En l’espace de quelques centaines d’années terriennes les déchets nucléaires étaient devenus le principal problème des autorités sur les cinq continents. L’industrie en produisait d’importantes quantités bien qu’un effort ait été fait pour optimiser les centrales et améliorer les rendements. Nul ne savait comment gérer les masses gigantesques de matières radioactives qui s’amoncelaient depuis le début de l’aire nucléaire dans de vastes entrepôts disséminés à travers la planète. C’était la demi-vie très importante de ces déchets qui posait problème car il fallait inspecter et réparer les installations de conditionnement ou de stockage pour prévenir les fuites de matériau toxique. Et personne ne voyait la fin de ce travail couteux et dangereux. Certains partis politiques contestataires parlaient de fardeau technologique et plaidaient pour une plus grande vigilance avec les déchets. Certaines sectes, heureusement peu influentes, allaient jusqu’à prêcher l’abandon de l’énergie atomique sans pour autant savoir comment fournir l’humanité en énergie.

Mack reposa son mini-écran sur la table. Il venait d’achever un article sur la politique nucléaire. Il préparait son diplôme de manager des mouvements d’opinion de masse et son sujet portait sur la gestion politico-économique des déchets nucléaires. Son pote Janus lui avait bien dit que c’était un sujet casse-gueule mais sur le moment il avait foncé. Un sujet aussi débattu, aussi discuté depuis des centaines d’années était le défi qu’il attendait. S’il réussissait à en faire une analyse neuve il crèverait le plafond et c’était la garantie de décrocher un bon poste et d’avoir l’existence confortable de cadre manager d’opinion. En attendant il allait en baver car on ne synthétise s plusieurs centaines d’années de littérature sans souffrir. Il avait parfois l’impression qu’il lui faudrait deux ou trois vies pour lire et s’imprégner de toute cette connaissance. Dans ces moments son courage vacillait un peu, il devait le reconnaître. La douce sonnerie d’appel entrant retentit au moment ou Mack commençait un article sur l’évolution de la perception socioreligieuse de l’énergie atomique en Afrique sub-saharienne durant le 23ème siècle après Jésus Christ. C’était Janus. Son visage reflétait une certaine excitation.

- Salutations Mack, j’espère que tu avances sur ta thèse.

- Salutations Janus ! J’avance doucement. Tu as l'air énervé, que se passe-t-il ?

Janus lâcha la nouvelle avec un plaisir visible.

- Si tu poses cette question c’est que tu n’as pas suivi l’actualité ! C’est officiel depuis une heure au moins, on a la preuve qu’il existe un univers parallèle ! Une équipe de recherche internationale a réussi à ouvrir une brèche dans l’espace-temps et…

Malgré sa stupeur, Mack ne put s’empêcher de sourire de l'émotion de Janus. Il était tellement excité qu’il en bégayait et que ses mains tremblaient. Ces étudiants en physique quantique étaient parfois si émotifs…