RAYAN RETROUVE L'APPRENTI D'ARMEL
Régulièrement, Adesha allait porter quelques provisions à Rayan. Elle était son seul lien avec les humains, et lui donnait les nouvelles du village. De jour en jour, il affinait ses capacités. Elle le voyait progresser. Ils discutaient beaucoup et apprirent à se connaître.
Quand elle arriva, ce jour là, il était debout dans son cercle de concentration, cet espace qu'il avait imaginé pour s'entraîner et créé avec de belles roches ramassées ici et là.
Il était très pâle et son visage aux traits tirés était empreint d'une grande tristesse. Elle le laissa sortir du cercle et ils échangèrent une accolade énergique.
— Adesha, je suis content que tu sois venue.
— Je t'ai apporté de la soupe, du thym et du massapan. Et un peu de miel.
Elle alla poser le contenu du panier dans la cabane, prit le jeune homme par le bras et ils allèrent s'installer dans le salon d'extérieur, s'asseyant sur les pierres qui faisaient office de chaises. Tout était paisible, mais Adesha savait que Rayan avait une nouvelle importante.
— Tu as l'air triste, Homme. Je peux t'aider ?
— Non, pas vraiment. Il y a des choses contre lesquelles on ne peut rien. Mais je dois te parler.
Il trouva sa main dans le silence de ses yeux et la serra entre les siennes. Elle sentit sa détresse dans ce geste spontané.
— Tu m'avais demandé de chercher l'apprenti d'Armel...
— Oui, je me souviens bien.
— Je l'ai trouvé. Plutôt, j'ai trouvé son souvenir. Il est mort, ils l'ont tué, lui aussi. Pendant son interrogatoire. Et ils ont incinéré sa dépouille dans les chaudières de Lemos. Je suis désolé pour cette mauvaise nouvelle...
Adesha baissa la tête, et se cacha le visage dans les mains, si fatiguée, tellement triste...
Ils étaient restés silencieux, perdus dans leurs pensées jusqu'à ce que le soleil ait baissé et que la fraîcheur humide leur eut rappelée qu'ils étaient en vie et que leur corps avaient aussi froid que leur âmes, alors ils se levèrent pour rentrer à l'abri de la cabane.
— Mon ami, nous aurons encore bien des larmes et des peines, mais il faut garder espoir, nous ne sommes pas seuls au monde, et nous viendrons à bout de tous ces mauvais.
— Je l'espère aussi, Adesha. En attendant, apprécions chaque beauté, bonté de la vie. Et tu fais partie de la mienne.
Il l'avait serrée contre son cœur, une main dans son dos, l'autre sur sa hanche, sans avoir prémédité ce geste très tendre. Elle avait reçu ce présent avec émotion, acceptant son étreinte imprévue et bienfaisante.
Annotations