Chapitre 4: L’espoir qui partait petit à petit en fumée.

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Yanz et Marianna se trouvaient désormais devant une ville en flamme, encerclée et envahie par les zombies: Viennes venait ainsi de tomber face au fléau qui ravageait l'Europe. Cependant, ce n'était pas le cas de ses habitants dont nombre d'entre eux étaient encore en vie, tentant de résister à la mort venue les chercher. De là où ils étaient, ils pouvaient entendre les cris de terreur et de souffrance, raisonner jusqu'à eux. Yanz qui était parti de chez lui dans l'espoir de survivre se trouva un nouveau but en cet instant. Il se précipita alors en direction de la ville, laissant la succube derrière lui.

 

Leur pacte la forçait à le suivre, mais celle-ci n'ayant eu aucun contact physique réel, elle titubait comme s'il elle était ivre. La diablesse tenta de plaquer au sol le jeune noble, mais celle-ci s'écorcha en tombant. Il se stoppa alors de lui-même dans sa course, se retrouvant blessé au genou sans en trouver la raison.


Yanz se retourna et aperçut la succube à terre. En la regardant de la tête aux pieds, c'est avec inquiétude qu'il comprit que c'était à cause d'elle qu'il était avait mal et saignait. S'il avait vu juste, il devait à tout prix protéger la diablesse, et cela alors qu'il la détester. Si elle mourait, il en subirait les mêmes conséquences. N'ayant plus le choix, il aida à se relever, mais restait déconcerté par la situation.


- On peut savoir ce qu'il t'arrive ?

- Je t'avais prévenu, non ? Tu dois t'occuper de ta Marianna sinon elle va être pas bien ! Tu m'as pas écouté ?

- Si, mais je croyais que tu parlais uniquement de tes besoins charnels, vu que tu ne penses qu'à ça.

- Mais c'est normal ! C'est comme ça que ça se nourrit et que ça s'apprivoise les Marianna. Sinon elles finissent toutes tristes et toutes molles.

- Et comment tu veux que j'arrange ça ? Je nous vois mal faire des choses ici et maintenant.

- Tu sais ça ne sera pas aussi efficace, mais on peut faire autrement pour l'instant.


Marianna ne laissa pas le temps au jeune homme de se préparer à ce qui suivit. Elle l'empoigna par sa chemise et l'embrassa fougueusement. La diablesse avait pris les mains d’Yanz, posant l'une sur ses seins et l'autre sur ses fesses. Le bretteur ne comprit pas ce qui lui arrivait. Plus le baiser se prolongeait, plus il sentait ses forces être aspirées. Après plusieurs minutes, et biens qu'il commençait à se laisser enivrer par la chaleur du corps de la succube ainsi que la douceur sucrée de ses lèvres, il finit tout de même par la repousser. La situation lui paraissait bien différente de la dernière fois où elle l'avait embrassé. Cette fois, les pouvoirs de la démone semblaient sans effet sur lui, et cela il avait commencé à s'en rendre compte dès qu'il eut passé son pacte avec Marianna. Il n'avait donc plus à craindre les charmes de la diablesse, mais devait quand même rester sur ses gardes.


Le jeune homme reprit ensuite son objectif de secourir les gens de la ville, et fonçait droit à travers les zombies lui bloquant le chemin. En compagnie de la démone, Yanz put constater toute l'horreur du carnage: d'innombrables corps inertes tapissaient les rues de la ville, le sang couvrant presque la totalité du sol à ses pieds. C'était un spectacle, des plus écœurants pour Yanz, que de voir autant de cadavres d'enfants, de femmes et d'hommes, lesquels étaient soit démembrés ou soit partiellement dévorés. Tous avaient cependant un point commun: on leur avait à tous tranché la tête, pour les empêcher de se relever, et grossir les rangs des morts-vivants.


