Séréna revint du Bézu fatiguée par le trajet et l'émotion de sa découverte. Elle attendit d'avoir mis ses plantes à sécher et que, le soir venu, chacun fut rentré pour raconter sa triste découverte. Les enfants écarquillèrent les yeux, effrayés. Mais elle avait son idée.

— … les enfants, je comprends que vous ayez un peu peur. Ce n'est pas tous les jours que l'on voit un mort... et pourtant, il faut savoir que tout ce qui vit finit par mourir. Ce sera comme ça, pour nous tous aussi. Espérons juste que ce sera dans très longtemps et que nous nous serons habitués à cette idée. Donc je propose à ceux qui le voudront d'aller avec moi là-bas. Nous préparerons un nid confortable dans la terre pour cette dame puis nous y installerons ses os. On pourrait aussi planter un arbre par dessus. Les arbres sont forts et magiques, ce serait bien pour elle et pour nous. »

Il y eut quelques instants de flottement puis Irma Séréna demanda quel genre d'arbre était le mieux. Du coup, la tension retomba et ils discutèrent pour choisir.
Il décidèrent de planter une aubépine aux jolies fleurs de printemps. Elle était assez résistante pour le climat et ses fruits attireraient les oiseaux et autres petits gourmands. Et c'est ce qu'ils firent... avec tristesse, émotion et joie.

— Ainsi est la vie, n'est-ce pas, ronronna La Rumeur.

Avant la cérémonie, Séréna avait montré le sac d'Annie et son contenu à La Tribu et ils avaient convenu de tout ramener à Bugarach. Avec l'accord de chacun, elle mit dans une bouteille un message à l'intention de Martin, l'invitant à venir les rencontrer et récupérer les affaires de la défunte. Une fois bouchée, elle la posa sur la sépulture.
Pour la Sorcière, l'homme qui avait écrit la lettre et ce joli poème ne pouvait pas être une méchante âme... et il pourrait devenir s'il le voulait un membre de plus dans leur petit groupe.

Ils saluèrent Annie un à un et rentrèrent paisiblement.

Pour Séréna, c'était une étape importante de leur chemin dans cette nouvelle existence et elle resta quelques heures sous les étoiles à méditer, enroulée dans sa couverture.

Le vent était doux.