En réfléchissant un peu, n’est-ce pas logique ?
« Dans les années 1980, un camion de tomates a quitté la Hollande pour livrer l’Espagne. Dans le même temps, un autre camion de tomates part de l’Espagne pour livrer la Hollande. Les deux camions ont fini par se percuter sur une route française ! Cette anecdote vraie est une caricature qui devrait nous faire méditer sur l’absurdité de notre système… »
Pierre Rabhi
Imaginez.
Ou plutôt, réfléchissez.
Tous les problèmes qui existaient déjà avant, qui perdurent à travers le temps, malgré tous nos efforts, et qui, sans ça, n’existeraient plus.
Imaginez !
Plus de pauvres, plus de nantis. Exit les tensions sociales.
Plus d’escrocs, plus de lésés, de spoliés, de dépossédés, de déshérités.
Plus de concurrence impitoyable, mais une saine émulation.
Plus de problème des retraites, du chômage, de seuil de pauvreté.
Plus de stress, d’épuisement dû au travail, de burn-out, alors que d’autres sont payés à ne rien faire, ou profitent du système.
Plus de raison de bosser 70h/semaine, voire plus, alors que d’autres peinent à trouver un travail.
Plus de raison d’obliger des médecins, des soignants, des pompiers, à bosser parfois 24h ou plus d’affilée, car ils ne sont jamais assez nombreux, provocant soins bâclés, erreurs de diagnostiques, maltraitance médicale. C’est en dépit du bon sens, rappelez-vous qu’ils ont nos vies entre leur main.
Plus de vie conditionnée par un emploi exclusif, à vie, abrutissant, de gens aigris, coincés dans un travail sans aucune opportunité d’en sortir.
Plus de travail pénible, répétitif, ennuyeux, salissant, réservé toujours aux mêmes individus.
Plus d’étudiants démarrant leur vie avec une épée de Damoclès financière sur le dos, pourtant seul moyen de pouvoir faire leurs études, d’étudiants échouant car obligés de travailler en même temps, de retraités se retrouvant à un niveau de vie inférieur, si ce n’est plongés dans la précarité, une charge qui retombe sur les épaules de leur famille.
Plus d’esclavage, plus d’êtres humains servant de butin de guerre ou réduit à une valeur marchande, un fléau qui sévit depuis l’empire romain, au moins, et qui a créé et entraîné de graves tensions raciales encore persistantes à travers le monde.
Plus de proxénétisme, de prostitution, de pornographie sale, imposée, d’esclavage sexuel, de filles ou de garçons jetés sur le trottoir et forcés à faire ce qui devrait être un moment de détente, de plaisir partagé, entre personnes consentantes, désirantes, ou pourquoi pas un don de soi, à destination de personnes dans le besoin, pour une initiation, une éducation, une aide à la découverte de son corps, du corps de l’autre, un manque, un mal-être, un soin…
Plus de frontières fermées, de migration dans l’unique but de fuir la misère, la terreur, la violence ou la mort.
Plus de femmes coincées dans une relation toxique, violente, dangereuse, de pensions alimentaires non-payées, donc moins d’enfants qui souffrent, victimes de la tension dans les couples qui se séparent. Ils se bagarreront juste pour la garde (ou pas).
Plus de surpopulation dans les villes et de campagnes désertées, grâce à une répartition plus raisonnée de la population, en limitant la taille des communautés.
Plus de guerres, de conquêtes, de conflits créés, maintenus vivaces par d’autres voulant s’approprier les richesses des belligérants comme des victimes, et peu importe si des vieillards, des femmes, des enfants en souffrent, véritable raison de la plupart des génocides et ethnocides, et entraînant dans leur sillage, ouvrant la voie, à ces fous de religion, aux obsédés du bien fondé de leur société si parfaite à leurs yeux, au développement du mépris et de la haine de l’autre. De quel droit retirer aux populations leurs habitats, leurs traditions, leur culture, leur langue, leur nom ?
Plus de vol, de braquage, brigandage, chantage, truandage, pillage.
Plus d’exaction, d’extorsion, de corruption, de fraude, de racket, de dealer, de proxénète, et moins de violence et de crime.
Plus d’expulsés, de sans-abri, pendant que d’autres dorment seuls dans des châteaux.
Plus de logements inutilement vides, ou habités alors que décrépis, indécents, insalubres, au bord de la ruine, tous avec un minimum de qualité et de confort.
Plus de construction à foison, en dépit du bon sens, de développement exponentiel, éternel, des cités, laissant au passage des friches inexploitables, invivables, à la terre empoisonnée.
