JOURNAL DE GUILHEM, RENCONTRE DE GABRIEL

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C'est en poursuivant notre chemin pour aller chez moi que nous avons rencontré Gabriel. La première fois que je l'ai vu, il était à genoux dans une cellule de la maison d’arrêt de Carcassonne, en train de prier. On était arrivés en pleine tempête, pensant nous abriter quelques heures. Nous espérions aussi trouver des armes. Il y avait de gros dégâts relativement récents sur le site, résultat de nombreuses explosions. Une partie des détenus avait réussi à fuir, d'autres étaient morts et commençaient à dégager une odeur que la pluie et le vent ne parvenait pas à atténuer.

Dans la partie en bon état du bâtiment, j'avais aperçu une silhouette révélée par le faisceau de la lampe. L'intensité de son calme m'avait interpellé. Le seul truc dont j'étais sûr, c'est que ce type n'avait rien à faire là. J'avais fait assez de bruit pour qu'il remarque ma présence et j'aivais murmuré un bonjour interrogatif. Dans son regard épuisé et plein d'étonnement, il n'y avait ni peur ni vice. Quand j'avais ajouté :

— Excuse-moi d'interrompre ta prière, c'est de l'incrédulité qu'il avait montré avec un demi sourire. Ça m'avait plu...

— Je vais essayer de te sortir d'ici !

— Pourquoi ? Je suis un criminel...

Là, il m'avait surpris. Il avait encore assez de force et de lucidité pour se méfier, ça m'avait plu aussi.

— Parce que j'ai la foi, mec ! Et que je sais que ta place n'est pas ici.

Il m'avait regardé partir comme si j'étais un fantôme. Les deux survivants suivants hurlaient, vociférant injures et supplications, nous demandant de les laisser sortir, et nous traitant de " putains d'enculés de bâtards, de pourritures... " On ne s'était pas attardés. Il nous avait fallu quatre heures pour trouver et installer de quoi faire sauter les barreaux de la cellule. Heureusement que Mickaël est un vrai pro, voire un artiste de la chose ! Parfois je me dis que j'aurais dû libérer les autres types. Mais les laisser sur nos talons me semblait trop risqué. J'aurais dû les éliminer, ça aurait été plus propre.
Je regrette de les avoir laissé comme ça, mais c'est trop tard.

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