CE QUI DEVAIT ADVENIR... ADVINT... ou TROP BON,TROP CON
JOURNAL D'ALBA :
Jérémy, mon frère nous a rejoints au cours de l'hiver. J'avais désespéré que nous nous revoyions et j'étais folle de joie... Il était accompagné de José qu'il nous a présenté comme son compagnon de vie. Je ne connaissais pas cette tendance chez lui. Il avait toujours été tellement réservé...
SIX MOIS PLUS TARD
RÉCIT DE JOSÉ :
Ils étaient arrivés, en fin d'après midi pendant qu'on discutait en prenant les derniers rayons du soleil. Trois hommes avec leurs bagages. Ils avaient demandé l'hospitalité. On s'était dit que ce serait bien de repartir sur des bases plus saines que celles de l'ancien monde et on les avait installés dans l'ex mairie. Il y avait Alan, leur tête d'affiche, ( je plaisante... d'accord, c'est qu'à moitié drôle... ) disons plutôt le chef du trio. Frison et Ars ( pour Areski ), les deux autres avaient des airs de « à qui je ne confierais pas mon chien ». J'aurais préféré écouter mon instinct, mais on décide en collectif...
* * *
Depuis quelques temps le village comptait donc trois personnes de plus. Moi, je ne les sentais pas, ces types. Surtout le Alan qui était né avant son grand-père, comme on dit. Il voulait toujours commander et se foutait de tout le monde. S'il n'y avait eu que moi, ils ne seraient pas restés. Mais bon...
* * *
On avait décidé d'organiser une petite bringue pour célébrer l'arrivée de l'été, le 21 juin. ( On a un peu l'impression que chaque jour sera le dernier, en fait. Alors on se fait plaisir quand on peut. ) On avait invité Guilhem et les siens, la Tribu des Femmes. Chaque groupe avait envoyé une délégation, en tout, une dizaine de personnes, plus les trois nouveaux.
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Alan n'aimait pas les « Pétasses » et encore moins Azalée, qui le lui rendait bien et le regardait avec un mépris évident. Ils échangèrent d'abord quelques propos grinçants qui devinrent hargneux au cours de l'après-midi. Cette ambiance déplaisait aussi à Amanda mais elle resta en retrait, ne voulant pas ajouter d'huile sur le feu. Elle avait tout de même conseillé à Azalée de rester calme et d'ignorer les trois hommes.
Après le repas de midi, La Sauvage, nerveuse, avait embrassé Salomon et s'était éclipsée, emmenant Luis et Solo. Les heures passant, les nouveaux prirent leurs aises, jusqu'à ce qu'Ars traite Azalée de, je cite, « brouteuse de gazon ». C'était bien lourdingue...
Elle était furieuse et lui avait répondu, je cite aussi, qu'il avait un zgueg à la place du cerveau et comme ça ne lui suffisait pas, elle lui avait balancé son verre de vin au visage pour laver l'affront. Salomon, juste à côté s'était interposé, tentant de les calmer.
— Et toi le gros balaise, t'aurais pas des origines ? (Sous entendu en rapport avec son teint).
— Je suis Toulousain, pauvre débile ! (C'était carré et c'était bien dit !)
— Tu te fous de ma gueule ? Ta mère s'est fait mettre en cloque par un bâtard !
Jérémy était intervenu en braillant :
— Mec si tu as un souci avec le monde, tu peux dégager ! On n'a pas besoin de ça ici !
La suite ça avait été une rapide montée en pression qui avait dégénéré en violente altercation quasi générale.
Mais quand Séréna s'était faite brutalement bousculer par un de ces enragés qui la traita de vieux débris, Amanda, restée plus ou moins calme jusque là, bondit, dans le tas et poignarda ce connard. Résultat : un cadavre, stupeur et silence glacé. Elle avait essuyé sa lame sur sa manche et s'était éloignée en grondant :
— On ne frappe pas une femme devant moi !
Elle est pas commode la Dame !
Sur l'entre-fait, Annabelle qui venait d'arriver alertée par les cris, voyant le corps sans vie au sol, s'était exclamée :
— Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ici ?
— Ce qui devait arriver... On pensait être à l'abri. Mais il reste encore assez de monde pour que tout continue.
C'était tout ce que j'avais trouvé à lui répondre sur l'instant. Elle avait joint les mains avec effroi en demandant aide et protection à Dieu. J'aime bien Annabelle, même si on ne prie pas pareil.
Frison et Alan en avait profité pour déguerpir dans la forêt en cavalant, se doutant de la suite probable. Rafaël, les imaginant revenir plus tard avec d'autres « mauvais », avait piqué un coup de nerf et s'était lancé à leur poursuite. Il les avait rejoints rapidement et avait réussi à éliminer Frison assez vite. Alan avait eu le temps de lui porter un coup de lame et l'aurait achevé si Guilhem n'était rapidement arrivé. Il avait vu son ami partir en courant et devinant ses intentions l'avait rejoint. Il avait éliminé Alan sans état d'âme, il me l'a dit, et avait ramené son coéquipier, le soutenant d'un bras protecteur et solide, jusqu'au presbytère où logeait Séréna-Alboreta et l'avaient installé dans le salon sur le canapé.
Une vilaine entaille lui dessinait une ligne sanglante de l'épaule droite à la hanche gauche. Andreu lui fit ingurgiter un bon verre d'alcool de prune en mode " anesthésie de fortune ", et Séréna lui administra les soins nécessaires dont une belle quarantaine de points de suture. Salomon avait allumé une belle flambée. Faut pas laisser refroidir un blessé !
Quand Guilhem avait été rassuré sur l'état de son ami, il avait demandé des bras afin de creuser une fosse assez grande pour recevoir les corps de ces trois salopards. On a fait ça à quatre, lui, Salomon, et moi. Pas de croix, pas de pierre tombale, pas de nom. Juste un arbre par dessus, un hêtre, ça pousse vite, les hêtres... et il sera bien nourri. Le silence de l'oubli pour garantir notre sécurité... Ça sonne bien comme épitaphe, je trouve...
La Sauvage était rentrée tard avec les enfants, elle n'avait pas posé de question, comme si elle savait déjà...
Elle est étrange, La Sauvage, mais les gosses l'aiment bien. Ça a de l'instinct, les petits... Alors je fais comme eux...
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