Plus de raison d’élever des animaux dans des conditions sordides, cruelles, pour répondre à une production de masse, pour être adopté, mangé, ou massacré, car hors critère pour la production.
Plus de matraquage ininterrompus, sans relâche, de la publicité, gâchant nos films, séries, reportages, programmes, envahissant, inondant, noyant nos boites aux lettres, mails, écrans, paysages, cerveaux, ce bourrage de crâne permanent, véritable manipulation mentale destiné à pousser à une consommation galopante et éternelle, créant des besoins qui n’en sont pas, au prix de générations sacrifiées, incapables de savoir quelle apparence peut prendre leur corps, face à des images retouchées, déformant la réalité, ou pensant que leur vie ne vaut rien s’ils n’ont pas les dernières baskets NiKai ou une montre ReLou.
Plus de fruits et légumes normés, de variété limitée, de plats cuisinés qui ressemblent à tout sauf à ce qu’ils prétendent être, quitte à créer de nouvelles drogues, nous donnant des yaourts à la fraise sans fraise, et des aliments que l’on ne peut cesser de manger, tellement ils ont ce petit goût si addictif.
Plus de bouillon de chimie sur notre peau, nos cheveux, dans notre nourriture, nos produits ménagers, nos vêtements, le fruit d’une production intensive pour vendre toujours plus, sans tenir compte des dégâts sur nos organismes humains.
Plus de vêtements jetés à peine portés, car déjà plus à la mode, déjà remplacés par d’autres encore moins mettables, la créativité toujours poussée à son paroxysme, sérieusement mise à mal, logiquement limitée par le corps humain.
Plus ou en tout cas beaucoup moins, de pollution, de suremballage, de surproduction insensée, de gâchis alimentaire, de matière ou d’énergie, donc plus de dilapidation des richesses de notre planète, de destruction intensive de la faune et de la flore.
Plus de dispositifs médicaux fuyants, explosant, répandant des matières toxiques à travers un organisme, les empoisonnant, détruisant les chairs, alors qu’ils étaient censés améliorer la santé des patients ou les garder en vie.
Plus de meubles jetables, de commodes tueuses, d’électroménager à durée limitée, de poisson farci au plastique, de glace et de blanc de poulet gonflé à l’eau, de viande gonflée aux hormones, de fruits et légumes uniformes parfum pesticides.
Plus d’utilisation irraisonnée des matières premières, des énergies, plus de lobby industriel, pétrolier ou nucléaire, mais une véritable recherche pour l’essor des énergies responsables et durables.
Plus de forêts coupées, brûlées, d’écosystèmes, d’espèces animales anéantis par la surchasse, la surpêche, l’agriculture et le bétonnage intensifs, accentuant le dérèglement climatique.
Plus d’agriculture et d’élevage intensifs en dépit du bon sens, au prix de l’uniformisation des espèces de fruits et légumes, calibrés par l’industrie, et de l’appauvrissement de la qualité des sols, sans jamais régler le problème des famines, au contraire, et accentuant le développement de nouvelles maladies, sans parler des pesticides, de la biorésistance en augmentation.
Plus de banque, d’assurance, de bourse, de spéculation, si déconnectés de la réalité.
Plus de faillite, de banqueroute, de surendettement, de licenciement.
Plus de lourdeur administrative inutile, absurde, inhumaine, servant uniquement à justifier les déplacements d’argent.
Plus de talents ignorés, gâchés, l’accès aux études et à la formation désormais accessible à tous, sans condition de ressource ni d’âge.
Plus de pistes de recherches scientifiques, médicales, technologiques, bloqués uniquement pour une question de ratio coût-intérêt : quid des maladies orphelines, des énergies écoresponsables, du développement durable.
Plus d’obsolescence programmée des appareils, de course au développement technologique à outrance, qui pousse à acquérir le dernier gadget à la mode, mais la réparation d’abord, et une fabrication et amélioration raisonnée et utile, tenant compte des besoins et de l’impact environnemental.
Plus de créations artistiques sans valeur réelle, fabriquées de toute pièce uniquement dans le but d’être vendus, en dépit du talent, de la passion, de la créativité, de la qualité.
Plus de personnes handicapées et âgées laissées en rade, sur le carreau, abandonnés dans des instituts sans âme, dépossédés de leurs biens, ou à la seule charge de leur famille, déjà chargée des enfants et occupé par le travail, ou abandonnés dans des instituts sans âme, sans scolarisation, sans éducation, sans assistance, sans contact humain.
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