Prologue
La nuit était tombée depuis longtemps sur Oahu. La pluie déferlait sur l'île. Certaines silhouettes étaient trempées jusqu'aux os. L'une d'elles se tenait devant le petit portail en fer d'une maison. Éclairée par le faible halo d'un lampadaire, cette silhouette se révélait être une femme avec sa valise. Cette femme, c'était moi, Rébecca Devalois. Cette maison était la mienne. Un endroit dans lequel je n'étais pas entrée depuis beaucoup trop longtemps à mon goût. Je sortis mon trousseau de clés pour y insérer la bonne. La porte s'ouvrit dans un grincement. Une fois à l'intérieur, je jetais un coup d'œil dans toutes les pièces. Rien n'avait changé, tout était exactement identique à la dernière fois. Je finis par me déchausser et monter les marches de l'escalier en bois deux par deux pour prendre une douche avant d'aller me coucher. Dans la salle de bain, j'enlevais mes vêtements mouillés. Je regardais le reflet que me renvoyait le miroir. Les cicatrices, le teint blanchâtre, la maigreur de mon corps. Je ne me reconnaissais pas. Je fuyais ce reflet qui m'était étranger. J'entrais dans la douche, j'actionnais l'eau chaude, je me savonnais puis me rinçais. La chaleur de l'eau sur mon corps endolori par toutes ces heures d'avion me faisait du bien. Mais rapidement, le bien-être fut rattrapé par les mauvais souvenirs, le passé. Je revoyais leurs corps sans vie. Je fermais les paupières à m'en faire mal, espérant chasser cette tempête le plus loin possible. Je me ressaisis. L'eau était froide. J'étais encore plus frigorifiée que lorsque j'étais arrivée. Toute tremblante, j'éteignis l'eau et sortis de la douche pour m'emmitoufler dans une grande serviette pourpre. J'enfilais un pyjama trouvé dans le dressing de mon ancienne chambre. Depuis que j'étais sortie du coma, je ressassais sans cesse le passé. Je pris un somnifère que le médecin de l'hôpital m'avait prescrit pour que je puisse dormir. Sans ça, les ténèbres surgissaient dans mes rêves pour me faire vivre un enfer. Je m'allongeais dans le lit, éteignis la lumière et fermais les yeux. Je sombrais dans les bras de Morphée.
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