Lorsque Yanz et Marianna atteignirent la porte est, ils purent voir que tous les habitants, qui avaient survécu, se pressaient tous autour de chariots de transport que l'on avait fait préparer, afin d'évacuer la ville. Le but était très simple: emmener un maximum de personnes le plus rapidement possible loin des zombies. Cependant, Yanz remarqua que quelque chose n'allait pas du tout. II y avait à peine assez de véhicules pour moins de la moitié des survivants, mais en plus chacun était occupé par des gardes qui en profitaient pour fuir la cité à la place de ceux qu'ils auraient dû protéger, allant même jusqu'à tuer les civils qui tentaient de se joindre à eux.


- Mais quelle bande de lâches. Décidément, l'égoïsme que provoque l'instinct de survie chez les hommes, cela les rendra donc toujours froids et cruels les uns envers les autres.

- Je ne vois pas ce que tu trouves amusant à ça!

- Mais si c'est drôle, car tu dis que Marianna monstrueuse par ce qu'elle à des petites ailes et une queue. Mais si Marianna si méchante que ça, comment tu les appellerais eux ? Moi je veux juste des câlins toute nue avec toi. Est-ce si vilain que ça ?


Yanz était complètement stupéfait par les propos de la succube. Elle qui parlait et gloussait régulièrement comme une idiote, s'exprimait comme une adolescente en chaleur et immature. Comment pouvait-elle être si perspicace dans son analyse ? Il le voyait bien, lui, que ses valeurs venaient de basculer en un instant, que les grands héros de ses livres qu'il admirait tant se comportaient comme des monstres égoïstes. Alors que les soldats fuyaient, certains essayaient tout de même de faire leur devoir jusqu'au bout, et cela enrageait davantage le jeune homme.


Puis soudainement, ce fut la panique. Les quelques gardes de la ville encore en vie furent débordés, démembrés et massacrés par les morts-vivants, leurs sangs volant dans le ciel puis retombant au sol telle la pluie. Bien que les zombies se rapprochaient lentement, la terreur qu'ils inspiraient fit se précipiter les survivants pour ouvrir la porte, qui avait été refermée pour empêcher ceux à l’extérieur d'entrer à leur tour.


Yanz voulut les dissuader d'agir dans la peur, mais ce fut trop tard, car les habitants se précipitèrent hors des murs. Pris de panique, ils avaient choisi sans réfléchir de tenter leur chance à pied, et de passer à travers les zombies, qui encerclaient la ville, puis se firent impitoyablement dévorer les uns après les autres. Il ne put que les regarder être massacrer. Quand ils sortirent à leur tour, ce fut pour se retrouver devant des corps déchiquetés.


Tandis que Yanz et Marianna suivaient la route qui partait de la porte, en direction du Nord-Est, tout en franchissant péniblement la marée de cadavres animés, Yanz aperçu alors une famille composée d'un couple et deux enfants en bas âge, encerclés par des morts-vivants. Le jeune homme voulait absolument une bonne nouvelle dans cette journée sombre et morbide. Il était si absorbé par cette idée, qu'il ne faisait plus attention à rien y compris à la diablesse qui s'amusa à lui voler sa dague sans qu'il ne le remarque. En voyant avec quelle facilité elle avait réussi son coup, Marianna comprit que le jeune homme ne faisait plus du tout attention à elle. Cela risquait de le mettre en danger, et elle aussi par la même occasion. Alors que Yanz s’apprêtait à voler au secours de cette famille sur le point de se faire dévorer, la succube enroula sa queue autour du jeune homme, et la serra pour l'immobiliser.


Yanz se sentit alors prisonnier sans comprendre pourquoi, ne pouvant que regarder le couple et les deux enfants se faire dévorer, devant ses yeux et sans pouvoir les aider. Sachant qu'il ne pourrait pas faire face seul à tant de zombies, elle l'avait empêché de se jeter dans la mêlée. Mais Yanz, lui, ne le voyait pas ainsi et se tourna furieux vers Marianna.


