Chapitre 8.4

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Khiara redécouvrait chaque salle du palais comme s’il s’agissait de la première fois. Elle détaillait chaque plafond, chaque mur, chaque ornement, chaque tissu avec la même attention. Ce que tout cela avait pu lui manquer ! Il lui faudrait un moment avant d’arrêter de les contempler.

Ses pas la ramenèrent au salon qui menait au passage secret ; revoir le visage de son père, et surtout celui de sa mère sur un tableau lui conféra un immense bonheur. Soudain, elle songea que Kaldrys avait dû découvrir le visage de la reine pour la première fois en y pénétrant.

Seize ans pour savoir à quoi ressemblait sa propre mère, se lamenta-t-elle. Oh, Père, vous aviez vraiment perdu l’esprit.

Elle ne put qu’imaginer le ravissement de son frère, mais regretta de ne pas avoir été présente pour partager sa joie.

Quelqu’un frappa à la porte et la tira de ses pensées.

« Bonjour Majesté, fit Zorian en s’inclinant légèrement, Cassian Porel souhaite vous voir. J’imagine qu’il se demande comment sa reine se porte. Aussi, je souhaitais vous faire savoir que la loi excluant les femmes de la succession du trône sera officiellement abrogée aujourd’hui.

  • Bien, il faudra fêter cela, n’est-ce pas ?
  • Avec plaisir ! Néanmoins Majesté, j’ai beaucoup pensé à… vous savez qui. Je crois que vous devriez également le dévoiler au conseil, avant le couronnement, j'entends. Si vous ne lui montrez pas votre confiance, les hommes qui le composent pourraient se méfier de vous.
  • Mais ne vont-ils pas y voir l’occasion de nous éloigner définitivement du trône ?
  • Votre… frère, dit-il en baissant d’un ton, refuse le trône. Et je suis d’accord avec lui, il est facilement manipulable à cause de son manque de savoir. Nous les convaincrons avec cet argument.
  • Êtes-vous sûr de vous ?
  • N’oubliez pas qu’ils savent à présent de quoi vous êtes capable. Et ne pensez pas que cela ne compte pas ! Je vais aller voir Son Altesse pour le préparer à l’entretien qui l’attends, vous, vous avez toujours un jeune homme qui vous attends dans le hall d’entrée !
  • Ne l’avez-vous pas fait conduire dans la salle de réception ou l’un des salons ? demanda-t-elle, surprise.
  • Vous comprendrez lorsque vous le verrez ! » lui affirma Zorian avec un sourire amusé font elle n’était pas familière.

Suspicieuse, elle rejoignit son visiteur qui afficha un large sourire dès qu’il la vit. Il s’inclina et demanda aussitôt si elle parvenait à se reposer depuis son retour.

« Oui, merci Cassian, répondit-elle avec un sourire généreux tandis que ses joues s’empourpraient. Nous avons grand plaisir à vous revoir !

  • Oh, nous nous sommes vus il y a peu pourtant, lui fit-il remarquer avec amusement. Je suis venu à l’improviste, j’espère que je ne tombe pas mal, j’ai besoin d’un peu de votre temps, si vous le voulez bien ?
  • Vous m’intriguez, Cassian. Qui a-t-il ?
  • Vous voulez bien me suivre ? » fit-il en lui tendant son bras auquel elle s’accrocha avec une joie non dissimulée.

Il l’entraina dans la cour où elle vit deux chevaux, l’un bai et l’autre crème. Le premier était scellé, elle devina qu’il s’agissait de la monture de Cassian. Elle se tourna vers lui, un air interrogateur sur le visage.

« Voici Opale, elle est pour vous, dit-il en s’avançant vers la jument à la robe claire. C’est un présent pour fêter votre victoire.

  • Notre victoire, corrigea-t-elle en s’approchant timidement. Elle est magnifique ! »

Elle l’observa puis caressa délicatement son museau pour ne pas l’effrayer. Elle remarqua que Cassian ne la quittait pas des yeux mais s’interdit de croiser son regard. Elle le savait, elle allait devenir rouge comme une tomate et voulait l’éviter à tout prix.

« Je dois vous avouer que mon père est à l’origine de ce présent. Il m’a sommé de vous l’apporter.

