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Quelques étages plus bas, Annabelle remplissait un sceau d’une eau qu’elle venait de faire bouillir. Elle ne comptait plus les trajets pour remplir la baignoire royale ; elle était habituée et savait qu’on la jalousait. Elle, qui avait le privilège de s’occuper de la reine !

Tenant son sceau d’une main, équilibrant son corps en tendant l’autre, elle rejoignit précautionneusement la chambre de Sa Majesté. Une pensée lui vint à plusieurs reprises :

« L’eau est trop chaude, cela va déplaire à Sa Majesté. Elle va encore me le répéter, c’est certain ! Si elle avait à remplir sa baignoire elle-même, elle ne prendrait plus de bain ! Quelle peste ! »

Lorsqu’elle entra, elle vit que la souveraine n’avait pas bougée, assise sur le sol près de son lit, elle contemplait le balcon fleuri – cadeau de son père. Annabelle s’arrêta un instant et l’observa, un petit rictus en coin sur le visage. Elle connaissait les pensées de Khiara et en savourait chaque seconde.

« Votre bain est prêt, Majesté ! »

Sa voix tira à celle-ci une grimace de mécontentement. Mais elle se leva et rejoignit sa femme de chambre dans la salle de bain qui jouxtait la pièce. En voyant des volutes de vapeur s’élevaient au-dessus de l’eau, Khiara lui jeta un regard dur.

« Combien de fois allons-nous devoir répéter ? L’eau est trop chaude ! Veux-tu nous faire bouillir ? Nous savons que tu le fais exprès. »

Devant le sourire satisfait de sa domestique, la jeune souveraine fut incapable de se contenir : elle attrapa la main de celle-ci et la plongea dans l’eau. Annabelle se débattit immédiatement, retenant un cri et jetant un regard haineux à Khiara qui la relâcha après quelques secondes.

« Vous êtes malade ? grogna-t-elle en tenant sa main rougie.

• Cela a-t-il fait mal ? fit Sa Majesté en arquant un sourcil. Désormais tu sais ce que nous ressentons. Notre bain sera à la bonne température la prochaine fois ou sinon…
• Sinon quoi ? l’interrompit Annabelle avec un sourire carnassier. J’aimerais bien voir ce que vous comptez faire. »

La souveraine la fixa du regard sans un mot. Annabelle avait raison, elle ne ferait rien. Et celle-ci le savait très bien.

La femme de chambre vint se glisser derrière elle, défie les liens de sa robe et tira sans ménagement sur ceux du corset, arrachant quelques gémissements étouffés à Khiara.

« N’oubliez pas, Votre Majesté, à quel point vous avez besoin de moi » lui souffla-t-elle à l’oreille.