Chapitre 1

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 Ah, le mariage ! Qu’il cause des agitations dans les vies de tout le monde. Ce terrible léviathan qui vous tient pour l’éternité ! Il provoque un grand malheur dans la plupart des cas, un bonheur retenu pour les plus chanceux des époux, et une joie incommensurable pour les familles, délestées d'une bouche à nourrir. Quand le besoin fait loi, qui se soucie encore du bonheur marital ?

  — Mais où est donc passée Swan ? s’exaspérait Mrs Cooper.

  — Thomas m’a dit qu’il l’avait vue partir à cheval aux aurores, lui répondit son époux.

  — Mais à quoi cette enfant perd-elle toutes ces journées ? Toujours à dos de cheval !

  Les plaintes de Mrs Cooper ne cessèrent qu’un instant avant de repartir de plus belle lorsque Swan franchit le pas de la porte.

   — Enfin, vous voilà ! Il était temps !

Elle toisa sa fille puis reprit encore plus fort :

  — Dans quel état avez-vous mis votre robe ? Elle est couverte de boue ! Jamais on ne pourra récupérer votre mousseline ! Oh mon Dieu, cette robe qui a coûté si cher !

   — S’il m’était permis de porter des pantalons, je n’aurais plus ce problème, dit Swan amusée en ôtant son chapeau.

  — Mr Cooper, elle recommence ! s’écria sa mère. Elle veut des pantalons et bientôt elle voudra aller à la chasse !

  — Non, maman, rassurez-vous, mes espérances sont plus grandes. Je veux pouvoir m’exprimer librement, ne pas devoir broder des napperons et surtout monter à cheval chaque fois que le cœur m’en dit, quitte à sacrifier mon entière garde-robe.

  Sa mère, se sentant défaillir à cause de toutes ces idées subversives, préféra quitter la pièce. Son père, qui avait été témoin de toute la scène s’approcha de sa fille.

  — Swan, prenez pitié de votre mère. Et si sa condition ne vous émeut pas, prenez en considération la mienne : chaque fois que vous vous moquez d’elle, il me faut ensuite supporter ses crises de nerfs.

  — Je comprends, papa. Mais à votre tour de comprendre ma situation : comment résister à une promenade à cheval après la pluie qui s’est abattue cette nuit à travers la sublime campagne de notre pays ?

   Son père lui adressa un sourire de connivence. Mr Cooper était un homme aussi frivole et dispendieux que sa condition le lui permettait. Pourtant, il évitait aussi, chaque fois qu'il le pouvait, de fréquenter la société, et comprenait naturellement les envies de liberté de son aînée, bien que leurs natures fussent tout à fait opposées. La sœur cadette de Swan, Amber, descendit en trombe les escaliers.

  — Ta robe est ruinée ? Superbe ! Nous allons pouvoir aller en ville nous racheter quelques toilettes ! Maman, leva-t-elle la voix, venez avec nous choisir une tenue pour ma sœur.

  Mrs Cooper arriva dans la minute, prête à partir. Swan dut revêtir une toilette plus décente et fut contrainte de retoucher sa coiffure après les interminables gémissements de sa mère, excédée par la crinière hirsute de la jeune fille. Elle eut finalement l’air, après tous ces efforts, d’une jeune fille convenable et de bonne famille ; du moins elle ne trahissait pas les convenances de la gentry à laquelle elle appartenait. Elles étaient enfin toutes trois prêtes à partir.

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