  • Mais nous n’avez pas refusé de le faire, alors vous y avez pris part également.
  • Je dois avouer que je voulais vous revoir au plus vite.
  • Pourquoi cela ? Nous vous manquions ?
  • Je n’irai pas jusqu’à regretter la guerre où nous ne passions pas un jour sans nous parler, mais… oui, vous m’avez manquée ! avoua-t-il en plongeant ses yeux dans les siens. Je dois dire que le jour où je vous ai défié, vous m’avez grandement impressionné. »

Khiara n’avait aucune idée de quoi il lui parlait, aussi lui adressa-t-elle son plus beau sourire. Evidemment, Kaldrys n’avait pas pu lui résumer les quelques huit semaines de leur périple en détail ! Mais peut-être aurait-il pu lui en dire plus concernant Cassian !

Respire ! Tu t’en sors bien, il ne sait pas que tu ne sais pas ! Change de sujet !

« Nous vous remercions ainsi que votre père. Nous allons la faire mener aux écuries. Peut-être devriez-vous l’accompagner ? Elle vous connait, cela la rassurera. »

Mais oui ! Envois-le aux écuries ! Cassian, fils du duc Porel, devenu palefrenier après avoir offert un cheval à Sa Majesté ! Quelle gourde !

« Enfin, je… Nous serions ravie que vous restiez pour le déjeuner ! se rattrapa-t-elle en feignant un calme olympien tandis que ses pensées s’affolaient.

  • Avec plaisir, Votre Majesté ! Je m’occupe d’Opale, et je vous rejoins un peu plus tard. »

Il la regarda quelques secondes, parfaitement conscient de la nervosité qu’elle essayait de cacher. Il sourit en pensant qu’enfin, il avait retrouvé la Khiara qu’il avait toujours connue. La menace ne pesant plus au-dessus de sa tête, la souveraine n’avait plus à se méfier de tous.

Il suivit le palefrenier avec les deux chevaux, pressé de pouvoir rejoindre de nouveau Sa Majesté.

                        *

Kaldrys avait reçu la visite de Zorian. Il avait pris soin de commettre quelques maladresses, en l’appelant de nouveau « monsieur » et en prétextant ne pas comprendre ce qu’était le conseil.

Zorian ne sembla rien soupçonner. Il avait agi à son égard avec une grande douceur faisant regretter à Kaldrys qu’il ne sût pas la vérité. Mais pour son bien et celui d’Ymirgas, c’était un secret qu’il devrait lui taire à tout jamais.

Ils avaient convenu qu’une nouvelle réunion d’urgence seraient organisés sous peu, avant midi, et que Sélène viendrait le chercher pour le conduire à la salle où ils se réunissaient.

Zorian se chargerait d’annoncer la nouvelle et se préparait déjà à trouver les mots.

Lorsque ce fut l’heure, le conseiller se rendit auprès des autres et de Sa Majesté. Il fut surpris d’y voir aussi Cassian, mais Khiara lui assura qu’en tant qu’ami de longue date, on pouvait lui dévoiler ce secret.

« Allons, qui a-t-il cette fois ? » s’impatienta le général Locastre.

Zorian prit encore quelques secondes pour mettre de l’ordre dans ses pensées, puis se lança :

« Cher membres du conseil, ce que je vais vous dire va quelque peu vous surprendre. J’ai moi-même été assez secoué par la nouvelle. Voyez-vous, je connais vos sentiments, votre loyauté envers le roi Drasyl, aussi risquez-vous d’être tout aussi choqué que je l’ai été.

  • Ne nous faites pas languir autant, Zorian, parlez !
  • Sa Majesté le roi Drasyl n’a pas eu un, mais deux enfants. Sa Majesté a été la première née, puis a suivi son frère.
  • Un frère ? sursauta Jérémy de Dol.
  • Vous voulez dire qu’un garçon est né ? Pourquoi n’avons-nous jamais été mis au courant ? gronda Romain Guédar en fronçant les sourcils. Et où est cet enfant ?
  • J’y viens, si vous voulez bien me laisser finir ! » fit fermement Zorian en balayant la pièce des yeux.

