JOURNAL D'ALBA, LLORDAT ET SA FAMILLE
C'était environ 18h. Un moteur qui ronflait ! J'ai attrapé mon sac de première nécessité et je suis sortie en vitesse me cacher dans la forêt. Ça fait partie du plan que je me suis organisé, au cas où quelqu'un viendrait à découvrir le chemin et se rapprocherait de la maison. Je pourrais ainsi disparaître sans être démunie. J'ai attendu, accroupie dans la broussaille, le souffle court, l'angoisse qui me grignotait l'esprit.
C'était un camion. Il a tourné sur la piste. Je me suis encore éloignée. J'étais brûlante de peur, prête à m'enfuir pour de bon. Le moteur s'est arrêté. Un moment de silence a suivi et on a ouvert une portière. J'ai reculé encore. Le sang battait dans mes tempes, mes yeux. Mon front était couvert de cette sueur collante que la peur donne.
Et puis j'ai entendu mon nom ! C'était la voix de Llordat. Je me suis rapprochée en silence, pour vérifier qu'il n'était pas captif de gens mal intentionnés. Depuis mes buissons, je voyais aussi un passager.
Il avait ouvert la porte arrière et fait descendre deux personnes avec des gestes calmes et doux. Deux femmes. J'ai su alors que je pouvais me montrer.
On est restés accrochés l'un à l'autre, de longues minutes, soulagés de se retrouver, en bonne santé. J'ai pleuré de joie de le retrouver, de soulagement... Finie la solitude, la peur sourde mais quotidiennement présente.
Je me rends compte maintenant que j'ai vécu, depuis mon agression à Perpignan, dans un bain de stress permanent jusqu'à ce que je rencontre cet homme. J'ai passé les jours de son absence à sursauter régulièrement, d'angoisse.
On a eu le privilège de vivre dans un pays relativement tranquille, jusqu'à maintenant...
J'espère qu'on ne va pas devoir vivre sans lois, sans protection, ni sécurité définitivement...
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