la tête de ta sœur à prix… Je t’en supplie, ne me fais plus de mal…

                Chris regarda le téléphone quelques secondes avant de pianoter sur l’écran pour changer le code de déverrouillage pour ensuite le ranger dans la poche de son pantalon. Se dirigeant vers le fond du sol, il reprit.

— Gamine, viens par-là s’il te plaît.

                La jeune femme l’observa quelques secondes avant de se relever et le rejoindre pour le trouver face à une armoire blindée que le tueur ouvrit devant elle en dévoilant de nombreuses armes à feu. Il lui tendit un casque antibruit dont elle se saisit dont elle se saisit puis il en prit un second qu’il mit autour de son cou, et alors que celle-ci l’imitait, il expliqua.

— Voici l’heure de ton entraînement au tir. Choisis ton arme.

                Nancy l’observa quelques secondes avant de sourire, retirer ses gants couverts de sang et se saisir un Desert Eagle* tandis que Chris opinait.

— Bon choix. Le calibre fait de gros dégâts, tu peux même arracher un membre avec. Et pour une première séance de tir, ça te permettra de t’habituer à une arme lourde avec un recul conséquent. Fais attention toutefois, les étuis ont tendance à partir vers la tête du tireur.

                Il prit trois chargeurs et les tendit à son apprentie.

— Tu te rappelles comment ça marche ?

                Nancy prit le premier chargeur, l’engagea dans l’arme avant de tirer la culasse à l’arrière puis contrôler que la cartouche était bien montée en chambre.

— Comme ça ?

— Parfait. Cette arme a une portée pratique de deux cents mètres, alors tu vas tirer d’ici. Mets ton casque sur les oreilles, vise une jambe et tire dès que tu es prête.

                Elle se mit en position, les jambes légèrement écartées pour que ses pieds soient au même écart que ses épaules, puis tendit les bras devant elle, celui tenant l’arme poussant en avant et le second posé par-dessus tirant vers son torse pour augmenter la stabilité face au recul, puis elle retira la sûreté et laissa la dernière phalange de son index glisser sur la queue de détente et prit sa visée. Elle bloqua ensuite sa respiration tout en pressant doucement la queue de détente jusqu’à atteindre le point de résistance et appuya pour le dépasser. Une puissante déflagration retentit dans le sous-sol alors que Nancy poussait un cri de surprise en basculant presque en arrière et qu’Archibald hurlait de douleur. La jeune femme se redressa avant de regarder Chris en souriant et sans se soucier de sa cible, et le tueur lui sourit en retour.

— Alors, ça décoiffe ?

— Oui, le recul surprend. Et ce bruit… Mais c’est tellement génial !

— Je te l’accorde. Maintenant, regarde ta cible.

                Nancy reporta son attention sur Archibald pour découvrir qu’elle lui avait arraché le pied gauche.

— C’est ce que tu visais ?

— Non, je visais le tibia…

— Bien, alors reprends ta visée en la remontant légèrement et recommence.

                Ils remirent leurs casques et Nancy se remit en position, observant Archibald la suppliant de ne pas tirer, puis le coup partit alors que la jambe du détenu se déchirait en deux au milieu du tibia. Malgré les hurlements de douleur de la cible vivante, Nancy sautilla plusieurs fois sur place d’excitation et de fierté tandis que Chris applaudissait lentement.

— Bravo gamine. Maintenant, libres à toi de tirer encore un peu ou de l’achever, avec la méthode de ton choix.

                Nancy regarda Archibald dégoulinant de sang et en larmes avant de sourire.

— En fait, je vais l’achever puis continuer à tirer après. Tiens-moi ça.

                Elle plaqua le pistolet automatique sur le torse de Chris qui s’en saisit sans quitter la jeune femme des yeux. Celle-ci se dirigea vers l’établi et y prit le scalpel avant de se placer dans le dos d’Archibald et se pencher à son oreiller tout en lui glissant la lame sous le cou.

— Coucou mon roudoudou. Tu m’entends.

                Tendu depuis qu’il avait senti la lame contre sa gorge, Archibald répondit comme il put.

— Oui… Je t’entends…

— Bien. Nous allons jouer à un jeu. Je fais te faire des choses, et toi, tu vas me dire si ça fait mal ou pas, d’accord.

— Pitié…

                Nancy lui saisit le menton pour lui maintenir la tête avant de répondre.

— En fait, je ne te demandais pas ton avis. Après tout, tu n’as pas demandé l’avis des femmes que tu as violées, pas vrai ?

                Elle commença à lui trancher l’oreille et le motard se remit à hurler jusqu’à ce que le bout de chair et de cartilages tombe au sol. Nancy le contourna ensuite pour se mettre à genoux face à lui et lui saisir les testicules.

— Tu vas être puni par là où tu as pêché. Mais rassure-toi, tu as déjà perdu tellement de sang que tu n’en as plus pour longtemps ni à vivre ni à souffrir. Adieu, fils de pute.

                Elle lui trancha lentement les bourses et leur contenu avant de s’attaquer à son sexe d’où le sang se mit à s’échapper en quantité avant de se tarir petit à petit en même temps que les cris de son propriétaire. Quand elle se releva en brandissant le membre sectionné, elle se tourna vers Chris en le lui montrant.

— Il est mort exsangue, et je n’ai même pas eu le temps de l’égorger.

                Chris l’observa quelques instants avant de demander.

— Qu’est-ce que ça t’a fait de le torturer, lui tirer dessus et l’achever ?

                Nancy jeta le morceau de viande par terre avant d’aller poser le bistouri sur l’établi tout en réfléchissant à la question.

— Ça n’était pas aussi bon que ce que j’aurais cru. Même si c’était un sacré pourri, il n’en restait pas moins un être humain. Et je l’ai tué.

                Chris acquiesça.

— Prendre une vie est quelque chose de difficile. Et je ne vais pas te mentir, ça risque de te faire passer quelques nuits blanches.

                Nancy regarda le sol quelques instants avant de reporter son attention sur son mentor.

— Si ça évite que d’autres vies, d’autres familles, volent en éclat, alors je suis prête à devenir insomniaque.

 — Bien. Alors dans ce cas.

                Il lui tendit le pistolet automatique et reprit.

— Continuons ton entraînement. À la fin de ce chargeur, on fait revolver, fusil à pompe, mitraillette, fusil d’assaut et mitrailleuse. Et après ça, déjeuner puis nettoyage armement.

                Nancy se saisit de l’arme en souriant.

— Avec plaisir !

Le Desert Eagle* (en français « aigle du désert ») est un pistolet semi-automatique.

Ce pistolet a été conçu au début des années 1980 par Magnum Research, aux États-Unis et par Israël Military Industries, en Israël. Au départ, la production a été confiée à IMI, en Israël, pour les versions Mk I et Mk VII. Puis, aux États-Unis de 1995 à 1998 pour la version Mk XIX. Ensuite, à nouveau en Israël. Depuis 2009, le Desert Eagle est de nouveau produit aux États-Unis.

Connu par les tireurs sportifs pour pouvoir être chambré dans les calibres. 357 Magnum,. 44 Magnum, et. 50 Action Express, sa puissance de feu lui a valu une certaine notoriété auprès du cinéma et des jeux vidéo.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Sebastien CARRÉ ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0