Khiara remarqua les regards sur elle, et celui de Cassian était aussi inquisiteur que ceux des autres.

« Sélène, allez le chercher pendant que je finis de détailler les faits » ordonna le conseiller.

La jeune femme sortit immédiatement et il poursuivit :

« J’imagine que vous avez tous en mémoire la prophétie qu’on avait faite au roi ?

  • Parlez-vous de celle qui disait que son fils mènerait Ymirgas au chaos ? l’interrogea Cassian.
  • Il n’y en a eu qu’une, mon garçon, fit le général.
  • Drasyl y a cru et nous a caché son fils en conséquence. Il l’a enfermé dès sa naissance dans le refuge du palais. Il l’a lui-même modifiée pour que le garçon ne puisse pas en sortir et l’a confié à une nourrice. Mais cela n’a pas suffi à calmer ses inquiétudes, il a… maltraité son fils, cruellement. Il s’appelle Kaldrys et il a découvert notre monde tout récemment. Il va avoir besoin de temps pour s’y adapter.
  • Est-il simple d’esprit ? fit le général en croisant les bras, sceptique.
  • Non, Sa Majesté l’ayant découvert par hasard lorsqu’elle était enfant, elle lui a apporté une éducation. Drasyl lui avait interdit de parler de son frère et… lorsqu’il est mort, Sa Majesté a gardé le secret au cas où il lui arriverait quelque chose.
  • Si vous avez un frère, cela fait de lui l’héritier du trône » remarqua Cassian à l’attention de Khiara.

Ses mots projetèrent un froid dans la salle. Sa Majesté aurait préféré qu’il se taise, mais au moins, elle allait être rapidement fixée.

« Son Altesse ne veut pas gouverner. Il ne s’en sent pas capable, ne connaissant rien d’Ymirgas ni même du monde qui l’entoure. Il craint d’être trop insouciant et naïf. Il vous le dira lui-même !

  • Il m’a l’air plutôt vif d’esprit, s’il peut se rendre compte de ces choses-là » fit Messire Guédar.

Sélène frappa à la porte à ce moment-là et fit entrer le prince qui se dirigea timidement, les yeux baissés, à côté de sa sœur. Khiara lui adressa un sourire chaleureux et observa les réactions des conseillers et de Cassian. Tous le dévisagèrent, détaillèrent avec précision son visage et constatèrent la ressemblance avec leur souveraine. Un silence de plomb s’installa ; personne ne sût quoi dire.

« Bonjour messires » fit finalement Kaldrys pour rompre le silence.

Et son regard alla automatiquement se poser sur Khiara comme si elle était la seule personne qu’il connaissait dans la pièce. De nouveau, ses grands yeux avaient pris cette lueur incertaine, comme s’il craignait que quelque chose de mal puisse lui arriver. Intérieurement, il était tendu, craignant qu’on le reconnaisse, priant son cœur d’arrêter de battre aussi vite.

« Bienvenue Votre Altesse, fit Zorian avec un sourire encourageant. Messires, voici Son Altesse Kaldrys de Bénéfiel.

  • Approchez mon enfant ! fit le général Locastre en se levant de sa chaise. Nous ne pouvons nier votre ressemblance avec notre souveraine. Vous êtes son exact portrait. Il faudrait être sot pour proclamer le contraire. Je vais vous poser une question, et je veux que vous y répondiez avec sincérité. Cessez de regarder votre sœur !
  • Général, vous l’intimidez ! protesta Khiara craignant plus que tout la question qu'il voulait poser. Et veuillez l’appeler « Votre Altesse » !
  • Zorian nous a conté une bien terrible histoire. Est-elle vraie ? Votre père le roi Drasyl vous a enfermé et maltraité ?
  • Oui, monsieur.
  • Que ressentez-vous pour lui aujourd’hui ? Répondez sincèrement, nous saurons si vous mentez ! »

Kaldrys ne s’était jamais posé la question et il ne comprenait pas pourquoi le général s’y intéressait. Il fit le vide dans son esprit, puis se rappela des mauvais traitements que lui faisait subir son père. Il se rappela toutes les fois où il avait cru mourir et toutes celles où il avait eu mal, hurlant à en perdre la voix. Alors qu’il pensait être envahi par la rage et par la haine, une immense tristesse s’empara de lui, assombrissant son visage.

