Chapitre 3
Nos trois ombres grandissent sur l’asphalte tandis que nous nous rendons chez Maëlle.
Aucun d’entre nous ne parle. Chacun, les yeux rivés sur ses pieds, se plonge à corps perdu dans ses pensées sombres sans les partager avec les autres. Pourtant, nos préoccupations sont sûrement les mêmes, et nos tourments doivent faire écho les uns aux autres. Mais nous nous occupons de nos démons seuls sans demander de l’aide à personne. Nous sommes comme ça.
Ce silence ne me dérange nullement. Je commence à y être habituée. Parfois, les mots ne servent à rien, sinon à accentuer les blessures. Et le silence est tellement beau lorsqu’on sait l’occuper.
Autour de nous, des immeubles. Des magasins. Des infrastructures en tous genres qui faisaient partie de nos vies, à cette époque désormais lointaine où nous avions tout ce dont nous avions besoin et où nous nous sentions en sécurité, à l’abri de toute menace ou douleur.
La maison de la folle aux chats. L’hôtel. La mairie. La médiathèque où nous travaillions parfois le mercredi après-midi, dissimulant nos fous rires derrière un livre d’allemand. Le cinéma, usine à souvenirs et à rêves. Le fleuriste chez lequel mon père achetait des roses, le jour de la fête des mères. La boulangerie dont l’odeur de pain chaud s’accrochait à mes vêtements et à ceux de Maëlle lorsque nous nous rendions au lycée ensemble.
Et, derrière nous, irradiée par le soleil, la colline.
Je n’ai pas l’impression de les reconnaître, ces lieux. Comme si je les voyais pour la première fois, même s’ils sont désormais reliés à mon cœur par le fil des souvenirs. Quelque chose dans ces bâtiments a changé. La laideur et la tristesse de cette petite bourgade où j’ai passé ma vie me frappe soudain avec la violence d’un coup de poing. Les cris des petits voisins m’insupportent, les bâtiments me paraissent mornes et sans intérêt, les rayons du soleil me font mal, je deviens folle !
Rien n’est pareil. Rien. Bastien, Jules et moi nous regardons différemment, maintenant. Dans les coups d’œil que nous nous jetons, je n’arrive pas à retrouver l’ombre immortelle de quatre ans de souvenirs communs. Comme si tout cela était mis entre parenthèses pendant une heure.
Une heure… La dernière heure.
Je me suis souvent demandé, depuis quelques jours, combien de temps cela nous prendra pour nous en remettre. Pour que tout redevienne comme avant, si nous échouons à notre mission. Je n’ose pas trop y penser, en fait. Il nous faudra de nombreuses semaines, de nombreux mois, de nombreuses années peut-être. Après tout, cela sera nouveau pour nous. Nous n’avons jamais été trois. Nous avons toujours été quatre.
Ça y’est. Nous y sommes. Petite maison accueillante entourée d’un jardin. Pelouse parfaitement tondue et jonchée de fleurs, sauf à l’endroit désormais vide où se dressait la balançoire de Maëlle lorsqu’elle était petite, avant qu’elle n’échoue à sa petite cousine. Paillasson. Porte vitrée. Bouton de sonnette que je pressais du doigt tous les matins.
Ça ne peut pas s’arrêter. Non, non, ça ne peut pas s’arrêter, tout ça.
-Alexia ? Tu peux sortir les clefs ?
J’ai failli ne pas reconnaître la voix de Jules, à peine audible malgré le silence alentour. On dirait que cette porte lui rétrécit les cordes vocales.
J’acquiesce en silence et pose mon sac à dos à terre. Dedans, une infinité de babioles, d’objets affreusement banals. Je fouille dedans dans l’optique d’y trouver ces fameuses clés.
J’appelle ce sac « mon sac de secours ». Ma mère m’a demandé à mon entrée en sixième, année où j’étais censée devenir indépendante, d’y ranger toutes les affaires que je supposais utiles à ma survie, si jamais un tremblement de terre, un tsunami ou une quelconque catastrophe nucléaire survienne dans notre morne petite bourgade. « Si tu n’as pas le temps d’emballer tes affaires, quand ça arrivera, tu auras au moins ce sac tout prêt sous la main. Ce sera ton sac de secours. Avise-toi de toujours le garder sous ton lit au cas où, » m’avait-elle dit à cette époque.
Ma mère a toujours été de nature plutôt angoissée. Caractère dont j’ai, hélas, hérité. Du haut de mes onze ans, j’ai suivi ses conseils à la lettre, en ajoutant au fil des années certains objets à ce sac.
Des objets futiles, tous. Une brosse à dents. Un mini tube de dentifrice. Un couteau suisse. Des serviettes hygiéniques. Mon doudou. Un carnet. Une lampe torche. Mon livre préféré.
