Rentrant après le lever du jour, Enguerrand aperçut de loin un rayon de soleil se reflétant sur la porte. Intrigué, il pressa le pas et découvrit, suspendue à la poignée, la chaîne et la colombe de son frère. Son cœur se mit à accélérer brusquement. Son esprit refusait d'admettre ce que ses yeux voyaient. Portant un regard inquiet autour de lui sans rien voir de suspect, il tendit la main lentement, décrocha le bijou et entra.

Arkan allongé lui tournait le dos et murmura un bonjour encore ensommeillé. Enguerrand fit descendre la colombe devant les yeux de son frère en lui répondant. Lentement le musicien prit le bijou dans le creux de sa main tremblante et s'assit en murmurant :

— Elle était accrochée à la porte quand je suis arrivé.

— À la porte... mais comment est-ce possible ?

— Je ne sais pas. Les Sylves ont doublé voire triplé les gardes à certains endroits alors ça ne devrait pas être possible.

— Et pourtant...

Arkan replaça le bijou autour de son cou en pensant à sa mère, puis à Saphira.

— Enguerrand, on ne peut pas rester ici ! Elle sait exactement où on est !

— Tu n'es pas en état de fuir et de crapahuter.

— Je vais mieux, je vais forcer les exercices, faut partir dès que possible.

— Bon, quoiqu'il en soit, je vais avertir Samira.