ARKAN ET LES 7 SŒURS, TRANSPARENCE
Dans l'obscurité de la chambre, Arkan écoutait le vent secouer la forêt avec entrain. Il se sentait encore faible, mais la douleur de ses blessures avait bien diminué. Les arbres se caressaient et chuchotaient leurs secrets sylvestres.
Les bourrasques s'infiltraient par la fenêtre entrouverte, parcourant son corps, le faisant frissonner de bien-être, sous sa froide caresse. Il aimait le vent, sa musique, sa sensualité libre et sauvage. Il se sentait revivre, plein d'entrain et de bien-être.
Il avait rêvé de la Sorcière, comme ce souffle libre et sauvage. Il lui avait envoyé des brassées de douces pensées et de remerciements. Il avait appelé son âme et ses yeux noisette par delà terres et eaux.
Arkan de Montalba cherchait sa Dame à travers l'univers... depuis la nuit des temps.
Il laissa la brise jouer dans ses cheveux jusqu'à ce que, le jour s'étant levé, on ait toqué à la porte. Il avait pudiquement remonté le drap et émis un « oui » interrogatif.
Les sept sœurs étaient entrées, amenant nourriture et vêtements, en plus des remèdes.
— Comment te sens-tu, aujourd'hui, Arkan ?
— Bien, merci, avait-il répondu, comme ébloui. Je me sens bien, plein de gratitude, plein de joie d'être en vie...
Comme il n'ajoutait rien, restant les yeux perdus au loin, la guérisseuse sourit aussi en disant : Amoureux ? Il la regarda avec étonnement.
— Je suis désolée, Arkan. Sache que je ne me permets pas de fouiller dans l'esprit des gens. Mais tu l'as pensé tellement fort que je l'ai entendu !
— Ce n'est pas grave. J'avais posé mon bouclier. Et peut-être même que vous avez raison, si on peut être amoureux d'un esprit... Quoiqu'il en soit, merci encore. C'est grâce à vous si je peux encore l'être.
— Grâce aussi à celle qui nous a bien aidées. Et qui est probablement la Dame qui fait briller tes yeux.
— L'avenir le dira, ou pas...
— Repose-toi, rêve et reprends des forces. Nous veillons sur toi.
Elles étaient reparties en discutant sous leur capuchon et il s'était assis. D'un panier il sortit une part de gâteau à la farine de châtaignes et au miel qu'il mangea lentement. Un flacon de verre contenait de l'eau fraîche qu'il dégusta avec un intense plaisir. Son esprit repoussa le souvenir de la soif dévorante qui le harcelait chez Saphira.
Le second panier contenait deux chemises et deux pantalons. Il s'habilla laborieusement. Ses mouvements étaient raides et maladroits. Seconde étape, se lever. Il était encore assez faible pour vaciller et dut se tenir au mur pour faire le tour de la pièce et s’asseoir près du feu, en grimaçant. La sensation du tissus sur son corps blessé était désagréable, mais il se sentait tellement euphorique de pouvoir de nouveau bouger qu'il écarta cette idée aussi.
Il attendait son frère, avec le sourire et presque en forme. Et quand Enguerrand entra, il se leva pour l'accueillir en s'aidant de la poutre de la cheminée.
— Mon frère, debout, et vêtu ! Merveilleux ! Tu reprends le dessus !
— Oui, bon, c'est pas encore tout à fait ça, mais je peux marcher et bientôt je serai guéri !
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