La fin du monde sera joie de vivre
Le coeur errant, les bras ballants
A l'embrasure d'un circus
Y'a le cortège des spectres pédants
Froids comme le marbre de Syracuse
Les étoiles brûlent dans la nuit
Elles illuminent les pommés
Quelques notes de troubadours
S'accordent à prolonger l'été
Un arbre nu courbe l'échine
La sève se fige dans le glas
Le souvenir de quelques oiseaux
La douce odeur des camélias
Le silence gronde son humeur
Je peux entendre la lune pleurer
Mais à quoi bon pleurer les ombres
La fin du monde va pas tarder
Le coeur saillant, les bras vaillants
À l'encollure d'une muse
Ses yeux semblables à des diamants
On dirait que la danse l'amuse
La terre tonne son agonie
Sous le poids lourd d'un ciel drapé
Et c'est l'épileptique amour
Qui s'égossille des corps trempés
Au coeur de la pierre opaline
Une tornade déchire la soie
S'élevent alors quelques lambeaux
Les pieux joyaux de l'Alhambra
Les fleurs s'envolent avec la peur
De n'plus voir les printemps germer
Alors s'échappe de nos rhombes
Une organique liberté
Les bateaux échoués
Laissent des traînées d'écume
Entre les boulevards
Caressant le bitume
Ils paraissent aussi ivres
Que nos âmes déchaînées
Partant à la dérive
Vers des rives nacrées
Les phares érodés
Supplient qu'on les rallume
Il peux bien faire noir
Dans le blanc des pendules
Y'a là milles soleils
Prêts à se consumer
D'ardente joie de vivre
Sur les chairs massacrées
Puisque le coeur est à l'entrain
Que les trains ne sifflent plus gare
Puisque les bras m'en tombent, eh bien
J'accepte bien que l'on s'égare
Dans les méandres de cette nuit
Qui se présente comme la dernière
Et puisque ce n'est pas fini
Continuons de battre le fer
La lave vomi sous les voûtes
Les tours d'ivoire semblent trembler
La terre rouvre ses balafres
Suintent les affres de Dante
Sur le styx un sourire embarque
Les carpes Diem nagent sur le dos
Les lucioles stagnent comme des anges
Au rendez vous du dernier mot
Puisque le coeur bat son trop plein
Que plein les veines de nectar
Puisqu'on s'en fout des lendemains
Soyons chérubins du trou noir
Abreuvons nous de l'eau de vie
Fumons les particules dans l'air
Laissons l'épicure faire son nid
Le jugement dernier délibère
Le sol pleureur crache son foutre
Les Fakir s'essuient sur Pompeii
La main de Dieu abat la rafle
De par les astres éventrés
Compte à rebours aphrodisiaque
Virus d'une âcre libido
L'Éternité-phémère fange
Peut bien s'éteindre sous nos peaux
Les hommes essouflés
Crachent des nuées de brume
S'évaporent en riant
Dans l'univers posthume
Prafanant tous les livres
Putrifiés du passé
S'ornent de couleurs vives
Flambe l'humanité
Les femmes éffrontées
Jurent qu'on les allume
Les volutes d'espoir
Des rubans qui ondulent
De nos âmes vermeil
De nos amours humés
La fin du monde sera joie de vivre
Et de mourir sera bienfait.
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