Guilhem s'avança vers sa fille, le cœur battant. Face à face, ils se regardèrent, chacun cherchant un souvenir de l'être aimé sur le visage d'un inconnu. Azalée accepta l'étreinte de son père, raide et immobile, comme pétrifiée.

Légèrement en retrait, Amanda attendait, impassible. Elle avait détourné le regard, visiblement mal à l'aise. Elle qui ne supportait pas le moindre contact masculin, ne serait-ce qu'une poignée de main, ressentait de la colère face à cet homme qui posait ses mains sur Azalée, et une part de jalousie aussi. Bien sûr, elle reconnaissait que cette tendance existait déjà en elle avant les événements. Mais ces années de violence et de folie avaient amplifié tout cela. Elle savait qu'Azalée ressentait la même chose. Elles avaient toutes deux des souvenirs cauchemardesques de ces temps passés, comme bien d'autres... Elle en voulait à cet homme d'imposer ça à sa fille cependant, elle respectait Guilhem et ceux qui avaient combattu à ses côtés pendant la Guerre des Pétasses.

Les yeux fixes, Azalée attendait que cesse cette embrassade qui lui donnait la chair de poule, et elle soupira de soulagement quand il la relâcha. Amanda posa un bras protecteur autour des épaules de son aimée, ne voulant laisser aucun doute à Guilhem.

— Azalée, Dieu merci, tu es là, vivante ! Tu m'as tellement manqué... J'ai eu tellement peur pour toi... Je t'aime, ma fille, ma petite...

— Papa... Titoun et maman sont morts...

— J'ai vu leurs tombes dans le jardin...

— J'ai fait comme je pouvais.

— Je sais. Merci pour eux.

Il avait besoin de la serrer de nouveau contre son cœur, mais il n'osa pas. L'énergie que dégageait Azalée était glacée. Son enfant, sa chair, l'être pour qui il avait continué à vivre semblait brisé. C'était ce qu'il ressentait...

Avec rage Amanda se demandait pourquoi cet homme n'avait pas remué ciel et terre pour retrouver son enfant...

Qui pourrait lui dire qu'il avait cherché sans relâche ?