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Aussi dénommé "Raid de la mule" - Lang. pop.

Guerre de mille ans (aussi dénomée abusivement "Guerre éternelle" - Lang. pop.).

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Le sergent

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Que ce foutu Gabriel ponde ou fonctionne ou pas, ce n'était plus mon problème et leur anatomie, leur métabolisme, je m'en foutais comme de l'an 3000. Homme-cheval ou bête humaine peu importait.

Moi je les avais traqués, surveillés, chassés, harcelés, étudiés jour après mois, dans leur quotidien, dans leurs rites, autour des feux de camps, tout au long de leurs chevauchées, je savais qu'ils étaient différents.

Au cours de ces longs mois passé à les suivre, il était survenu un incident trop chelou lors d'une de mes tentatives d'infiltration qui avait mal tournée. Dans leurs latrines de campagne, couvert de purin et de pisse, presque nu, en catatonie au milieu de la horde, j'avais compris le truc le plus important les concernant. J'étais resté sans bouger, incapable du moindre son, sans aucun espoir, certain de ma fin toute proche et pourtant si calme.

Ils étaient partis en passant à quelques mètres, en m'ignorant totalement malgré les nombreux regards dans ma direction. Ils ne m'avaient pas vu ! Rien, aucuns de leurs gros yeux inexpressifs qui ne les aient alerté de ma présence ! Les excréments avaient neutralisés mon odeur, la paralysie qui me tenait, toute émission sonore.

Ce qui les animait était invisible pour nous. Des sons et des odeurs, voilà ce qu'était leur réalité. Rien à voir avec nous, être du jour et de la nuit, façonnés et dominés par nos yeux, notre point de vue. Tu parles ! Le vrai combat c'était le visible contre l'invisible. Ils étaient myope comme des taupes. ils suffisait de trouver le bon chien d'aveugle et je les menais par la bride où je voulais. L'état major avait suivi.

De toute façon ils n'avaient pas beaucoup d'autres options je crois. Les conseillers scientifiques, planque de choix ce job d'ailleurs, avait parlé de phéromones ou un truc du même genre. Bonne pioche, ils avaient galopé droit dans le piège sans rien voir. Comme je l'avais prévu.

J'avais fait ma part. Berner une horde, la décimer entièrement sauf un, laisser le scientifique psychopathe lui implanter son bébé techno-bio-mutant et le survivant rejoindre les siens. Après, ça devenait de l'histoire, avec un grand H. La seule qui serait inscrite dans le marbre des livres indiscutables des vainqueurs.

J'avais fait ma part. Le doyen des Bayards, ce pourri, s'était engagé devant témoins, j'allais pouvoir fonder ma lignée. L'Ordre de la Culture.

La galère pour trouver le nom ! Je ne suis pas vraiment un intello, jongler avec les mots pour moi c'est comme une impossibilité tactique. Mais une chose était certaine, si je fondais ma famille, c'était grâce à eux. Et si j'avais un point commun avec les Centaures c'était bien leur vénération pour l'agriculture. Un truc vraiment important pour eux, l'agriculture (et les métaux rares, jamais compris pourquoi). Si tu veux survivre, c'est la base, ce qui te permet de bouffer, surtout l'hiver. Le blé, l'orge, le maïs...

Au début j'avais pensé à l'Ordre de l'agriculture.

Pas la confrérie, la communauté ou je ne pas quelles congrégations genre humanistes, on est tous frères, et on s'aime comme des tafioles, non pas question, même pas en rêve. Du concret, du solide, de l'ordre. Donc l'Ordre...

De l'agriculture ca sonnait pas terrible. Trop long, trop bavard, trop terre à terre. Et puis Ivan il disait toujours que je manquais de culture et que dans le monde d'après, après la guerre, je serai bon à rien. Et moi je lui répondais toujours, ben si, il faudra bien s'occuper de cultures sinon on mangera quoi dans le monde d'après ? Ça le faisait rire ce jeu de mots débile.

L'Ordre de la Culture. Ça tapait grave.

-"Une pause clope, sergent ?"

-"C'est pas de refus, Ivan."