LA TRIBU, ADAPTATION, DAME NATURE PREND LES COMMANDES
Réveillée très tôt par les poules s'agitant dans leur enclos, grattant le sol, et caquetant bruyamment, comme si elles étaient affamées, Séréna s'interrogeait car elles avaient à manger chaque jour.
Elle leur avait ouvert la porte et elles s'étaient précipitées dans la campagne, picorant avec entrain, le coq donnant de la voix à plein gosier.
Elle se sentait reposée, étrangement jeune. Ce jour là, elle fit une bonne marche dans le soleil hivernal et rentra les joues rosées et les yeux brillants. Le lendemain, ce fut Salomon qui la réveilla.
Il se tenait devant la porte ouverte sur le soleil, en caleçon, regardant avec perplexité le réveil qui affichait heure et date et murmura :
— Il y a quelque chose qui ne va pas avec les jours, Serena. Le temps passe trop vite. Ou les jours durent moins longtemps. Je ne sais pas...
— J'ai remarqué ça aussi, répondit l'Ancienne.
— Regarde ma barbe ! Elle n'a pas pu pousser autant en une nuit...
— Salomon, je crois que ce n'est pas le temps qui a un problème. C'est nous ! Dis-moi comment tu te sens.
— Plutôt bien. Je me sens même en pleine forme. Pourquoi ?
— Moi aussi je me sens bien et surtout reposée. Salomon, je crois que le destin nous a envoyé une solution pour supporter l'hiver. Je crois que nous avons dormi trois fois deux jours d'affilée, ou deux fois trois jours. C'est pour ça que les poules avaient si faim !
— On a dormi... économie de bois, de nourriture... on a hiberné.
— Comme les ours, avait demandé Irma, les faisant sursauter.
— Oui, répondit Séréna. Et comme les écureuils.
— Mais on n'est pas supposés faire ça...
— Pas jusqu'à maintenant. Mais tout a changé. Et on dirait que nous changeons aussi.
— On sera comme des mutants alors...
— Euh... on peut dire ça comme ça, avait admit Salomon, pensif.
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