Le double des clefs de chez Maëlle, au cas où je devrais me réfugier chez elle.
Pendant des années, je l’ai attendue, cette fameuse catastrophe où je sauverais le monde entier grâce à ce sac tout-puissant.
Elle est arrivée il y a une semaine. C’était un tremblement de terre. Et un tsunami. Et une catastrophe nucléaire, aussi. Beaucoup de choses peuvent se passer dans notre tête, dans un moment pareil.
Je pense que j’aurais préféré me faire buter par un alien de Mars Attacks.
Je trouve enfin le double de clefs et l’enfonce dans la serrure. La porte s’ouvre en grinçant et nous pénétrons à l’intérieur de la maison, le cœur au bord des lèvres.
Le vide me frappe avec violence.
Le noir, aussi. Il fait aussi sombre que dans une caverne, si bien que je ne peux même pas distinguer les meubles que je connais pourtant par cœur.
Ce n’est pas la maison de Maëlle.
Pas celle que j’ai connue, en tous cas.
Avant, cette maison était une fête qui ne s’arrêtait jamais. Le bruit que faisait Maëlle lorsqu’elle dévalait les escaliers, les éclats de rire de Victor et les CD de Sabine qui passaient en boucle dans le salon animaient perpétuellement cet endroit et le rendaient tout simplement vivant. Les lumières étaient toujours allumées, que ce soit celle de la salle à manger ou du porche où Maëlle et moi nous asseyions lors des chaudes soirées d’été. Je n’ai jamais vu cette maison s’éteindre. Même pas dans la nuit. Parfois, en rentrant chez moi, je passais sous les fenêtres et pouvais distinguer le rayon de lumière qui illuminait le logis de l’intérieur.
Maëlle et ses parents étaient extrêmement liés, et une adorable complicité régnait entre eux trois. Lorsque l’un allait mal, les deux autres œuvraient de concert pour l’aider. Ils formaient une équipe de choc.
Jusqu’à ce que les sourires de Victor et Sabine commencent à s’estomper, et que les regards et gestes tendres qu’ils échangeaient parfois deviennent de plus en plus rares.
Et un jour, il n’y en eut plus du tout.
-Maëlle, si tu verrais ta maison aussi morne et triste, tu te précipiterais pour allumer les lumières et la radio, déplore Bastien en essuyant du pouce la mince couche de poussière qui recouvre la bibliothèque.
Oui. C’est tout à fait ce qu’elle ferait. Je m’empresse d’ajouter :
-Et tu nous aurais regardés en clamant : fuck l’économie d’énergie !
Jules émet un petit rire. Bastien me jette un coup d’œil complice. Cela faisait bien longtemps qu’il ne m’avait pas regardée ainsi. Il est très rare de le voir briser la couche de glace qui recouvre ses yeux bleus. Mais quand il le fait, son visage paraît encore plus charmant.
-Je ne veux pas dire, mais ça sent le renfermé, ici, remarque Jules en se précipitant vers les fenêtres, qu’il ouvre en grand.
Un vent d’air frais pénètre par effraction dans le salon. Le soleil doré vient caresser la pièce d’un rayon protecteur et l’enlace dans sa chaude étreinte.
C’est là que je l’entends.
Plus distinctement et clairement que jamais.
Le rire de Maëlle.
Son rire doux, cristallin, qui venait souvent rompre la morosité d’un cours ou la banalité de nos conversations. Un de ces rires, bref mais solaire, qui suffit à illuminer une journée et bâtir une amitié.
Ce rire, qui émerge de mes souvenirs et se rappelle à mes oreilles comme une chanson d’enfance, m’écorche le cœur. Parce qu’il est dénué de sa propriétaire.
Lorsque je vois Jules s’accouder au balcon un bref instant, je revois tout à coup Sabine qui y fumait parfois jusqu’à six cigarettes par jour. Maëlle aspergeait souvent la pièce de parfum pour en chasser l’odeur du tabac. Quand Sabine n’avait pas de paquet de Marlboro à sa portée, elle prenait un crayon entre l’index et le majeur et le portait à ses lèvres.
-Elle avale la fumée du vide, disait Maëlle.
-Alexia, tu veux monter avec nous dans sa chambre ?
Je me tourne vers Bastien. Jules et lui sont déjà en haut de l’escalier. Perdue dans mes pensées, je ne les avais même pas vus grimper les marches.
Avant même de prendre le temps d’y réfléchir, je secoue la tête. Je ne peux pas. Pas tout de suite. Peut-être plus tard.
Plus tard ? Il risque de ne pas y avoir de « plus tard », Alexia. C’est maintenant ou jamais.
Tant pis.
-Non, allez-y sans moi. Je vais rester au rez-de-chaussée. Je peux peut-être y trouver quelques objets.
Bastien acquiesce et suit Jules à l’étage.
Je demeure seule.
