L'arbre brun aux deux émeraudes
Dans une forêt immense, aux innombrables troncs,
Je me faufilais, sillonnant entre les fleurs et les joncs.
Parmi les divers ramages qui, au-dessus de moi,
Se mélangeaient et s'mbrassaient, l'un me mit en émoi.
De nature oisive, j'ai pour habitude de fanfaronner et de fricoter,
Avec les nuages et les monts, m'envolant dans les cieux,
Tout en espérant trouver suffisamment de ouate afin de tricoter,
Un patchwork de destins que je pourrais partager avec eux.
Aussi, en joyeux pinson, me posais-je sur la branche,
De ce géant vénérable, afin de lui compter quelques légendes,
Et autres poésies que j'avais appris au delà de cette lande.
Je terminais mon éloge et engloutissais une canche.
Mon élucabration au sujet des contrées lointaines toucha l'enraciné,
Au plus profond de son être, au cœur-même des noeuds qui l'enchaînent
Indéfinitivement, loin des paysages qu'il ne peut au mieux qu'imaginer.
Il fut pris d'une colère muette, jusqu'à ce que ses feuilles se déchaînent.
La terre de la sylve trembla, hurla, les racines de ses frères, se retrouvèrent
Arrachées du sol, tandis qu'un puissant crépitement emplissait l'air.
Pour cette force immobile, c'en était trop, il était devenu un être millénaire,
Il serait à jamais figé, triste présent pour un énième anniversaire.
L'écorce se déchira, les feuilles flétrissèrent, même sa carapace boisée,
S'éventra. Acculé par sa peine et par sa curiosité, le chêne s'affaissa.
Tandis que je croyais être le bourreau de cette figure emblématique,
Une lumière scintillante à l'aura verte comme une émeraude irisée,
Perça la forêt, tandis que s'éveillait une nymphe magnifique.
Qui, libérée de son infinie prison, reconnaissante, m'embrassa.
Aujourd'hui, elle sillonne la nue, et de notre monde, la surface,
Cette journée pour elle, marquée par sa libération, devenait la préface,
D'une longue vie et du savoir qu'elle détient.
Définissant ce jour dans son âme, à tout jamais, comme le sien.
Annotations
Versions