ÉMELINE
La mort d'Amanda provoqua un malaise grandissant. Le quotidien continuait à se faire mais sans l'entrain que la défunte avait réussi à influer par sa présence et son énergie. Elle avait su faire de toutes ces fleurs un bouquet, sa mort l'avait défait. Des disputes éclataient régulièrement, tout le monde avait les nerfs à fleur de peau et la peur transpirait.
Azalée errait dans le village et ses environs, pleurant à tous moments, sans que personne ne parvienne à la consoller. Émeline, ancienne éducatrice, constatant que cette triste ambiance allait en s'accentuant, profita de la livraison d'une couverture à Séréna-Alboreta pour lui en parler. Celle-ci l'accueillit avec des paroles paisibles et la force tranquille qui était la sienne.
Elles parlèrent longtemps, du passé, du monde perdu, de leur présent et du futur aussi, même si pour Émeline le futur semblait appartenir à une autre planète. Elle avoua son angoisse, passant une main tremblante dans ses longs cheveux roux.
— Jeune femme, sache que nous avons tous peur. Tout notre univers a volé en éclats. Nous sommes libres, certes, mais dans une forêt où circulent des fauves. On l'a vu avec les trois que nous avions accueillis. Il serait peut-être judicieux de se regrouper.
Ces messieurs qui nous donnent des leçons de défense, me l'ont suggéré. Nous sommes trois groupes disséminés sur un territoire assez vaste et peu défendable.
Zohra et toi êtes les plus aptes à gérer le désarroi de votre groupe, parlez-en aux autres personnes de votre village.
Quant à Azalée, j'ai besoin d'en parler à Guilhem. Dites-lui de venir me voir, je l'attends.
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