Seule avec le silence, comme tout à l’heure dans ma chambre.
Par où commencer ? Que faire ? Je ne pensais pas que ce serait aussi dur de revenir ici. Après tout, je connais cette maison par cœur, j’en ai exploré les moindres recoins. Mais aujourd’hui, je m’y sens comme une intruse. Comme si je n’avais pas le droit d’être là sans elle.
Je regarde autour de moi. Maintenant que Maëlle n’est plus là pour l’animer, cette maison paraît morose, triste, fatiguée.
Une maison banale, en somme. Affreusement banale, même si je l’avais toujours trouvée extraordinaire, différente des autres. Tout simplement parce qu’elle était magique. Ses habitants étaient magiques.
Je m’assois prudemment sur le canapé, comme si j’avais peur de le froisser. Mes yeux se ferment un instant. Quand je les rouvre, je la vois.
Je la vois partout.
Elle occupe tout l’espace, se dédouble encore et encore dans le petit salon. Une infinité de Maëlle se présente devant moi, prête à me jouer des scènes que je connais par cœur.
Maëlle volant de pièce en pièce, de son sac à ses fiches de révisions, quelques heures avant notre épreuve écrite du bac de français.
Maëlle assise à côté de moi sur le canapé lors de l’une de nos soirées pyjama, portant son verre de coca à ses lèvres.
Maëlle devant le miroir, en train de se préparer pour sa fête d’anniversaire.
Et, enfin, la voix douce et claire qu’avait Maëlle au téléphone lorsqu’elle m’appelait en pleine nuit pour me confier ses soucis. Même à trois ou quatre heures du matin, je décrochais et l’écoutais. J’étais toujours éveillée pour elle. Parce qu’une vraie amie, ça sert à ça.
Maëlle… Si proche, et en même temps si lointaine.
Je me lève d’un bond, brisant le sort en une seconde. Aussitôt, les ersatz de ma meilleure amie disparaissent pour laisser place à ce tortueux silence.
D’un pas lourd, je me dirige vers le petit buffet en face de l’entrée. C’est toujours autant le bordel, là-dessus. Des objets divers s’y entassent, toujours plus nombreux au fil des années. Bien souvent, j’ai vu Maëlle ou l’un de ses parents jeter négligemment leurs clés ou leur porte-monnaie sur la surface du meuble en chêne. Ils n’ont jamais été les pros du rangement, et perdent toujours tout.
Parmi la montagne de babioles qui se dresse devant moi, j’aperçois certains objets appartenant à Maëlle. Ceux qu’elle n’avait pas emportés avec elle, quand c’est arrivé. Un bâton de rouge à lèvres. Ses gants. Son porte-monnaie. Une carte postale de ses dernières vacances. J’aimerais les toucher, mais je n’y arrive pas. J’en ai peur, comme s’ils risquaient de m’électriser au moindre contact. « Tu n’es pas Maëlle, semblent-t-ils me dire, dégage ! »
J’aperçois également ses clés. Elle les prenait rarement dans son sac en sortant car ses parents étaient toujours là quand elle rentrait. Il lui suffisait de sonner à l’interphone.
Ses clés… Je ne les avais jamais vues d’aussi près. Il faut dire qu’elles semblent noyées sous une foule de porte-clés. Je reconnais celui, en forme de fer à cheval, que Jules avait acheté à chacun d’entre nous avant le brevet.
Et puis je remarque celui qui représente une petite voiture.
Rouge, bien sûr.
Je le reconnais immédiatement. C’est moi qui le lui avais offert, lorsqu’elle a commencé les heures de conduite accompagnée.
-Elle l’a gardé, je murmure.
Je me risque enfin à tendre la main pour effleurer ses clefs. Pas de réaction électrique. Rien qu’un contact froid et métallique sous mes doigts.
J’écarte les clés.
Et mon cœur fait un bond quand mes yeux se posent sur elle.
Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas vue. Elle ne la mettait pas ailleurs. Pas même le vendredi soir.
La broche.
La broche en plastique qui brille dans le noir.
J’ouvre à nouveau ma paume pour l’entourer de mes doigts. Les faux diamants incrustés pénètrent dans ma chair avec une douleur plaisante.
Je cherche une mèche de cheveux qui serait restée accrochée. Je n’en trouve aucune. Ce n’est pas plus mal.
J’aimerais tellement la voir porter cette broche une nouvelle fois.
Je tourne et retourne l’objet entre mes mains. Il semble triste, lui aussi. Comme s’il savait ce qu’il s’est passé.
Je m’éloigne du meuble en chêne et emprunte l’escalier qui monte à l’étage. Les marches grincent sous mes pieds, comme si je me trouvais dans un vieux manoir hanté. Après quelques secondes interminables, je parviens en haut.
Face à moi, la porte de sa chambre.
