De la falaise à la plage
La maison d'Edwin est bâtie sur la falaise, de façon à dominer le paysage et surtout la mer, visible à perte de vue, donnant un sentiment d'infini au monde qui l'entoure.
Un chemin a été aménagé de façon à pouvoir descendre en contrebas sans difficulté, même pour un âne chargé. Ce chemin, Edwin comme son destrier le connaissent par cœur et pourraient le parcourir les yeux fermés.
Cependant, la nuit dernière, la tempête a été très forte. Les tempêtes d'hiver le sont toujours, mais celle-ci encore plus. Il faut donc faire attention à s'assurer que le chemin est toujours sécurisé.
Les dégâts sont bien visibles, dès l'approche du tombant. Certains arbres ont été brisés, voire arrachés, leurs racines complètement à l'air. Un pan de roche manque à la falaise, heureusement pas une partie sur laquelle serpente le chemin sinueux. Cet éboulis met Edwin en joie, elle regorgera probablement de quelques trésors, qu'il pourra utiliser. Et même s’il n'y trouve rien, il pourra tailler les pierres et les stocker pour le printemps, lorsqu'il devra relancer les chantiers de constructions qui l'attendent. Le prêtre sera probablement heureux d'apprendre que le clocher pourra être réhaussé et dépasser celui du village voisin.
En descendant, Edwin tâte le sol de son bâton, frappe la paroi pour s'assurer qu'elle n'est pas friable. Sture, son âne, parcours le chemin avec hésitation. Il ressent la tension de son maître, et même lui pourtant si têtu et aventureux reste docile.
Au loin, la mer est d'huile. Les mouettes volent haut dans le ciel. Les goélands profitent du mal après la tempête pour plonger sans relâche et pécher la moindre proie. Aucune embarcation n'est visible, la plupart des pêcheurs doivent vérifier les dégâts sur leurs maisons et leurs embarcations. La pêche sera pour plus tard, quand les bancs de poisson se seront calmés et reviendront nager dans la baie.
Edwin est content d'avoir sa maison à l'extérieur du village, éloignée du port. Cela lui permet de rester éloigné du tumulte, de ne pas être importuné par tous les commérages, les jeux politiques et l'ambitions des autres.
Aux pieds de la falaise, il aperçoit les roches brillantes, les fragments micas rayonnant dans la lumière du soleil. Il faudra aller fouiller cette zone, il y aura sans doute de belles opportunités. Mais ce qui l'intrigue le plus, instinctivement, est la forme de la falaise. Le mur est creusé, comme un fromage qui aurait mal fermenté, avec un énorme trou à l'intérieur.
Si Edwin avait trouvé une géode à extraire, la forme aurait été la même. Cependant, cette cavité évoquerait une taille énorme, équivalente à la taille d'un ours brun a minima, peut-être bien plus. Le chant des pierres est également étrange, il le ressent dans ses bras, sa pilosité ébouriffée, comme si de l'électricité statique perdurait après un orage. Effectivement, la tempête a été forte, mais le ciel est de nouveau bleu, le temps limpide et calme. Pourquoi cette sensation ?
Sture tourne les oreilles vers cette zone, l'œil soudain vif. Notre tailleur de pierre, connaissant bien sa bête, se demande s’il n'a pas entendu quelque chose, senti une odeur, et décide donc de commencer son exploration par la visite de cette cavité.
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