Réveillé à l'aube par les premiers oiseaux, Rayan sortit, sa couverture sur les épaules et marcha jusqu'à son cercle de méditation. De son rêve, lui restait juste un mot : Montségur, mais il avait la sensation de qui a reçu une bonne nouvelle. Il sentait aussi que c'était important. Ce mot lui disait quelque chose, sans qu'il se rappelle quoi. Alors, assis en tailleur, au centre du cercle, il le répéta trois fois et demanda de l'aide, des précisions aux Forces Bonnes.

La terre ronronnait sous son corps, puis commença à tourner, lui procurant un peu le genre de sensation qu'il avait ressenti une fois après avoir abusé du bon vin des collines, mais en mieux.
La rosée se posa sur son visage, piquetant sa peau de baisers froids qu'il but tendrement. La brise éveilla leur fraîcheur sur ses yeux fanés et fermés. Il inspira profondément l'énergie des arbres, se laissant guider, en confiance.

" Montségur ..."

Des voix dans les fourrés. Des mots qu'il ne comprenait pas. Des chants se faufilant dans sa mémoire, celle de son corps fondu dans la terre en d'autres temps.

" C'est ici... "

Une voix... Un murmure dont il ne connaissait ni le ton ni le genre.

— Montségur... Rayan, écoute-moi...

— Je vous entends...

— Bien, tu dois leur dire, à tous, à tes amis, à tes Amours, que c'est là-bas, à Montségur et seulement là-bas que s'achèvera le combat, définitivement, nulle part ailleurs.

— Oui, je le leur dirai.

— Montségur est le seul endroit où vous pourrez vaincre Saphira. L'énergie sera là et les étoiles en bonne place.

— D'accord, mais qui êtes-vous ?

— Nous sommes Un et Multitude. Peu importe qui, nous serons là, à vos côtés. Nous avons combattu ensemble bien des fois. Et cette fois nous n'échouerons pas ! Dis-leur à tous !

— Je leur dirai...

— Tu y seras, toi aussi. Tu seras leurs yeux, car ton esprit voit ce que leur regard ignore. La femme bleue sera à tes côtés. Reste près d'elle.

— Je vous le promets...

Une vibration monta du sol et envahit son corps. Le premier rayon du soleil se faufila entre les branches et se posa sur ses paupières comme un papillon de lumière tiède qu' il remercia, le cœur débordant d'amour.