Celle que j’ai franchie un nombre incalculable de fois. Je connais cette chambre aussi bien que la mienne, tout comme je connais Maëlle aussi bien que je me connais moi-même.
Allez, Alexia. Pousse cette putain de porte.
J’essaie.
Mais je ne peux pas. Une barrière invisible me heurte de plein fouet et m’enfonce dans mon bas-ventre. Je n’y arrive pas. Je n’y arrive plus.
Je m’assois dos à la porte avec un soupir. Derrière la muraille de chêne, j’entends distinctement les voix de Bastien et Jules. Encore une fois, je me demande comment ils font. Pourquoi est-ce si facile, pour eux ? Pourquoi pénètrent-ils dans cette chambre avec autant de nonchalance qu’avant ? Est-ce moi qui n’arrive pas à me faire à la réalité ?
-On n’y arrivera pas, Jules.
Je sursaute. Derrière la porte, la voix froide et rude de Bastien me parvient encore plus clairement. Je colle mon oreille contre le trou de la serrure.
-On n’y arrivera pas comme ça, répète Bastien.
Un bruit sourd accompagne ses paroles. Il a dû donner un coup de pied dans l’armoire.
-On n’y arrivera pas avec de simples objets ! Ce serait trop beau ! Rezendes a tort. On ne pourra pas la réveiller comme ça. C’est inespéré.
-T’as une meilleure idée peut-être ?
Jules a élevé la voix pour couvrir les tergiversions de Bastien. Sa remarque pourrait paraître sarcastique, mais, comme à chaque fois que Jules s’énerve, elle ne l’est pas.
J’attends la réponse de Bastien. Elle n’arrive pas. Un long silence s’installe. Finalement, mon ami réussit à prononcer quelques mots qui tombent comme une sentence :
-Je ne sais pas.
Ces quatre mots me frappent, me blessent, m’enfoncent sous terre. Comment ça, il ne sait pas ? On n’a pas trente-six solutions, il faut la réveiller, vite. Peu importe par quel moyen.
Bizarrement, Jules ne semble pas si surpris que ça par la réponse évasive de Bastien. Il murmure donc :
-C’est dingue, hein ? Tout ça. On la connaît depuis quatre ans, on a vécu des tas de choses ensemble. On pensait la connaître par cœur. Et au moment où il faut agir avant qu’il ne soit trop tard, on ne sait pas quoi faire pour la sauver. Nous ne la connaissions peut-être pas si bien que ça.
Je me mords le poing.
Non.
Non, Jules. Tu n’as pas le droit de dire ça.
Enfin…
Si, tu as le droit, après tout.
Parce que tu as entièrement raison.
Je me lève d’un bond. Mes doigts resserrent leur emprise sur la broche tandis que la porte de la chambre s’ouvre. Bastien et Jules se figent, surpris de me trouver là.
-Tu as trouvé quelque chose ? demande Jules.
Je lui montre la broche sans un mot.
Tous deux sourient. Les souvenirs dansent devant leurs yeux. Jules tient un flacon de parfum à la main. Miss Dior. Celui qu’elle mettait presque tous les jours.
Bastien, lui, porte un CD sous le bras.
David Bowie. Son chanteur préféré.
-Evidemment, je murmure.
Suivant mon regard, Bastien sourit.
-Faudrait peut-être qu’on y retourne, propose soudain Jules. Sa mère doit nous attendre.
Oui. Il faudrait peut-être qu’on y retourne.
Sur le chemin de l’hôpital, je demande prudemment à Bastien :
-Il nous reste combien de temps ?
Il n’a même pas besoin de consulter sa montre pour me répondre. Comme s’il comptait les secondes.
-Un peu moins de trois quarts d’heure.
Ma gorge se noue. Je hoche la tête en silence.
Nous restons calmes pendant tout le trajet. Enfin, je vois les portes automatiques du bâtiment blanc se dresser devant moi.
Elles s’ouvrent.
Elles s’ouvrent et nous aspire dans son courant d’air frais, et là, tout recommence : les visiteurs qui affluent, l’ascenseur où tout le monde se bouscule, l’odeur d’éther et de produit détergent, couloir à droite, couloir à gauche, infirmières, arrête de rêver Alexia reste lucide, reste lucide, le cocktail du deuil me prend à la gorge.
Puis Bastien pousse la porte de la salle d’attente.
Et là…
Je me fige. Un vertige me prend et je manque de tomber à la renverse.
A côté de moi, Bastien demeure interdit, la bouche entrouverte comme un poisson rouge sur le point de crever.
Jules se mord la lèvre. Il cherche quelque chose à dire.
Nous savions. Nous savions qu’ils viendraient tous un jour. Comment pouvions-nous échapper à ça ?
J’aperçois Sabine. Et Victor. Et la grand-mère chiante.
Et d’autres, qui nous regardent.
La salle d’attente est pleine.
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