Lendemain de tempête

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La nuit dernière fût très longue et très courte à la fois, le sommeil difficile à trouver. Malgré la fatigue, Edwin s'est tout de même levé tôt pour se rendre sur la plage, dès les premières lueurs de l'aube.

Edwin n'est pas du genre de ceux qui parlent. Il est ce qu'on pourrait appeler un taiseux. Quand il dit un mot, il le pèse, le mesure, et ne l'utilise qu'à bon escient. Pour lui, les mots sont comme ses outils, quand il façonne la pierre. Et dans se domaine, il est le meilleur. Tous les villages aux alentours le savent.

D'ailleurs son carnet de commande est plein. Aussi bien des murs et des maisons pendant la belle saison, que des objets délicats et parfois des bijoux pendant la basse saison. C'est d'ailleurs lui qui a supervisé la construction du pont de pierre du village, et taillé les éléments clefs, les clefs de voute des arches en ogive, surplombant la rivière gonflée, posant les éléments en étant suspendu par une simple corde au milieu du vide.

Les hommes souvent lui passent commande pour offrir un cadeau à leur belle, lors de leur anniversaire, d'une naissance, mais plus particulièrement pour les demander en mariage, car toutes savent qu'il n'accepte de fabriquer ses bijoux que pour une raison particulière, pour un amour sincère.

Ce même amour que Edwin n'a jamais trouvé, et qu'il ne cherche pas, qu'il n'a jamais cherché, car il le trouve dans le chant des roches quand il les taille et les façonne.

Et cette musique est la plus forte juste après les tempêtes, quand la mer a travaillé sans relâche la falaise, l'a érodée, nettoyée, retiré toutes les faiblesses. Edwin peut alors ressentir toute la force de la nature, dans la brillance de la roche fraichement mise à nue, sa rugosité, ses formes aux arêtes vives, tandis que les brisures gisent au sol, éboulis sans forme, mais également riche de potentiels joyaux, bijoux de la nature.

Edwin s'apprête donc à parcourir la plage pour glaner des éléments à travailler pendant cet hiver. Des figurines avec des calcaires, malléables et facile à travailler pendant que son esprit vagabondera ? Des statuettes en grès, pour agrémenter un muret ou une colonnade ? Eventuellement du schiste, pour travailler en finesse et pourquoi pas créer une œuvre mettant en valeur un fossile, ou simplement préparer des ardoises pour les charpentiers du village lorsque les beaux-jours seront de retours ?

Il a préparé sa besace, avec un bon repas, à la hauteur de sa carrure. Une belle miche de pain, un bloc de viande séchée, l'hiver ne lui permettant pas de trouver encore de viande fraîche, une quantité raisonnable d'eau puisée à la source de sa maison, agrémentée de quelques gouttes de la boisson locale, forme d'hydromel fournie par ses propres ruches.

Edwin prend son grand sac, son long bâton de marche, son grand chapeau de paille, ainsi que sa cape la plus chaude, selle son âne avec deux grands bâts pour y collecter ses trouvailles, et le voilà parti pour la falaise.

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