- Toi! Tu vas payer pour ton geste! Tu n'aurais jamais dû essayer de m'arrêter!

- Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je viens de te sauver la vie! T'aurais pas pu aider ces gens, tu serais juste mort comme un idiot, et ta Marianna aussi.

- C'est faux! Et puis, en quoi cela te concerne?

- Je n'ai aucun intérêt à te laisser mourir. Les Marianna c'est fait pour les câlins et pour réconforter, mais ça peut protéger si c'est nécessaire.


Bien que Yanz soit toujours furieux après la démone, il dut cependant faire des zombies sa priorité, car ceux-ci se faisaient de plus en plus proches. Leur dispute bruyante les avait attirés vers eux. Mais à la grande surprise du jeune homme, ce fut une succube revigorée par leurs quelques minutes d'intimité qui chargea droit sur les morts-vivants. Griffes sorties et allongées par l'énergie démoniaque, la diablesse les planta dans les crânes de ses adversaires pour les percer. Elle élimina tous les ennemis avec une telle force et une telle vitesse que Yanz en resta bouche bée.


En la voyant se battre, Yanz comprit qu'il avait raison quand il pensait la démone plus dangereuse que ne le laissait imaginer son apparence et sa voix. Mais au moins, elle le faisait pour lui et non contre lui. Cependant, après plusieurs minutes, la succube tomba à court d'énergie, et le jeune homme dût voler à son secours. Il dut la porter sur son dos, celle-ci s'étant endormie de fatigue. Yanz partit directement en direction de Nord-Est dans l'espoir de rejoindre ceux qui avaient fui la ville.


En suivant son chemin, Yanz remarqua plusieurs fois que certains des chariots s'étaient renversés sur la route, bien trop chargés pour rouler droit une fois lancer à pleine vitesse. Il s'aperçut aussi malheureusement que les passagers étaient soit morts dans les accidents, soit dévorés et achevés par des zombies. Aucun survivant sur le chemin, ce qui déprimait fortement Yanz. Cependant, la piste indiquait que les fugitifs du massacre se dirigeaient vers la ville de Presburg. Yanz choisit de suivre cette piste tout en éliminant les morts-vivant sur son chemin, profitant d'une Marianna réveillée pour avoir les mains libre. Mais, malgré qu'il ait relâché sa fureur sur ses ennemis, il ne se sentait pas mieux pour autant. Assis au sol pour se reposer, il avait la tête dans ses bras, et finit par craquer en fondant en larme. La succube l'observa un instant, puis comprit que c'était l'occasion pour elle d'obtenir un moment de tendresse avec lui. Elle s'agenouilla dans son dos et l'enlaça pour le réconforter.


- On peut savoir à quoi tu joues ?

- Bas tu es tout triste donc je fais ce qu'il faut pour aider. Ça te plait pas ?

- Tu crois vraiment que c'est la solution ? Il ne me reste plus rien, même plus l'envie de continuer.

- Mais c'est faux. Toi avoir plus de chance que les autres.

- De la chance ? Quelle chance ? Ma famille est morte, je n'ai plus de foyer, plus de rêve et d'objectif à atteindre. En plus, j'ai plus la garantie de voir mon âme bénéficier du moindre salut.

- Bas eux ils devront affronter seuls leurs avenirs. Alors que toi, t'as une Marianna pour veiller sur toi et te réconforter.Tout ce que tu as à faire en contrepartie, c'est bien t'en occuper. Ça pourrait être pire non ?


Yanz se retourna tout en la laissant continuer son étreinte, puis la regarda avec les yeux vide et humide. Il savait qu'il avait plus besoin d'elle qu'il ne l'aurait imaginé. Mais il craignait la suite des événements. Lui qui se refusait d'aider la succube à avoir ce qu'elle voulait, il ne pourrait plus y échapper s'il souhaitait que celle-ci reste en vie, et ait la force de se battre si nécessaire. Seuls le lieu et le moment où il devrait passer à l'acte lui étaient inconnus.

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