INTUITIONS
Adesha était allée voir Rayan après que celui-ci lui soit apparu dans un rêve où il parlait aux arbres, demandant de l'aide. Il était prêt à écouter et étudier chaque conseil. Elle en avait la certitude.
— J'ai su que j'allais être brûlé. Je venais de me réveiller et je pensais avoir perdu la vue. Mais c'était dans mon rêve. Et c'est ce qui m'est arrivé dans la réalité. J'ai vu Armel, sa famille et leur maison flamber. C'était un feu libératoire et leurs âmes ont plané au dessus quelques instant avant de s'éloigner. Vision du passé, et j'étais éveillé. Je pressens certains événements, c'est un fait, mais je n'arrive pas à prévoir avec précision dans le temps, et pas à volonté.
— Est-ce qu'il y a des moments où ça te semble plus facile, plus faisable ?
— Non. Rien de spécial. Pour l'instant.
— Les rêves sont de bons transporteurs d’informations, en effet. Mais tu peux aussi méditer, et demander de l'aide à ton guide, ou ton ange gardien.
— Et ils vont m'aider ?
— Oui, mais ce qui est le plus proche de la réalité, c'est « Aide-toi, et le ciel t'aidera ». Tu as le potentiel, je le sais, alors, utilise-le. Tous les jours, essaie de prédire quelque chose. Est-ce que tu auras de la visite, qui ce sera, à quelle heure, des choses simples. Et peu à peu, trouve des questions plus complexes : comment sera vêtue la personne, la raison de sa venue, par où elle est passée pour venir. Des choses comme ça. Et surtout, aie la foi, tu peux le faire, alors, fais-le ! C'est ce que disait Armel à son élève.
— Il avait un apprenti ?
— Oui, un jeune homme d'une vingtaine d'années qui a été emmené par la milice quand ils l'ont tué.
— Vous n'avez jamais eu de nouvelles ? Aucun signe de vie ? Rien ?
— Non, jamais. Mais toi, tu pourrais essayer de savoir, avec ces capacités, tu aurais peut-être un résultat.
— Il était fort ?
— Armel l'avait choisi pour cette raison. »
Et à cet instant, Rayan sut qu'il était en grand danger. Quelques jours plus tard, il vit sa mère, souriante, assise sur le bord de son lit, l'endroit le plus confortable de son appartement. Elle était sereine, presque joyeuse, juste un peu floue. Elle voulait lui parler.
— Je voulais te parler avant que Lemos ne soit ravagépar un tremblement de terre. Ne crains rien, mon chéri, ne te fais pas de souci. Je serai morte avant que ça se produise. Je vais quitter ce monde cette nuit. J'ai fait mon temps. C'est bien comme ça...
Il s'était réveillé en sursaut, le souffle court les mains tendues vers cette illusion qui s'effaçait lentement de son esprit.
— Maman... je voulais te revoir...
— Nous nous sommes revus... prends soin de toi Rayan, je t'aime, c'est la seule chose qui ne mourra pas, mon amour qui sera toujours près de toi.
Il pleura, désolé de l'avoir abandonnée, de n'être pas retourné la chercher, pas même lui avoir fait parvenir un petit message. Puis il entendit un souffle de vent dans les arbres, énergique, doux cependant et il passa la manche de sa chemise sur son visage, séchant ses larmes. Il perçut son affection virevolter autour de lui, dans son cœur, et il se sentit calme. Ils s'étaient revus...
Elle était partie en paix, tout était en ordre.
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