« Je… Je lui en veux bien sûr, les choses auraient été différente si Khiara ne m’avait pas trouvé. Je serais sûrement mort. Mon père me détestait et… j’ai probablement fini par faire de même. Il ne m’a transmis que souffrance et désespoir. Pour tout vous avouez, je suis soulagé qu’il soit mort. Ainsi il ne peut plus m’atteindre. »

Le corps de Khiara se raidit, craignant qu’il soit allé trop loin dans sa sincérité. Elle retint son souffle jusqu’à ce que le général ne réagît.

« Il ne pourrait en être autrement, mon garçon, lâcha-t-il péniblement. Un père qui s’en prend à son enfant… jamais je n’aurai imaginé cela de Drasyl. J’ai moi-même deux filles, et je préférerai être damné que de lever la main sur elles. Vous avez à présent tant de chose à découvrir, qu’il me parait bien improbable de vous placer sur le trône. Consentez-vous à le laisser à votre sœur ?

  • Oui, je ne saurai qu’en faire, monsieur.
  • Mais… tenta d’intervenir Romain Guédar.
  • Voulez-vous vraiment mettre cet enfant sur le trône ? gronda immédiatement le général. Sa Majesté a prouvé qu’elle serait une bonne souveraine. Souhaitez-vous prendre le risque d’y placer son frère ? »

L’homme réfléchit puis jeta un regard aux autres pour connaître leur avis. Voyant qu’ils semblaient tous d’accord avec le général, il rejoignit leur décision. Et s’il advenait qu’elle fût mauvaise, il se ferait un plaisir de le rappeler à tous.

« Vous devriez aller visiter le palais, Votre Altesse, lui conseilla Zorian, nous allons finir ici.

  • Puis-je sortir librement ? demanda-t-il sur un ton docile.
  • Sélène va vous accompagner, mais vous êtes à présent libre d’aller où vous voulez. Peu importe que l’on vous voie désormais. Nous ferons une annonce ce soir au palais. »

Il s’inclina légèrement face au conseil, adressa un sourire à sa sœur et sortit, Sélène sur ses talons.

Dès qu’ils furent dans le couloir, il se retourna vers elle pour lui demander la raison de la présence de Cassian.

« Je n’en ai aucune idée ! Je suis aussi surprise que vous, répondit-elle tandis qu’une théorie naissait dans son esprit. Pensez-vous qu’elle puisse s’être… entichée de lui ?

  • Ils sont amis depuis l’enfance mais… »

Il prit une mine boudeuse et lui fit signe de le suivre, partant en direction de la bibliothèque. L’air soucieux, Kaldrys avançait sans vraiment regarder où il allait.

« Est-ce si grave ? l’interrogea Sélène.

  • Je suppose que non.
  • Mais ? le poussa-t-elle à poursuivre, percevant que quelque chose le dérangeait.
  • Cassian a toujours voulu le trône. Je détesterai que son intérêt pour elle ne soit que le résultat de son ambition.
  • Vous devriez en parler à votre sœur dans ce cas, pour la mettre en garde. Vous ne semblez guère apprécier Cassian, n’est-ce pas ?
  • Je l’aurai davantage apprécié s’il n’avait pas manqué d’audace lorsque je lui ai demandé ce qu’il ferait du trône si Khiara l’épousait. Il a vaillamment soutenu la même idée que les autres.
  • Mais il sait désormais que votre sœur ne va plus gouverner en tant que régente, mais en tant que reine. Et pourtant, il est toujours là, lui fit remarquer Sélène.
  • Certes, soupira-t-il, mais la place à côté de Khiara reste celle d’un souverain.
  • Cela vous dérangerait-il que ce soit Cassian ?
  • C’est quelqu’un de bien, malgré tout. Et s’il a des sentiments pour ma sœur, alors je ne m’y opposerai pas.
  • Amour et royauté sont deux choses qui vont rarement ensemble, non ? »

Kaldrys lui adressa un sourire complice, puis lui ouvrit la porte de la bibliothèque. Alors qu’ils entraient, ils tombèrent nez à nez avec Thaniel qui le regarda sans vraiment être certain de ce qu’il voyait. Il s’inclina rapidement, reconnaissant le visage de sa souveraine, sans avoir la certitude que c’était elle.

Kaldrys et Sélène échangèrent un regard : aucun des deux ne sut comment réagir face au valet. Le prince avait bien tenté de trouver les mots pour lui parler lorsqu’il était dans sa chambre, mais rien de suffisamment correct ne lui était venu à l’esprit.

Après une profonde inspiration, il osa tout de même se lancer :

« Cela doit te paraître fort étrange, mais il y a une explication à tes interrogations » dit-il en accompagnant ses mots d’un sourire.

Il l’invita à s’asseoir, et fit signe à Sélène de faire de même. Il vit que Thaniel sommait la jeune femme du regard de lui expliquer la situation. Dès lors qu’il commença à la lui dévoiler, le visage du valet prit un air grave. Il se sentit tout d’abord un peu trahi, comme indigne de la confiance de sa souveraine puis comprenant l’importance de son secret se ravisa silencieusement. Mais ce que Kaldrys ne lui avait pas encore dit risqué fortement de le bouleverser.

« Tout le royaume sera bientôt au courant de mon existence, poursuivit Kaldrys, mais je suis ravi d’être tombé sur toi pour te le dire en premier.

  • Pourquoi moi spécifiquement, Votre Altesse ? »

Le regard du prince se dirigea sur Sélène qui lui fit un signe d’encouragement. Elle aussi était certaine que Thaniel ne dirait jamais rien, et l’imprudence ne lui paraissait pas en être une. Ils savaient pouvoir lui faire confiance.

« Je vais te mettre dans la confidence parce que j’ai foi en toi, reprit Kaldrys. Ces quatre dernières années, j’ai remplacé ma sœur. »

Tout sembla enfin clair pour Thaniel : cette sensation de familiarité qu’il ressentait en le regardant, en l’écoutant, l’expression de ses yeux bleus. S’il ne réagit pas pendant plusieurs secondes, il s’amusa bien vite de la prouesse du prince.

« Pendant tout ce temps ? Et personne ne vous a démasqué ? rit-il en le revoyant terriblement agacé lors du bal.

  • J’ai eu de l’aide, fit Kaldrys en adressant un sourire à Sélène.
  • Mais oui ! Tu savais depuis le début ! s’enthousiasma-t-il.
  • Non, pas depuis le début, répondit-elle, seulement quand j’ai pris la suite d’Annabelle.
  • Annabelle, elle savait aussi ! Pourquoi n’a-t-elle jamais rien dit ? Cette vipère… »

Ses yeux filèrent d’un trait vers Kaldrys, comprenant qu’elle avait dû avoir de l’emprise sur lui avec ce secret. Il se rappela ensuite les pièces d’or trouvé dans la chambre de l’ancienne femme de chambre. Et s’il se questionna sur sa mort, il n’en dit pas un mot.

« Je vous remercie de me l’avoir dit, Votre Altesse. Je pensais que je vous indifférais quelque peu et que vous faisiez bonne figure pour ne pas me blesser, mais… puis-je me vanter d’avoir votre affection ?

  • Tu peux, fit Kaldrys, radieux.
  • Peut-être pourrait-il s’occuper de vous ? proposa Sélène après un instant.
  • Je suis valet de pied, pas valet de chambre, rétorqua tristement Thaniel.
  • Et alors ? Je n’avais jamais été au service de quelqu’un avant Son Altesse ! Tu peux très bien apprendre comme je l’ai fait, c’est un excellent professeur.
  • Eh bien, si Son Altesse veut bien de moi, j’en serai enchanté.
  • Ce sera avec plaisir ! Tu as déjà ma confiance, ce qui est un atout pour ce travail » répondit l’intéressé.

Sélène remarqua que les deux hommes partageaient la même joie ; elle sentit Kaldrys soulagé, et Thaniel rayonnait de bonheur. Elle ne douta pas que ce secret révélé, leur relation venait de se consolider. Et finalement, la solitude promise à Kaldrys en reprenant son identité s’en retrouva chassée.

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